LE TRANSPORT EN 2050 : UN ESSAIM DE ROBOTS ?
Que sera le transport en 2050 ? La voiture, si chère (dans tous les sens du terme) à bon nombre d’entre nous, a-t-elle un avenir sur des routes de plus en plus encombrées dans des cités de plus en plus polluées ? Le transport collectif constitue-t-il la seule option à terme, signant peu à peu la fin de notre liberté en matière de mobilité individuelle ? il est toujours un peu osé de tenter de prédire ce que la plupart des lecteurs vivront dans quelques décennies mais il n’est certainement pas interdit de rêver …
Un matin de mai 2054 …
Je viens de finir mon café. L’esprit encore un peu embrumé par une nuit un peu courte, j’appelle ma Regeot 2057 et me dirige vers le garage. Deux minutes plus tard, elle arrive, rutilante … Elle est encore allée se faire laver comme le trahissent les quelques gouttes qui frémissent sur son capot ! Elle prend finalement beaucoup soin d’elle vu qu’elle sort d’une révision générale du mois dernier. Peu m’importe, tout ceci est inclus dans le forfait mensuel de l’opérateur de transport dont j’ai récemment changé (avec portabilité du véhicule, bien sûr) !
La porte s’ouvre et je m’installe confortablement dans l’intérieur qui a été personnalisé à mon goût : grand écran pour internet, télévision, media center et vidéoconférence … Il fait encore un peu frais de bon matin, l’habitacle est déjà chauffé, tant mieux !
Question fatidique, la voix suave de ma Regeot me demande où aller : « au boulot, comme d’habitude ! » lui dis-je d’un ton distrait. Elle se lance alors dans un calcul en liaison avec le serveur central qui connaît non seulement la position exacte de tous les véhicules du réseau mais aussi leurs destinations. Elle me propose alors trois options : 22, 17 ou 12 mn pour rejoindre le Balargone depuis Fontainebleau où je me suis installé. La première option est comprise dans mon forfait, donc gratuite … J’opte pour la seconde à 5 euros car, comme toujours, je suis un peu en retard !
C’est parti ! Tel un électron sur un réseau informatique, ma Regeot s’arrache de mon garage et accélère progressivement pour rejoindre le rail rapide RR6 à partir du réseau capillaire de ma banlieue un peu éloignée.
Tout est automatique, je n’ai rien à faire si ce n’est de contempler le paysage de ce beau matin de printemps brumisé par la rosée. En bon ingénieur, je ne me lasse pas d’admirer la précision du système : tant au niveau des mécanismes d’aiguillage du monorail que du positionnement quasi parfait des véhicules qui circulent à moins d’un mètre les uns des autres malgré leur vitesse élevée. Le système s’améliore d’année en année, on peut désormais assurer un degré de sûreté de fonctionnement tel que l’insertion d’un nouveau véhicule dans le flux peut s’effectuer sur un « slot » d’une longueur supérieure de 2 m seulement à celle du véhicule. A la suite du grand carambolage de novembre 2046, le système a été totalement reconçu et malgré l’existence de centaines de systèmes analogues dans le monde, le concept d’accident de voiture est en voie de disparition.
J’aime beaucoup ma Regeot 2057 pour son silence et sa suspension : bien sûr, elle n’a plus de moteur comme toutes les autres voitures, puisque la propulsion électromagnétique est opérée par les rails, mais les bruits aérodynamiques y sont remarquablement bien filtrés.
Je profite des quelques minutes de transport pour faire mon vidéocourrier et contacter deux de mes collaborateurs, eux aussi en route, pour discuter d’un contrat délicat avec Thalbus.
Puis je repense à mon weekend à Toulon, c’était tout de même bien d’y retrouver mes parents et d’aller conduire un peu, comme au bon vieux temps, sur le circuit du Castellet. Au prix que ça coûte, j’aurais bien tort de m’en priver (j’ai 5 trajets « longue distance Europe » inclus dans mon forfait). Depuis que l’interconnexion VGV est faite, je peux profiter du confort de ma Regeot en porte à porte et je commence à avoir du mal à trouver des films suffisamment courts pour les visionner en entier pendant l’aller-retour !
