« DRONES D’ANIMAUX »
POUR UNE « DRONE DE GUERRE » ?
Chats espions, chiens de guerre, singes, mulets, dauphins poseurs de mines, requins espions, rapaces anti-drones, puces infectées par la peste, tiques infectées de la fièvre aphteuse, moustiques infectés par la fièvre jaune, doryphores « décimeurs » des cultures de pommes de terre, chauves-souris incendiaires, pigeons guideurs de missiles, rats , coléoptères, libellules... Tel est le bestiaire des animaux qui ont pu être utilisés plus ou moins comme des drones militaires. Encore faudrait-il s’interroger sur les virus résultats de manipulations malheureuses de laboratoire... Si certains cas font froid dans le dos, d’autres cas sont édifiants...
Voici quelques exemples de « dronisation » de vrais animaux mais aussi de drones inspirés d’animaux par biomimétisme.
A la fin de la seconde guerre mondiale, les Américains souhaitaient « optimiser » leurs bombardements aériens massifs sur le Japon. Ils estimèrent pouvoir faire plus de dégâts avec des chauves-souris plutôt qu’avec des bombes incendiaires ! En effet, les habitations japonaises étaient pour la plupart en bois. Des chauves-souris furent équipées d’une petite charge incendiaire à retardement et acclimatées au froid. Des cases étaient disposées en cercle et empilées dans un corps de bombe. Lors de la chute de la bombe, un parachute permettait de déployer le chapelet de cases et les chauves-souris, réchauffées lors de la descente en sortaient et allaient se réfugier sous les toits des habitations où les charges incendiaires se déclenchaient. Élevages et équipements furent mis au point mais, d’une part un incendie accidentel retarda le programme et d’autre part la bombe nucléaire conduisit à l’abandon du programme.
on ne manque pas d’imagination pour dissimuler des drones...
Toujours durant la seconde guerre mondiale, les Américains mirent au point un missile antinavire guidé par un pigeon ! Des pigeons étaient dressés à picorer des graines sur des silhouettes de navires japonais. Dès que le pigeon avait acquis le réflexe de picorer à la vue d’une silhouette de navire, il était installé à l’avant d’un missile où étaient disposés trois petits hublots. Un léger tapotement sur le hublot déclenchait la commande de gouvernes. L’apparition du navire dans les hublots provoquait le picorement du pigeon et donc une navigation terminale du missile sur le navire. Des prototypes furent testés mais, là encore, la fin de la guerre ne permit pas le développement complet du programme.
Dans les années 60, les Américains équipèrent des chats avec des microphones sous la peau et une antenne dans la queue pour espionner le Kremlin. Le premier chat relâché dans un parc pour y espionner deux hommes fut hélas écrasé par une voiture... Le programme des chats espions aurait coûté 20 millions de dollars et fut abandonné en 1967.
Pour ceux qui ont pu voir le remarquable film « Eye in the Sky » réalisé en 2015, on y découvre des drones « insectisés » futuristes, un oiseau et un coléoptère. Le drone en forme d’oiseau est une copie directe du prototype Hummingbird Nano-UAV développé par Aerovironment pour la DARPA en 2011. La réalité a sans doute rejoint la fiction aujourd’hui pour les coléoptères...
Un drone colibri... On se souvient aussi de la présentation au salon du Bourget du drone libellule en 2017. https://youtu.be/oGv14YH3IYI
SilMach, une PME de Besançon a travaillé sur le développement d’une technologie de micromoteurs de quelques millimètres carrés, baptisée PowerMems. Elle est soutenue par la DGA pour développer sa technologie de micromoteurs pour des applications tant militaires que civiles. Le défi lancé par le ministère des armées est de réaliser des drones miniatures de 300 milligrammes maximum, capables de voler 10 minutes et embarquant une caméra et le système de transmission. Ce projet prend la forme d’un drone libellule dont le micromoteur de quelques milligrammes est capable de faire battre les ailes du drone avec la vitesse, l’amplitude et la fréquence souhaitée.
Mais pourquoi utiliser une énergie précieuse pour assurer le vol d’un drone ? Des chercheurs se sont donc orientés aussi vers la « dronisation » d’insectes vivants.
Des chercheurs ont ainsi fixé un sac à dos sur un coléoptère, un Mecynorrhina torquata, avec un micro-contrôleur, un émetteur-récepteur sans fil ainsi que six électrodes reliées aux lobes optiques et aux muscles sclérites axillaires dont l’insecte se sert en vol pour manœuvrer. Tout cela, pesant 1,5 grammes, est alimenté par une batterie en lithium-ion de 3,9 volts et a pour but de transformer l’insecte en drone vivant. En effet, grâce aux impulsions électriques générées, on est en mesure de contrôler l’insecte aussi facilement que l’on contrôle un hélicoptère en plastique avec son téléphone. Pas sûr que l’insecte soit super heureux de ces impulsions électriques à chaque virage. Usage militaire en vue sans doute ...
Idem pour le projet DragonflEye développé par Draper, une société américaine d’ingénierie avec le Howard Hugues Medical Institute (HHMI). Il s’agit ici d’une libellule dont les neurones moteurs sont directement stimulés par la lumière.
Pour le singe, le projet « Paisley Print » devait permettre à l’Air Force d’envoyer des singes équipés de caméras, ou transportant des explosifs ou des fournitures, en territoire ennemi où les humains ne pourraient pas entrer en toute sécurité afin de mener des contre-mesures offensives. Bien que le singe réussisse sur le parcours largement sans obstacle de Wright-Patterson, il est peu probable qu’un gilet télécommandé l’emporte sur les instincts du singe dans une véritable situation de combat.
Pour les rapaces, mentionnons que dans les Landes, des militaires dressent des aigles pour neutraliser les drones.
L’Armée de l’air utilise des rapaces pour neutraliser des mini-drones malveillants
Un faux requin contrôlé à distance se meut en agitant sa nageoire caudale comme un vrai poisson et sa nageoire dorsale a de quoi effrayer lorsqu’elle émerge à la surface de l’eau. Le rôle du «Ghost Swimmer », développé dans le cadre du Projet « Silent Nemo » est de participer à l’exploration des usages possibles d’un appareil biométrique par le bureau de recherche de la Navy, par exemple identifier des mines sous-marines et autres appareils aquatiques.
Quant au chat, au rat et à l’oiseau empaillés et transformés en drones volants, les armées n’en ont pas encore compris l’intérêt, moi non plus d’ailleurs... Quoique... Cela pourrait distraire l’ennemi, le faire rire et donc atténuer sa vigilance...
Xavier Lebacq, IGA, consultant Xavier Lebacq a effectué une grande partie de sa carrière à la DGA dans une large palette de métiers, dont celui de directeur de programme du PA CDG. Après avoir supervisé les études du second porteavions, il s’attela au démantèlement du Clémenceau puis de tous les matériels militaires avant de quitter l’administration en 2010.
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