Réchauffement climatique - Une affaire entre la Nature et l'Homme

Un nouveau livre sur le climat ? Oui, mais sans effet médiatique comme beaucoup d'autres plus à la mode actuelle. Michel Vieillefosse, ingénieur en chef de l'armement, qui en est  l'auteur, est un pionnier de l'auscultation de la Terre par satellite. Au CNES, il a établi les premières cartographies des variations thermiques de la Terre mesurées depuis l'espace.  Longtemps associé aux programmes de la NASA et de l'agence spatiale russe, il possède une compétence certaine de ce domaine.

Pourquoi le taux du tant décrié CO2 dans l'atmosphère a-t-il augmenté autant en 2020 alors que la crise sanitaire de la Covid a conduit à l'arrêt d'un quart des usines de la Terre et  que les automobiles sont restées au garage pendant le plus fort du confinement quasiment mondial ? Ce constat ne met-il pas en cause l'effet de la concentration en CO2 dans  l'atmosphère comme seule explication du réchauffement ?

Après un rappel des conditions de l'équilibre thermique de la Terre, Michel Vieillefosse rappelle que la Terre ne peut se refroidir de l'énergie reçue du soleil ou de la chaleur créée en  interne que par le rayonnement infrarouge. Limiter le réchauffement passe autant par la limitation de la chaleur créée que par le transfert de cette chaleur vers l'espace. « L'effet de  serre », cheval de bataille du GIEC, n'est pas une approche appropriée pour décrire les phénomènes constatés. La Terre ne se comporte pas comme une serre, car le transfert de la  chaleur vers l'espace est plus efficace que dans une serre où la chaleur est bloquée par le plafond de la serre. Le phénomène d'évaporation, essentiel pour réguler la température, y  est aussi très différent.

L'auteur analyse quelques-uns des autres paramètres qui influent aussi sur la hausse des températures. La concentration en méthane, gaz à effet de serre important est  certainement l'un des premiers d'entre eux. Largement répandu dans l'atmosphère notamment à cause des fuites constatées sur les hauts lieux de production de gaz (une dizaine  de sites bien répertoriés au monde), sa contribution est importante et plus facile à réduire que celle du CO2. Il cite aussi l'influence des fluctuations de l'activité solaire, la  régulation complexe des échanges thermiques par l'ozone en interaction avec les rayonnements ultraviolets, le rôle de l'Arctique qui se comporte en climatiseur de la Terre. Il  souligne l'effet de l'activité humaine et notamment l'urbanisation généralisée, qui augmente l'absorption de la chaleur solaire, les sols bétonnés de couleur sombre retenant plus la  chaleur. Enfin il s'inquiète de la déforestation accrue (Brésil), la transpiration des plantes et des arbres étant le poumon de l'atmosphère.

Loin d'être pessimiste, l'auteur nous invite à bien cerner les véritables causes du réchauffement et plaide pour orienter les efforts écologiques de façon efficace en laissant les  batailles stériles sur de faux sujets qui ont un impact plus médiatique.

Un livre très intéressant à lire pour celui qui veut avoir des idées objectives sur l'écologie au moment où s'ouvre en France un nouveau quinquennat qui sera marqué par  l'écologie. Un livre court, mais dense, qui nécessite une véritable culture d'ingénieur, car les notions évoquées nécessitent une bonne culture scientifique, notamment en  thermodynamique, mécanique des fluides et chimie.

Daniel Jouan