MISSION COHÉSION NATIONALE
L’EFFORT DES UNITÉS DE L’EMA EN SOUTIEN DE L’ÉDUCATION À LA DÉFENSE
En dépit de la couverture médiatique des sujets liés à la guerre en Ukraine et au Proche-Orient, de récents baromètres dépeignent une jeunesse démunie face à la complexité des enjeux de défense. Les armées sont pleinement engagées en soutien du ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse pour fournir aux élèves des clés de compréhension, condition sine qua non du renforcement de la cohésion nationale.
Creuset essentiel de la formation des futurs citoyens, l’éducation nationale est aux avant-postes pour forger l’esprit de défense auprès de la jeunesse scolarisée. D’autant que l’enseignement de défense a été rendu obligatoire depuis la loi de suspension du service militaire de 1997.
Parallèlement, le chef d’état-major des armées (CEMA) a voulu que le premier des trois axes de sa stratégie militaire générale soit la cohésion nationale. Elle constitue en effet le « fondement de la résilience » et « contribue directement aux forces morales des armées ». Émerge alors une nécessité commune : édifier des citoyens responsables et conscients des enjeux de défense. A cette fin, de nombreux ponts ont été posés ces dernières années entre nos armées et l’éducation nationale, rehaussant par la même le niveau d’intégration des armées dans la société.
Aujourd’hui pleinement opérationnelles, tant au plan national que local, ces connexions entre les deux institutions comportent deux voies essentielles. La première est la formation des professeurs à l’enseignement de défense, relais indispensable pour toucher l’ensemble des 13 millions d’élèves. La deuxième est la consolidation des dispositifs partenariaux portés par l’effort des unités opérationnelles, levier pour permettre aux jeunes élèves d’entrer en contact direct avec nos soldats et véritable facilitateur de leur acculturation.
Les Classes de défense coloration Cyber sont une déclinaison des classes de défense, avec un projet axé sur les thématiques Cyber. Une première classe de BTS a été créée à la Réunion, en partenariat avec la DIRISI (Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information), modèle répliqué récemment avec une classe STI2D de lycée technologique à Dinan et une unité du COMCYBER. Les projets, qui s’axent autour des problématiques numériques, d’intelligence économique, de sûreté et de souveraineté informatique, peuvent s’appuyer sur les nombreuses ressources pédagogiques de l’ANSSI (Agence Nationale de la sûreté des systèmes d’information) et surtout sur le concours lycéen Pass Ton Hack D’abord, organisé depuis deux ans par le COMCYBER et la DGESCO. %F%
Former les professeurs
Face à la disproportion entre les milliers d’établissements scolaires et les moyens contraints des armées, l’évidence de devoir cibler le haut du spectre de l’éducation nationale s’est rapidement imposée. La formation initiale et continue du corps enseignant ainsi que celle des formateurs sont autant de leviers pour y parvenir. Ainsi, dans le sillage d’un premier séminaire national des INSPE, organisé entre autre par l’EMA en juin 2022, la problématique du soutien des armées à la formation de professeurs sur les sujets d’enseignement de défense a été prise à bras le corps par les officiers généraux de zones de défense dans une démarche interarmées. De nombreuses rencontres et interventions dans les INSPE sont depuis conduites partout en France. Cela répond à une attente des formateurs, en demande de ressources et d’interventions face à un climat géopolitique qui s’est complexifié. Ainsi, dans ce cadre, le prochain webinaire national sera organisé autour de la question suivante : « Comment accompagner les enseignants et développer leurs connaissances face à l’actualité géopolitique qui s’impose en classe (conflits armés, attentats...) ? ». En complément, un séminaire a réuni en février 2024 plus de 120 inspecteurs et formateurs sur une thématique à laquelle ils sont confrontés de manière de plus en plus prégnante, celle de l’information et de la désinformation.
