ROMAIN CHAMBRE
INTERVIEW DU DIRECTEUR DE CABINET DU MINISTRE DU COMMERCE EXTÉRIEUR
Après 6 ans à la DGA dans des fonctions techniques, Romain a exercé différentes fonctions à la Direction Générale du Trésor durant 7 années. Son dernier poste de sous-directeur à Bercy lui a donné l’opportunité de travailler avec le ministre délégué chargé du Commerce extérieur et son cabinet. Il a pris ses fonctions à l’été 2021.
La CAIA : Romain, tu es aujourd’hui directeur de cabinet du ministre du commerce extérieur : Comment le vis-tu ?
Romain Chambre : J’ai commencé ma mission auprès d’Olivier Becht, ministre délégué chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger, en juillet dernier. Je retire de ces six premiers mois plusieurs enseignements. D’abord, la direction d’un cabinet est une fonction résolument tournée vers l’extérieur. Il faut en permanence écouter, dialoguer, convaincre. C’est une condition nécessaire pour conseiller et mettre en œuvre la feuille de route du ministre. Le cabinet est également une expérience de management inédite. C’est une équipe à part, toujours dans l’action et le mouvement, et qui doit tenir son cap et sa cohésion dans la durée. Un ancien collègue décrivait son expérience en cabinet comme une « descente en toboggan : on accélère en permanence… jusqu’à atteindre sa vitesse d’éjection ». Il a accéléré pendant presque quatre ans ! La métaphore me paraît très juste. Sans surprise, la fonction pèse sur la vie personnelle. Il faut le savoir et s’y être préparé.
Quels sont les ponts, et y contribues-tu particulièrement, entre le commerce extérieur et l’armement ?
RC : Il y a un premier lien évident : la France est le 3e exportateur d’armement et, avec 11,7 Mrd EUR de prise de commandes en 2021, le secteur contribue grandement à la performance de la France à l’export. C’est un secteur qui illustre, en outre, parfaitement le lien entre les enjeux de souveraineté et le commerce extérieur. Ce lien est revenu sur le devant de la scène avec les crises que nous avons traversées, qu’il s’agisse de la crise sanitaire ou de la guerre en Ukraine. D’un côté, le commerce extérieur est un formidable outil pour notre prospérité et notre autonomie stratégique. C’est en partie par notre ouverture au monde que se construit la résilience de notre économie : diversification de nos fournisseurs, sécurisation de nos approvisionnements stratégiques, pérennité économique de certaines filières. De l’autre, certains de nos partenaires n’hésitent pas à se servir du commerce comme d’un moyen de pression, nous conduisant à identifier nos dépendances, nos vulnérabilités et à les traiter. Les enjeux de souveraineté et la donne géopolitique sont centraux dans la conception de nos relations commerciales.
Tu as mené une carrière dynamique en changeant régulièrement de poste. Est-ce que ton expérience à la DGA a été utile et comment concilier cela avec la nécessité d’acquérir un bon niveau d’expertise ?
RC : Mes fonctions à la direction générale du Trésor ont été, dans l’ensemble, éloignées du métier d’architecte que j’avais en quittant la DGA. Pour autant, j’ai été frappé de réaliser à quel point, les fondamentaux acquis durant mes années à la DGA ont été cruciaux pour le reste de mon parcours. Le pragmatisme, la curiosité, la rigueur, outils de base d’un architecte de la DGA se valorisent très facilement lorsqu’il faut évoluer vers d’autres fonctions, qu’il s’agisse, dans mon cas, d’aborder des problématiques aussi éloignées de l’armement que la criminalité financière, les marchés d’assurance ou la politique commerciale. Chaque fonction a évidemment sa spécificité mais ces fondamentaux aident à monter en compétence sur les sujets, y compris lorsque la matière est très technique. L’environnement dans lequel on évolue joue également pour beaucoup. L’exigence, le dynamisme et l’émulation collective que j’ai ressentis tant à la DGA qu’au Trésor en font des lieux particulièrement propices pour s’approprier rapidement les sujets.
Quelles étaient tes motivations initiales, ta passion, et comment as-tu évolué ?
