Bertrand Le Meur: « Le renouveau de la compétition de puissance » (01/07/24)

Signe de l’intérêt et de la variété de notre programmation, nous avons vu 20% de nouveaux participants au diner-débat de juillet qui nous a rassemblé autour de l’Ingénieur Général de l’Armement bertrand le meur.

 

Celui-ci est intervenu sur le thème du renouveau de la compétition de puissance, problématique qu’il suit particulièrement au sein de la DGRIS - Direction générale des relations internationales et de la stratégie du Ministère des Armées.

Bertrand est reparti de la définition proposée en 1963 par le Général Beaufre considérant que « la stratégie est une dialectique des volontés employant la force pour résoudre leur conflit ». Il nous a démontré comment la mondialisation « heureuse », espérée par les Occidentaux grâce au développement de réseaux de mutualisations et d’interdépendances entre les pays, a obscurci leurs yeux sur la volonté de puissance d’autres Etats.

En effet, ces derniers cherchent aujourd’hui plutôt à contester les grands équilibres mondiaux mis en place depuis 1945, y compris par un recours enhardi à la force armée et à la guerre hybride (cyber notamment), afin d’y tester la détermination de leurs adversaires.

Bertrand a souligné notamment que pour les démocraties qui manifestent une aversion au risque de pertes humaines, le coût d’une intervention militaire pèse davantage pour celui qui définit une ligne rouge que pour celui qui tente de la franchir, d'autant plus que l'effet des sanctions économiques s'amenuisent avec le temps, par la mise en place de solutions de contournement.

Dans ce contexte, les doutes sur la capacité des Etats-Unis, aujourd’hui focalisés sur le Pacifique, à s’investir durablement pour la défense de l’Europe, produisent des effets déjà visibles sur l’OTAN et nos partenaires européens, déclenchant chez certains un « réflexe de survie » par des achats massifs de matériels militaires américains.

Pour autant, Bertrand nous a confirmé que la France bénéficie d’une position particulière sur la scène internationale grâce à la crédibilité de sa dissuasion nucléaire qui nous conduit à maintenir une réflexion stratégique de haut niveau reconnue par nos partenaires, notamment américains, et qui rend cette réflexion stratégique elle-même crédible.

 

Un compte-rendu plus détaillé sera prochainement disponible ici.