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31 janvier 2021

UN IA AU COS
DU STAGE FHM AU BUREAU CAPACITÉ INNOVATIONS

Publié par Nicolas | N° 122 - Les Forces Spéciales

Le mot «qualification» fait partie intégrante du vocabulaire des programmes d’armement. Mais que cela veut-il dire concrètement, en particulier lorsqu’il s’agit des forces spéciales?


Décembre 2011, après trois mois à la Courtine et aux Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan, je rejoins Villacoublay et l’état-major du Commandement des Opérations Spéciales pour la suite de mon stage FHM. Je vais découvrir pendant ces quelques mois l’univers des forces spéciales. J’y arrive finalement un peu par hasard: ce stage est proposé après Coët mais peu de cadres sont capables d’expliquer ce qui se fait au COS. Pour autant ils me le conseillent et je signe.

J’y passerai trois mois marquants qui participeront largement à ma décision de rejoindre le Corps de l’Armement à la sortie de l’X. Outre les personnes exceptionnelles rencontrées, j’ai pu toucher du doigt l’importance d’un matériel de qualité et adapté pour le bon déroulement des opérations. J’ai donc choisi d’intégrer le Corps pour pouvoir, à mon niveau, aider nos camarades sur le terrain à accomplir leurs missions en leur fournissant le matériel le plus adapté à leur besoin.

Les souvenirs de ce premier passage sont nombreux mais une anecdote m’amuse particulièrement: lors de mon brevet para, le commissaire de l’état-major a fait échec aux tractions lors des tests TAP, pour le plus grand plaisir des encadrants de l’ETAP. Plus tard, il s’est vu refuser dans la salle de pause du COS l’accès à une boite de chocolat par un second-maître commando marine au motif de «pas de bras, pas de chocolat».

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Presque 10 ans plus tard, je suis affecté au COS au sein du Bureau Capacité Innovation (BCI), j’y reviens pour apprendre à connaître un univers que je n’avais qu’entraperçu. J’y reviens surtout pour m’imprégner de l’exigence des opérations et mieux percevoir les besoins du terrain. Pour mieux remplir la première mission de la DGA qu’est l’équipement des forces, il me parait pertinent de s’immerger au sein de celles-ci, afin de mieux comprendre les contraintes liées à leur emploi, leur entraînement et leurs doctrines.

En effet, aussi bien lors de la campagne Jeanne d’Arc pendant la FAMIA que lors de mes premiers postes au sein de la DT, j’ai pu voir ou travailler sur des systèmes parfois critiqués par les forces car peu en phase avec les réalités du terrain. Un des exemples qui m’a le plus frappé est la verrière de la passerelle de défense à vue des PHA, qui sert à surveiller à la vue qu’une menace n’est pas en approche. Elle est scindée à environ 1,60-1,70m de haut par une barre métallique, et il faut donc soit être surélevé sur le fauteuil dédié soit s’accroupir pour voir correctement. En réunion, il m’est également arrivé d’être pris au dépourvu par des remarques de la STAT ou d’instructeurs des écoles d’infanterie tout simplement parce que je n’avais pas assez de connaissances pour imager le combat à leur place.

Par ailleurs, pendant cette petite décennie, le COS a beaucoup évolué, notamment pour s’adapter à des adversaires toujours plus endurcis et capables, qui utilisent méthodes et équipements «innovants» (drones, VBIED, brouillages, ...) en boucle courte. Côté équipement la différence est marquante: le BCI est passé de 2 à 8 officiers et les domaines traités sont plus nombreux et mieux segmentés (innovation, mobilité terrestre, optronique – armement, ...). L’état d’esprit du COS sur cette problématique a d’ailleurs évolué: auparavant la préparation opérationnelle était le cœur du succès des opérations, désormais d’autres dimensions sont à pré-sent davantage prises en compte, l’équipement en fait partie.
Pour les FS, la réactivité face à l’adversaire impose de nombreux achats sur étagère mais la spécificité des opérations nécessite également des développements capacitaires pour répondre au mieux au besoin. Pour un IA, un poste au sein du COS permet de voir, tester et faire tester un panel large et varié d’équipements, de la JVN aux différents véhicules terrestres en passant par les systèmes de positionnement de l’ECUME ou le NH90 FS.

Un poste au sein des forces, qui plus est avec une telle variété d’équipements, de milieux et de plateformes est rare. Ce poste au COS permet d’acquérir rapidement une vision plus opérationnelle, certes marquée FS mais en partie transposable aux équipements des unités conventionnelles. Par ailleurs, les nombreux échanges et retours d’expérience avec les opérateurs FS permettent d’appréhender les réelles plus-values ou contraintes apportées par un équipement. Ces échanges peuvent avoir lieu lors d’un débriefing d’un des nombreux exercices organisés dans le cadre de la préparation opérationnelle ou autour d’un café lors d’une visite dans les unités, ce qui permet également de découvrir des personnes vives et humbles.

La DGA et le COS, je t’aime, moi non plus.

Être IA au COS signifie aussi entendre des remarques, plus ou moins sur le ton de l’humour, sur la DGA, sa lenteur et sa complexité. La réactivité si chère aux yeux des FS, fait souvent défaut à la DGA. Pourtant, l’un et l’autre ont à gagner à tisser des liens plus forts.

Le COS se nourrit de la diversité de ses personnels venant des différentes composantes FS, de la conventionnelle ou de l’extérieur, en témoigne d’ailleurs le profil diversifié des réservistes au COS. Le regard d’un IA et sa grille d’analyse mais acculturé aux FS permet d’apporter une prise de recul, en particulier dans le domaine capacitaire où une réflexion sur le temps long reste nécessaire et doit parfois se détacher de l’urgence permanente des opérations. Par exemple, des outils et méthodes de gestion de projet classiques à la DGA permettent de fluidifier le suivi des expérimentations d’équipement au COS. De même, le regard d’un ingénieur peut permettre d’identifier les produits qui ont une plus-value sur le long terme et qui doivent être accompagnés de ceux qui n’ont un intérêt qu’à courte échéance. Pour cela ils ont besoin de l’appui des experts techniques de la DGA pour effectuer ce tri.

La DGA pourrait profiter davantage des nombreuses idées des opérateurs FS et de leur capacité à essayer rapidement les matériels pour en identifier les forces et faiblesses. Par ailleurs, des liens plus forts permettraient de sensibiliser davantage les ingénieurs de la DGA aux réalités du terrain, ce qui permettrait, sans se substituer aux officiers de programme, de faciliter le dialogue et les échanges avec les forces et ainsi faire les meilleurs choix pour eux.

 

    
Nicolas, IA
X2011 - ISAE
2016 : Chargé d’Expertise et d’Evaluation de systèmes de missile à DGA MI
2020 : affectation au COS
 

Auteur

Nicolas
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