Par contre, je trouve que le tube en plexiglas du monorail RR7VGV est de plus en plus sale ! Autant je comprends qu’il faille y créer un vide relatif pour permettre des vitesses supersoniques, autant je trouve un peu mesquin de ne pas activer le robot nettoyeur externe au moins une fois par semaine ; ceci dit, il est vrai qu’à près de mach 2, on ne distingue pas grandchose du paysage !
Au moins, en ville, on n’a pas ce problème de tube ! D’ailleurs, je viens d’arriver au-dessus du périphérique, devenu piste cyclable et piétonne. Les parisiens adorent le vélo électrique (quand il ne pleut pas …). Tel un essaim de robots, des dizaines de voitures comme la mienne filent à grande vitesse sur le monorail, sans pollution sonore ou atmosphérique.
Mince, j’ai oublié de prévenir mon épouse de la livraison des courses : j’ai tout commandé en ligne (tout ou presque parce que je persiste à penser que choisir des fruits avec une webcam n’est pas optimal !) et la voiture livreuse se présentera (sans chauffeur, bien sûr !) dans notre garage à 14 h 05 : a priori, tout est automatique, mais il faut tout de même ranger le frais dans le réfrigérateur (pour combien de temps encore ?). Je la contacte en visio juste avant mon arrivée au Balargone et elle a tout juste le temps de m’informer du passage de la voiture robot jaune de La Poste et du véhicule automatique collectant les déchets.
Je sors ma carte CIMS pour l’introduire dans le lecteur de ma Regeot qui passe de ce fait les contrôles de sécurité sans même s’arrêter : me voilà arrivé, le contrat est rempli, 17 minutes exactement ! Je descends prestement, il ne faut pas encombrer la zone de dépose passagers trop longtemps. Ma Regeot repart seule (à condition, bien sûr que j’aie récupéré ma carte CIMS !). Je me suis toujours demandé où elle allait se garer (encore un mystère du forfait !!!).
L’ascenseur, arrivé à l’étage, émet son caractéristique « Ding » : je suis au bureau …
« Ding », « Ding », je me réveille péniblement … Où suis-je ? Dans le RER B, bloqué depuis plus d’une demi-heure à la station Laplace … Je me suis endormi ! Il faut dire qu’il est 20 h passé et que je ne suis pas encore à destination : pour une raison que même notre conducteur semble ignorer ! Entre les grèves, les problèmes techniques, les suicides, la météo, … les raisons d’un arrêt imprévu ne manquent pas …
« hyperloop », le fantasme d’Elon muskDans le domaine du transport en commun, on se doit de citer la vision du milliardaire sud africain Elon Musk présentée en juillet 2012: Un monorail propulsé à vitesse quasi supersonique dans un tube partiellement sous vide par des moteurs électromagnétiques linéaires. Elon Musk, qui n’en est pas à sa première entreprise réussie avec Paypal, SpaceX ou Tesla motors, a pour ambition de relier Los Angeles à San Francisco en moins de 30 minutes. il vient d’annoncer la construction d’un monorail d’essai long de 8 kilomètres, probablement au Texas qui permettra de tester les premiers prototypes prévus d’ici 3 à 4 ans.
Les premiers croquis d’hyperloop |
La « google car »En ce qui concerne la robotisation des véhicules individuels, la « google car » fait figure de pionnière : depuis qu’ils ont gagné le grand prix annuel DARPA en 2005 (organisme chargé de l’innovation du département de la défense américain), les ingénieurs de Google ont peu à peu amélioré leur prototype. dans une première phase, ils ont bardé quelques véhicules du commerce de capteurs, avec notamment un Lidar qui permettent de reconstruire l’environnement 3d du véhicule en temps réel : en fusionnant ces données locales avec les cartes « Google Map », le véhicule peut circuler seul sur des routes encombrées sans intervention d’un conducteur. Plus d’un million de kilomètres ont ainsi pu être parcourus sans incident majeur. en 2015, une nouvelle phase commence. Le véhicule n’est désormais plus dérivé d’une voiture de série mais construit sur mesure : sans volant ni pédales ... Les législations des états de Californie, Nevada, Floride et Michigan ont été adaptées pour permettre la circulation de ce nouveau prototype sur leurs routes. Google espère une commercialisation entre les années 2017 et 2020 ...
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