Pour aller plus loin dans le soutien aux professeurs, l’EMA a contribué à la réalisation de ressources pédagogiques. Une vingtaine de fiches pédagogiques ont été réalisées par les armées, directions et services en lien étroit avec l’inspection générale de l’éducation du sport et de la recherche, pour être mises à disposition des professeurs. Ces ressources sur des thématiques comme celle du cyberespace ou encore de l’industrie de défense permettent d’appuyer les professeurs dans la construction de leurs enseignements. D’autres leviers sont encore à l’étude pour soutenir les professeurs, notamment l’accueil de professeurs dans la réserve opérationnelle, au sein même des unités.
Ce soutien à un enseignement de défense intermédié par les professeurs se révèle efficace mais nécessite une ressource rare et spécialisée et se heurte encore parfois à des résistances. De-même, et malgré toute la qualité que nous pouvons prêter au corps enseignant, aucun cours ne pourra avoir la portée d’une rencontre entre un élève et un soldat, pour ce qui est de comprendre la réalité militaire.
Rien ne remplacera le contact entre un élève et un soldat
Le second pilier des actions menées dans ce cadre est ainsi constitué par l’ensemble des dispositifs jeunesse développés conjointement et qui permettent d’immerger un élève dans un environnement militaire. Ces dispositifs, très encadrés, sont pilotés essentiellement par le trinôme académique, entité locale regroupant le rectorat, l’association régionale des auditeurs de l’IHEDN, ainsi que la délégation militaire départementale, et dont l’objectif est de promouvoir l’enseignement de défense.
Les trinômes organisent notamment les rallyes citoyens qui rassemblent plusieurs centaines d’élèves autour d’ateliers présentés par des unités opérationnelles. Les cadets de la défense également, depuis 2007 ou les Escadrilles Air Jeunesse plus récemment permettent à des élèves d’établissements scolaires partenaires de découvrir sur plusieurs journées le quotidien des soldats et aviateurs.
« L’ENJEU EST AUJOURD’HUI DE PASSER DE LA QUANTITÉ D’ÉLÈVES TOUCHÉS À UN CIBLAGE PLUS PRÉCIS DES JEUNES CONCERNÉS. »
Le dispositif phare est aujourd’hui la classe de défense, construite à l’initiative d’une équipe de professeur, autour d’un projet disciplinaire d’éducation à la défense concrétisée grâce à un partenariat avec une unité militaire. Piloté par la Direction du Service Nationale et de la Jeunesse, ce dispositif a connu un succès fulgurant grâce à l’implication formidable des unités et le soutien de la chaîne interarmées. Avec plus de 700 classes et 20 000 élèves, l’enjeu est aujourd’hui de passer de la quantité d’élèves touchés à un ciblage plus précis des jeunes concernés, en appairant notamment des classes de lycées professionnels dont l’enseignement correspond avec la spécialité de l’unité marraine. Les Classes de défense coloration Cyber en plein développement aujourd’hui avec les unités du COMCYBER, correspondent parfaitement à ce défi. La Marine Nationale, par le biais de son protocole signé en 2019 avec l’éducation nationale, avait déjà mis en place des dispositifs comme les classes à enjeux maritimes, permettant d’encourager les voies scientifiques, notamment chez les jeunes filles.
Tous ces dispositifs renforcent ainsi la qualité de l’enseignement de défense, dispensé en classe par les professeurs et donc in fine la compréhension des enjeux de défense.
Malgré le volontarisme exemplaire des unités, nous estimons ne pouvoir toucher que 10 à 20 % d’une classe d’âge chaque année, toujours du fait de l’asymétrie entre les effectifs des deux ministères. À l’effort des armées devra s’adjoindre l’effort de toutes les composantes de la nation pour parachever l’effort d’instruction des jeunes générations. Car la Défense nationale n’est pas que militaire mais bien globale. C’est à cette condition seulement que nous consoliderons la cohésion nationale.
Frédéric Barbry, GBR
Frédéric Barbry, Général de brigade Saint-Cyrien, le général Barbry a servi dans plusieurs unités de l’Aviation légère de l’armée de Terre, notamment au 1er RHC qu’il a commandé de 2012 à 2014 et à la tête duquel il a été projeté durant l’opération Serval 1. Il a commandé la 4ème brigade d’aérocombat de 2021 à 2023, avant de rejoindre la toute nouvelle division cohésion nationale à l’état-major des armées.
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