CONSULTANT INTERNE À TOULOUSE
Le conseil et l’audit ont souvent mauvaise presse. Appliqués en interne à l’administration, ils peuvent apporter une vue transversale et un recul introuvables autrement : c’est la leçon du stage d’un jeune IA en administration territoriale.
J’ai eu la chance de travailler pendant quelques mois dans la Direction Audit et Conseil en Organisation (DACO) au sein de Toulouse Métropole. Cette collectivité réunit 13 000 agents et 300 métiers – l’équivalent d’une DGA ? – J’aimerais ici vous convaincre – si vous ne l’êtes pas déjà – de l’intérêt de posséder une direction d’audit et de conseil au sein de son organisation.
La DACO est principalement saisie par le Directeur Général des Services (DGS), afin de mener une étude sur l’organisation d’une direction ou d’un service. Faisant partie de l’administration et ayant fait ses preuves, la direction a progressivement perdu le côté « bœuf-carottes » et gagné en réputation pour améliorer le fonctionnement des directions et in fine le service public. Sans naïveté, la DACO intervient principalement sur des dysfonctionnements ciblés pour leur poids politique ou leurs défauts flagrants.
Être en interne signifie aussi intégrer plus facilement aux études réalisées l’histoire de la collectivité, les interactions entre directions et l’impact des jeux d’acteurs. Une administration publique est moins préoccupée de sa rentabilité que si elle venait du domaine privé. Deux conséquences pour la DACO : la première est de rendre un travail au service de l’organisation. Pour grossir le trait, un cabinet est d’abord intéressé à la performance de son entreprise et pour cela doit satisfaire son client direct, là où la DACO travaille à la performance de la métropole. La seconde, liée, est de fournir un travail adaptable à chaque situation, en un temps restreint.
Une étude dure 3 à 4 mois, est menée par au moins deux consultants, dizaines d’entretiens individuels ou collectifs et peuvent réaliser un benchmarking d’autres collectivités. Il en résulte une trentaine de pages de diagnostic (constats et analyses) associées à une trentaine de recommandations pour améliorer la situation. Restituées devant le DGS, des arbitrages sont ensuite demandés et un plan d’action est finalement mis en place.
Tous les sujets ne peuvent cependant pas être internalisés : la direction appel à un cabinet de conseil lorsqu’un conflit d’intérêt existe, que le sujet est trop technique ou encore que la charge n’est pas absorbable par les consultants internes. Dans ce cas, la DACO réalise un suivi exigeant.
Une vision transversale
Lors de mon expérience, j’ai été frappé par la transversalité de la direction. Grâce à cette position dans la collectivité, j’ai pu avoir en quelques mois une vision de la collectivité que certains agents n’ont pas, même après plusieurs années. Cela a été fondamental dans mon travail. J’étais chef d’un projet qui faisait suite à une restructuration de la métropole de Toulouse qui consistait en une territorialisation (et donc un mouvement) de certains services. Le but du projet était d’analyser les dysfonctionnements liés et d’y apporter une réponse. J’ai observé que la direction savait prendre du recul face aux tactiques de certains directeurs généraux et décryptait également les volontés « cachées » de certaines demandes. J’ai trouvé que la DACO était ainsi la seule entité à analyser la qualité du fonctionnement des directions et du service public.
A dupliquer ?
Je sors donc de mon stage à la métropole de Toulouse l’intérêt d’une direction interne en audit et conseil dans une administration. Elle participe à l’assainissement de la structure avec un recul et une profondeur d’analyse bien utiles à toute modernisation.
Bien évidemment, l’objectif premier de cette immersion a été la connaissance de la collectivité, des enjeux et des acteurs de cet environnement particulier et éloigné de l’État. Avec du recul, je crois que ce savoir est primordial pour compléter notre formation de haut-fonctionnaire et comprendre le fonctionnement de l’administration publique dans son ensemble.
De cet apprentissage m’est venue une interrogation sur la décentralisation : la continuité administrative et le dialogue sont-ils suffisants entre collectivités territoriales et Etat pour mener à bien un projet ambitieux et cohérent au niveau national ?
Passionné par la défense, il étudie la mécanique des fluides (nucléaire et aéronautique) l’amenant à Supaéro après l’X. Il s’intéresse aux rouages de l’administration publique comme à la technicité des programmes d’armement. Après sa formation du corps technique, il rejoindra les Essais en Vol à Cazaux.
Aucun commentaire
Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.