Du design to support au design to service
L’ingénierie du soutien est en pleine métamorphose. On connaissait le design to support, nous allons maintenant pouvoir l’étendre au design to service.
La transformation numérique pousse les équipes à sortir des vieux modèles Fiabilité, Maintenabilité, Disponibilité et Testabilité. L’ILS (Integrated Logistic Support) devient SVEM (SerVice Engineering Management) et cela change considérablement l’approche.
Bien entendu, les basiques sont toujours là et il faudra que l’ingénierie du soutien continue à veiller avant tout à la fiabilité et à la maintenabilité des équipements et systèmes.
Les engagements de disponibilité offrent des modèles de services vertueux pour les utilisateurs et pour les industriels. Ces modèles permettent de garantir les opérations et incitent les industriels à investir pour améliorer les équipements et systèmes. Pour prendre en charge ces engagements, c’est lors des phases de design qu’il faut avant tout agir pour réduire le LCC (Life Cycle Cost). Un premier exemple concerne les obsolescences, les durées de vies des plateformes sont longues et il y a contradiction avec les cycles de vie des composants et technos qui sont de plus en plus courtes. L’emploi de COTS (Components Of The Shelf) permet de réduire les coûts de développement et de production mais génèrent des coûts importants en phase de MCO lorsque les fabricants décident de les abandonner. Le choix d’utiliser des COTS ou de développer en interne devra être arbitré lors des choix de design. De même, il sera important de définir une architecture permettant de dissocier les fonctions pour éviter d’avoir à requalifier l’ensemble de la chaîne lors des phases de traitement des obsolescences. Ceci vaut également pour le software qui devra être maintenu à niveau pour garantir son Maintien en Condition de Sécurité (MCS). Cette évolution du MCO matériel vers le MCO fonctionnel est développée par Pierre Fossier plus loin.
La testabilité est un domaine qui est en pleine mutation avec le test inside. On vise à minimiser les bancs de tests qui entourent les systèmes. Les nouvelles technologies permettent de digitaliser le signal au plus tôt y compris dans le domaine hyperfréquence. Dans ce cadre nos équipements et systèmes électroniques sont devenus de véritables instruments de mesures. L’instrumentation virtuelle est capable de performances de plus en plus élevées et les capacités d’enregistrement permettent de surveiller l’état de santé et l’usage de nos systèmes, ce sont les HUMS (Health and Usage Monitoring Systems). Comme pour les obsolescences l’architecture devra ségréguer les fonctions de testabilité pour permettre des évolutions sans impacter les autres fonctions. On prévoit également d’intégrer des bus dédiés qui permettront d’échanger les données.
Ces données sont au cœur des nouveaux services ; Elles permettront, avec l’aide de traitements Big Data et notamment de l’Intelligence Artificielle, d’améliorer le diagnostic des pannes et même de les prédire (voir plus loin), de faciliter la mise au point des matériels et de réduire les coûts et les délais, d’améliorer les systèmes en utilisant le retex, de former et d’entraîner les opérateurs, ...
Pour développer ces services digitaux, THALES investit sur de nouvelles plate-formes informatiques orientées défense. Ces infrastructures complexes permettent d’acquérir une immense quantité de données, de les ségréguer suivant leur classification, de les analyser tout en garantissant leur intégrité et traçabilité.
Ces plate-formes vont ouvrir de nouvelles possibilités, voire de permettre des applications au service des opérateurs que nous ne soupçonnons même pas aujourd’hui.
Eric Amgar, Directeur technique et Directeur de l'ingénierie du soutien et des services de THALES DMS (Systèmes de Mission de Défense) ainsi que des activités militaires d'AVS (Avionique)
Il a été tour à tour chez Thales : responsable Bureau d'Etudes pour la division Radar et Contre-mesures, responsable du département de développement des visualisations pour la division Avionique, responsable de la mise en place du référentiel technique de la division aéronautique, responsable du développement du radar ENR (European Navy Radar) de l'hélicoptère NH90 pour Thales.
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