Quand je fus sollicité par mon maire pour figurer sur sa liste pour les élections municipales de 2008, je n’imaginais pas l’intensité et la richesse des activités d’un élu municipal.

J’ai découvert une équipe soudée, dynamique et une activité de tous les instants dans des domaines variés, parfois insolites, toujours à proximité de la population.

Mon maire ne m’avait-il pas prévenu quand il m’avait proposé de rejoindre son équipe : « Quand tu seras élu, pour aller acheter ton pain, au lieu de dix minutes tu mettras une heure! ». Il avait raison, il faut accepter d’être sollicité par ses concitoyens : une fois élus, nous sommes à leur service. Quand je participais à la conception de nos futurs SNLE, je me sentais aussi au service de mes concitoyens … mais c’était plus lointain !

Parmi mes responsabilités, celle de maire-adjoint chargé de la sécurité m’amène à présider les commissions communales de sécurité. Je m’appuie sur l’avis du pompier préventionniste du Service départemental d’incendie et de sécurité (SDIS), qui est le « sachant ». Il arrive qu’on doive prendre la décision de fermeture de l’établissement.

J’ai aussi le souvenir d’un réveil à 3 heures du matin pour une grosse fuite sur une canalisation de 600mm qui se répand dans la rue et inonde des maisons, dont il faut reloger les habitants en urgence, ou d’un appel des pompiers, là aussi en pleine nuit, pour autoriser l’enlèvement d’un corps dans mes responsabilités d’officier de police judiciaire.

J’ai aussi vécu plusieurs appels pour des suicides. Une personne s’est jetée sur la voie au passage d’un train ; il faut accompagner les pompiers et la police nationale qui recherchent les papiers du défunt pour l’identifier. Ça n’en est que plus difficile quand on retrouve le carnet de correspondance d’un jeune adolescent dans son sac à dos traîné par le train à plus de cent mètres du corps.

Présider les commissions communales d’accessibilité est plus simple, avec des réunions apaisées depuis qu’une élue d’opposition a été convaincue que le maximum est fait dans un contexte de contrainte budgétaire et parfois d’impossibilité physique due à la géographie des lieux d’une commune au relief marqué, avec une voirie souvent étroite.

Il y a aussi le plaisir de participer à la sainte Barbe des pompiers avec les traditionnels discours sur le dévouement et les remises de décorations, ainsi qu’aux cérémonies patriotiques, avec des porte-drapeaux particulièrement dévoués présents quel que soit le temps malgré leurs 80 ans. Des cérémonies de ravivage de la flamme à l’Arc de Triomphe avec des classes d’enfants de Viroflay et l’accompagnement de classes au mémorial de Caen ou au Chemin des Dames permettent de développer le sens civique chez nos jeunes têtes blondes.

Une proximité étroite avec l’équipe de la police municipale est entretenue par des réunions hebdomadaires et par l’accompagnement régulier de patrouilles de soirée de la police municipale jusqu’à deux heures du matin, créant une estime mutuelle.

La célébration d’un mariage, est un moment fort et joyeux que nous personnalisons en rencontrant pendant une à deux heures les futurs mariés dans les 15 jours précédant la cérémonie pour qu’ils nous parlent d’eux et de leur projet, permettant de faire un discours très personnalisé.

Personnellement, j’ai eu le bonheur de marier un de mes fils. C’est une grande émotion et une grande joie d’être avec son écharpe tricolore devant son fils et sa future belle-fille qui échangent leurs consentements.

Les réunions du conseil municipal sont des moments très formels, avec des oppositions parfois constructives, parfois ne recherchant que le blocage, dans un jeu de rôle prédéterminé.

Gérant les appels d’offre avec des procédures moins structurées qu’à la DGA, la Commissions d’appels d’offre statue sur des sujets aussi variés que la nourriture dans les cantines, le contrôle annuel des bouches à incendie de la ville ou l’assurance des véhicules propriété de la commune.

Il convient aussi de s’intéresser aux activités de la responsabilité de ses collègues : le social ; les commerces ; la culture avec la présence à des vernissages ; les sports en assistant à quelques manifestations sportives ; le scolaire, avec un moment fort quand le visage des petits élèves se tournent admiratifs vers le maire et ses adjoints qui font le tour de toutes les classes de la ville le jour de la rentrée ; l’urbanisme en participant à la réunion mensuelle de l’attribution des permis de construire, avec la gestion compliquée de l’avis de l’architecte des bâtiments de France dont les décisions sont parfois surprenantes ; l’aménagement de l’espace public et la voirie avec des réunions publiques pour expliquer le futur réaménagement d’une rue ou d’un quartier ; et en transverse : les finances et la communication.

L’élaboration d’un plan local d’urbanisme (PLU), et les décisions de la commission d’urbanisme, qui analyse chaque permis de construire, modèlent la ville pour les 50 ans à venir.

Une ville vit dans un environnement plus large, la communauté d’agglomération a la responsabilité de l’assainissement et de l’enlèvement des ordures, le département s’occupe du social et des collèges, la région des transports. Enfin une ville participe à plusieurs syndicats intercommunaux, Syctom, Sipperec, Sigeif.

Comité du syndicat des eaux d’ile France présidé par André Santini

Personnellement, je représente Viroflay au Syndicat des eaux d’Ile de France, le Sedif, présidé par André Santini (voir article sur l’Académie de l’eau dans le mag 122). J’y ai vécu la saga de l’attribution d’un contrat de 4,3 Md€ pour alimenter 4 millions de franciliens des 133 communes membres du Sedif. Mon expérience d’ingénieur de l’armement fut utile pour jauger les deux offres et savoir pour qui voter dans ce combat entre deux mastodontes, exacerbé par des fuites involontaires qui firent craindre la réduction à néant du travail d’analyse préparé par les permanents du Sedif, organisme investi par nos camarades Ipef. Veolia délégataire depuis la création du Sedif il y a cent ans fut finalement retenu de préférence à Suez.

Les comités trimestriels du Sedif sont l’occasion de côtoyer le président de la commission des affaires étrangères du Sénat assis dans un fauteuil voisin du mien et de lui remettre en main propre un exemplaire du magazine CAIA.

Une vie politique locale

Expression de la démocratie, présider un bureau de vote est un moment convivial quoique solennel, on voit passer tous les habitants du quartier dans une ambiance généralement bon enfant, puis en fin de soirée on compte les bulletins avec les scrutateurs et assesseurs, avec la fierté d’obtenir quasi systématiquement pour notre modeste commune de Viroflay la Marianne d’or départementale, voire nationale du plus grand pourcentage de votants !

Lors des élections municipales, la campagne électorale se déroule avec des tractages à l’entrée des marchés, aux gares les matins de semaine et du boîtage dans son quartier.

Étant grands électeurs, les élus municipaux sont l’objet de toutes les attentions des candidats aux sénatoriales à l’approche de ces élections qui ont lieu tous les six ans.

En conclusion, la vie d’élu municipal n’est pas vraiment un long fleuve tranquille… mais on a le sentiment d’être utile à ses concitoyens !

Louis Le Pivain, IGA, Maire-adjoint à Viroflay

Louis a commencé sa carrière durant 8 ans à DCN Lorient, puis a enchaîné des postes atypiques : Arabie Saoudite puis au Canada, directeur au SGDSN, président de la section carrières. Il a ensuite été président de Raidco Marine de 2006 à 2018, tout en étant conseiller du commerce extérieur. Il est membre de l’Académie de Marine, vice -président du GICAN, et maire-adjoint à Viroflay, délégué à la sécurité et aux bâtiments communaux, correspondant défense, président du comité du Souvenir Français, président du comité SMLH.