En mars 2020, nous avons vécu un séisme mondial, une totale sidération à travers toute la planète. Victime d’un virus encore mal connu et mal appréhendé, l’ensemble du trafic aérien mondial s’est mis en pause. Les transports, les voyages et le commerce internationaux se sont interrompus pour une période longue et qui n’est pas terminée.

Le trafic aérien mondial est aujourd’hui revenu au niveau de 2011 et est encore en retrait d’environ 30% en nombre de vols par rapport en 2019, et de plus de 60% en Europe, zone géographique la plus touchée.

Face à cette crise, inédite et d’une brutalité sans précédent, le GIFAS s’est ainsi immédiatement mobilisé dès mars 2020 et sans relâche. Mise en place d’une task force de gestion de crise

Le GIFAS a très rapidement constitué une task force de gestion de crise réunissant un représentant exécutif de chacun des grands groupes (Airbus, Dassault Aviation, Safran et Thales), les présidents du GEAD (Groupe des Equipements Aéronautiques et de Défense) et du Comité Aéro-PME, ainsi que le Délégué Général du GIFAS.

Cette task force a travaillé en étroite association avec le gouvernement pour la mise au point de mesures qui ont débouché sur le plan de soutien à la filière aéronautique annoncé le 9 juin 2020, puis sur le plan France Relance annoncé le 3 septembre 2020.

Je saisis cette occasion, au nom du GIFAS, pour saluer encore une fois la mobilisation exceptionnelle du gouvernement, et l’ensemble des mesures prises dès le début de la crise pour assurer la survie de l’ensemble de l’économie et celle des entreprises : chômage partiel, Activité Partielle de Longue Durée, Prêts Garantis par l’Etat, report de charges…

Des réunions de travail très utiles ont également eu lieu avec les Régions qui ont notamment débouché sur la mise en place de représentants du GIFAS dans les treize régions métropolitaines.

Les principaux domaines d’intervention de la task force.

La task force a identifié les mesures immédiates et de survie sur le court terme, ainsi que les conditions pour se préparer aux échéances du futur : une reprise des cadences, le lancement des démonstrateurs de technologies nouvelles, précurseurs des développements du futur, et ceci dans un contexte d’exigences croissantes en termes de compétitivité et de respect de l’environnement.

Actions en faveur de la trésorerie des entreprises et de gestion des stocks

Des mesures spécifiques ont été mises en œuvre pour la filière aéronautique afin d’alléger la trésorerie des entreprises du poids des stocks liés aux réductions brutales de cadence de production. Ces dispositions font appel à une extension du PGE pour la filière Aéronautique, plus connue sous le nom de PGE Aéro, qui permet de financer des excédents de stocks de pièces, soit directement aux fournisseurs de ces pièces, soit à une plateforme de rachat ou de portage de ces stocks.

Mise en place d’un fonds d’investissement d’urgence

Une analyse des criticités et des fragilités de la filière aéronautique a été effectuée à partir de recueil d’informations des donneurs d’ordres, puis d’enquêtes directes auprès de PME et d’ETI de la filière. Cette démarche a permis la création d’un fonds d’investissement d’urgence en faveur de l’aéronautique, lancé en juillet 2020.

Doté de 630 millions d’euros à l’origine, il est géré par ACE Aéro Partenaires, du groupe Tikehau Capital. A sa mise en place, les quatre grands industriels, Airbus, Dassault Aviation, Safran et Thales ont conjointement financé le fonds à hauteur de 200 millions d’euros. Tikehau Capital a investi sur ses fonds propres 230 millions d’euros et de son côté, l’Etat a contribué à hauteur de 150 millions d’euros via Bpifrance, qui injecte en propre 50 millions. Se sont depuis joints IPECA et le Crédit Agricole. L’objectif est une levée de fonds totale d’un milliard d’euros.

Le fonds servira, notamment, à renforcer les fonds propres des PME et ETI stratégiques pour la filière et à accompagner la consolidation du secteur en s’appuyant sur les études de la task force GIFAS.

Elaboration d’une charte renforçant les principes de la relation « client-fournisseur »

Une charte définissant les principes d’une bonne relation « client-fournisseur » au sein de la filière a été signée par les quatre donneurs d’ordres principaux et les représentants des équipementiers et des PME. Elle définit les engagements réciproques de chacun à œuvrer ensemble pour renforcer la prise en compte d’une offre France durablement compétitive sur le territoire national, dans le respect du droit de la concurrence, assurer la pérennité et la compétitivité de la filière aéronautique française, assurer des relations contractuelles équilibrées dans la filière, mobiliser et engager l’intégralité de la filière dans des objectifs communs de réduction de l’empreinte carbone de l’aéronautique et renforcer les relations au sein de la filière par un dialogue constructif et des outils adaptés en favorisant le recours à la médiation.

Mesures d’accompagnement à la modernisation

Le GIFAS a travaillé avec le gouvernement pour la mise en place d’un fonds de soutien à la modernisation de la filière. Ce fonds, géré par la DGE avec le support de Bpifrance, est doté d’une enveloppe de 300 millions d’euros sur trois ans, dédiés au soutien à la modernisation, à la diversification et au « verdissement » des procédés de la filière. Combiné au programme Industrie du Futur du GIFAS, c’est également une opportunité pour accélérer le déploiement des outils filière de Boost Aerospace, source d’un gain important en efficacité collective. L’objectif de ce dispositif est de rendre les PME et ETI de la filière plus résilientes et robustes pour faire face aux enjeux de redémarrage en sortie de crise.

Préparation de l’avenir

Enfin, en parallèle à ces mesures, il convient de rappeler que le GIFAS s’est résolument engagé avec le gouvernement et ses partenaires du CORAC (Conseil pour la Recherche Aéronautique Civile) dans la préparation de l’avenir. Les travaux conduisant à un aéronef décarboné, digital et connecté à l’horizon 2035 ont été inscrits dans une feuille de route technologique refondue. Le gouvernement, dans le cadre du plan de soutien à l’aéronautique, a annoncé une forte augmentation de l’effort budgétaire consacré à la recherche à hauteur de 1,5 milliard d’euros de 2020 à 2022. Les acteurs du CORAC veillent à entraîner dans cette ambition inédite l’ensemble de la supply chain aéronautique française dans une démarche d’innovation partagée.

La task force GIFAS est donc en action depuis plus d’un an et continue encore aujourd’hui à œuvrer au bénéfice de l’industrie aéronautique. Elle marque clairement l’ambition du GIFAS à soutenir la filière en étant un acteur à part entière de la gestion de crise et de la préparation de sortie de crise.

La crise de la Covid est profonde et durable. Il y a des signes d’espoir et le temps de la reprise arrivera. La filière aéronautique française sera au rendez-vous !

Pierre Bourlot, délégué général du GIFAS Pierre Bourlot, GCAA, Délégué Général du GIFAS. Ancien élève de l’Ecole de l’Air, il a été Adjoint « Air » au Chef de l’état-major particulier du Président de la République, puis Sous-chef d’état-major « Relations internationales » de l’état-major des armées, et ensuite, Secrétaire général adjoint du SGDSN (Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale).