Hommage aux militaires français du Mali
C’est très modestement que j’écris ces quelques lignes pour nos camarades tombés en opération.
Lundi 25 novembre 2019, 18h38, dans le silence de la nuit malienne, treize de nos camarades viennent de donner leurs vies. Ils avaient entre 22 et 43 ans et servaient la France loin de nos frontières.
Suivront plusieurs cérémonies d’hommage que les Français ne connaissent que trop bien.
Loin de pouvoir imaginer la douleur des familles, souvenons-nous que ce sacrifice nous oblige. Nous oblige, loin du tumulte des opérations extérieures, à faire tout ce qui est possible (et à imaginer ce qui ne l’est pas encore) pour donner l’avantage à nos camarades.
Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, souvenons-nous que nos camarades projetés en opération extérieure ne sont pas des hommes de guerre. Parce qu’ils l’ont connue, ils sont des hommes de paix. Parce qu’ils aiment notre pays et son armée, ils sont prêts à donner leurs vies pour que nous vivions libres et en paix ici en Europe.
Vivre libre et en paix : c’est bien l’enjeu de cette opération. Du Liptako au Gourma, nos camarades empêchent des groupes tels que l’Etat Islamique au Grand Sahara ou la Katiba Macina de s’implanter durablement dans ce qui pourrait devenir une base arrière terroriste à quelques heures de notre pays.
Projeté sur le mandat 10 de l’opération Barkhane, ma présence a conduit à de nombreuses discussions avec nos camarades des forces. Je tiens à partager l’une d’entre elles. J’ai souvent entendu parler de notre mission d’« équiper les forces ».
Ce terme ne serait-il pas restrictif ? Sommes-nous un simple fournisseur de matériel ? Notre travail ne va-t-il pas bien au-delà ?
Nous mettons en place des capacités, garantissons une cohérence d’ensemble de notre système de défense et trouvons des solutions techniques à des problèmes complexes.
Que le besoin spécifié soit couvert, que le matériel réponde à l’ensemble des exigences, notre mission ne peut être considérée comme pleinement remplie que si la capacité opérationnelle visée est atteinte.
Il ne peut y avoir de victoires ou de défaites individuelles dans les programmes d’armements. Nous gagnons et perdons nécessairement ensemble (EMA/DGA/Industrie). Peu importe les causes, peu importe les responsables. Nous gagnons et perdons ensemble parce qu’à chaque fois que l’un de nos camarades tombe, c’est un enfant de France qui a donné sa vie.
N’oublions pas que plus « qu’équiper les forces », nous sommes solidaires des forces, et en tant que militaires, nous sommes aussi les forces.
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