BRITISH WAR PRODUCTION
Seul Allié belligérant de septembre 1939 à septembre 1945, le Royaume-Uni a fourni un formidable effort de guerre et ce volume de la monumentale histoire officielle britannique de la Seconde Guerre mondiale constitue une excellente synthèse sur sa production d’armement. Cet ouvrage, écrit en 1952, relate les différentes étapes de la mobilisation technique et industrielle et en analyse les facteurs respectivement de succès et limitants.
Durant les années 1920, le système de défense du Royaume-Uni et de son empire reposait sur une capacité de sanctuarisation de son territoire (Royal Navy), essentiellement héritée de sa production de la décennie précédente, ainsi que sur des forces d’intervention légères, terrestres et aériennes. L’industrie de défense, très réduite, vivotait avec de très faibles commandes.
La situation internationale inquiétante durant les années 1930 amena le gouvernement à entreprendre un réarmement, en commençant par l’aviation, vecteur de puissance et de frappe à distance. À la toute fin des années 1930, les autorités britanniques ont réalisé qu’elles devraient pouvoir apporter une aide plus directe à leurs alliés continentaux, potentiellement soumis à de réelles menaces : le réarmement s’est donc enfin étendu à l’Armée de Terre, afin de la rendre apte à la guerre de haute intensité, mais trop tard pour avoir un effet déterminant sur la campagne du printemps 1940 qui a mis le pays dans une situation des plus périlleuses.
Si, jusqu’à l’été 1940, l’effort a porté sur la construction méthodique de nouvelles capacités optimisées de développement et de production, l’urgence a alors imposé la mobilisation générale des capacités industrielles civiles du pays, d’abord en maximisant la sous-traitance, puis par leur accès direct aux commandes militaires. La montée en puissance de la production était ainsi beaucoup plus rapide puisqu’elle s’appuyait sur des infrastructures et des organisations existantes, en utilisant au mieux le savoir-faire de chaque entité.
L’agilité du tissu industriel britannique a considérablement favorisé cette métamorphose : le pic de la production a suivi de seulement un ou deux ans, selon les secteurs, celui des effectifs industriels (au passage, les énormes gains de productivité dus à l’effet d’apprentissage sont soulignés). Il s’est avéré très rapidement que l’encadrement entrepreneurial était une ressource des plus précieuses à maintenir dans son milieu.
Les facteurs limitants ont été successivement les crédits (en temps de paix), le personnel qualifié et la main d’œuvre. Les matières premières ont été l’objet d’une vigilance constante, notamment entre l’été 1940 et la fin de 1943 ; une politique d’allocation de toutes ces ressources a été rapidement instituée. Le financement de l’investissement industriel a également été un facteur clé : l’État a dû très largement financer l’outillage spécifique pour la production d’armement, le précédent désastreux de la sortie de la Première Guerre mondiale étant présent dans tous les esprits.
Enfin, on doit souligner le caractère déterminant de l’aide américaine, sous la forme de livraison massive de produits civils dans un premier temps (matières premières, produits semi-finis, machines-outils, camions, etc.), puis de matériels spécifiquement militaires comme, à partir de septembre 1940, le transfert en Grande-Bretagne de dizaines de destroyers. Sans oublier le transfert, durant l’été 1940, de centaines de milliers de fusils, de centaines de canons (essentiellement des 75 mm) et des munitions correspondantes issus des stocks US de la Première Guerre mondiale, ce qui a permis de rééquiper en urgence les forces terrestres rescapées de Dunkerque, devant la menace d’invasion. Si les stocks de matériels anciens ne permettent pas de gagner les guerres, ils évitent bien souvent de les perdre, comme l’avait déjà montré durant la Première Guerre mondiale l’utilisation des canons de Bange des années 1880 par l’armée française.
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