RC : Je me suis engagé dans la vie professionnelle en cherchant à construire un parcours centré sur le service de l’État et la diversité des sujets, tant techniques que politiques, que j’avais eu l’opportunité d’aborder durant mes études. Le corps des ingénieurs de l’armement et la DGA se sont imposés naturellement à la sortie de mes études. Il n’y avait pas de meilleur endroit à mes yeux pour y exercer des fonctions techniques exigeantes, au service de l’action publique et des enjeux de souveraineté. Le reste de mon parcours s’est construit sur ces mêmes fondamentaux. Il faut savoir rester ouvert et curieux. Je me souviens de ce moment où, après six ans à la DGA, je suis entré dans ton bureau pour en apprendre plus sur les opportunités de rayonnement : tu m’as mis en contact avec Thomas Courbe et, deux jours après, je le rencontrais pour échanger sur les opportunités au sein de la direction générale du Trésor… J’y ai passé sept années fabuleuses. J’ai été marqué également par ce conseil donné par un inspecteur de l’armement chargé de conseiller les jeunes IA sur leurs choix de carrière : « prendre du plaisir à chaque étape ». Ça a été le cas pour chacune de mes expériences professionnelles. C’est un conseil simple mais d’une efficacité redoutable.
LA POLITIQUE DE SOUTIEN À L’EXPORT
La politique française de soutien à l’export consiste en des actions d’accompagnement et d’aide au financement des entreprises. Depuis 2014 cette politique, qui relevait auparavant de Bercy, est pilotée par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères. Elle repose sur différents acteurs, publics comme privés, en France et à l’étranger :
- Business France
- Les chambres de commerce et d’industrie (CCI)
- Les régions
- BPI France
- Les ambassadeurs
- La direction générale du Trésor
- Les chambres de commerce et d’industrie françaises à l’international (CCIFI)
- Les conseillers du commerce extérieur (ils sont environ 4500, dont cinq ingénieurs de l’armement, nommés par le Premier ministre)
En 2018 a été adoptée la stratégie de soutien au commerce extérieur, dite « stratégie de Roubaix », avec l’objectif d’accroître sensiblement le nombre d’entreprises exportatrices, notamment parmi les TPE et ETI. Des priorités sectorielles ont ainsi été établies, ainsi qu’une priorité géographique : l’Afrique.
Cette stratégie avait aussi pour objet de rendre l’offre d’accompagnement plus lisible et accessible, avec la création d’un guichet unique, « Team France Export ».
Parmi les nouvelles actions mises en œuvre, on peut citer :
- Le Chèque Relance Export pour aider les PME-ETI à participer à des salons internationaux ;
- Le chèque VIE pour subventionner ce type de recrutement : plus de 1400 ont été octroyés ;
- La création de 3 « e-vitrines » sectorielles (agro-alimentaire, vins et cosmétiques) qui ont permis de recenser 4140 entreprises et de les mettre en relation avec 6230 acheteurs étrangers ;
- La mise en place d’une veille pour les entreprises ne pouvant l’assurer en propre (près de 14 000 abonnés en août 2022).
Des dispositifs existants ont également été renforcés :
- L’assurance-prospection, facilitant le développement international des PME en période de crise, a permis l’accompagnement de 2 464 entreprises depuis novembre 2020 ;
- Le fonds d’études et d’aides au secteur privé (FASEP), qui soutient les exportateurs se positionnant sur les projets d’infrastructures dans les pays émergents, a vu son enveloppe doublée dans le cadre du plan de relance (+ 27,8 M€).
Auteurs
Coach professionnel certifié et accrédité "master practitioner" par l'EMCC.
Fondateur de Blue Work Partners SAS qui propose :<br>
- Formation au leadership
- Coaching de dirigeants
- Accompagnement d'équipes projets
X84, ENSTA, coach certifié IFOD,
Auteur du guide de survie du chef de projet (Dunod 2017).
#coaching #grandsprogrammes #DSI #conseil #startup #leadesrhip
Voir les 56 Voir les autres publications de l’auteur(trice)
Aucun commentaire
Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.