LA MODERNISATION DU CORPS DES IA
UNE NÉCESSITÉ POUR SA PÉRENNITÉ, UNE OPPORTUNITÉ POUR LES INGÉNIEURS DE L’ARMEMENT
L’Etat a besoin d’ingénieurs dont la formation scientifique et technique garantit son indépendance de jugement et d’action. Le corps des IA peut et doit répondre à ce besoin. La construction d’un modèle de corps doit ainsi permettre de l’adapter aux évolutions de son temps et de le dimensionner sur le long terme afin que celui-ci soit pérenne, attractif et en mesure de répondre aux défis auxquels l’Etat doit faire face.
Assurer le vivier nécessaire pour gréer les postes de haut niveau
La DGA a un besoin particulier d’ingénieurs lié à ses missions et à leur haute technicité ainsi qu’à la complexité des opérations qu’elle conduit. Le corps des IA, seul grand corps d’ingénieurs de l’Etat ayant conservé une forte dimension technique, a vocation à former l’ossature de pilotage de la DGA. Il est donc indispensable de pouvoir garantir les compétences des IA sur le long terme au travers de la construction de parcours professionnels et de maintenir, dans la durée, un volume de corps suffisant afin de disposer de la capacité à pourvoir les postes de haut niveau tout en permettant un rayonnement du corps.
Sur 889 IA actuellement dans le corps, près de 480 sont en poste à la DGA, 160 au ministère des Armées hors DGA, une trentaine dans les autres ministères, 120 en service détaché et une centaine en congés pour convenances personnelles.
La pyramide des âges du corps des IA est aujourd’hui déséquilibrée, issue de forts recrutements jusqu’au début des années 1990 suivis par des volumes beaucoup plus faibles depuis 20 ans (notamment suite à une désaffection relative pour le corps à la sortie de l’X – plus de 70 places offertes non honorées entre 1998 et 2008). Le volume du corps est ainsi passé de 1461 en 1997 à 1213 en 2006 et 889 actuellement. Ces dernières années, le recrutement annuel a été stabilisé à environ 24 IA (18X + 6 directs non X ou latéraux) afin de contribuer à la déflation d’officiers prévue dans la LPM.
La DGA comporte une centaine de postes de haut niveau, dont près de 90% sont actuellement tenus par des IA. En outre, une trentaine de postes dans le ministère hors DGA et une dizaine dans les autres ministères ou organismes internationaux sont tenus par des IA de haut niveau. Le corps doit donc être dimensionné pour permettre le gréement de ces 130 à 140 postes dans l’administration. Sachant que ces postes ne peuvent être occupés qu’après un parcours interne long – typiquement 20 ans – nécessaire pour asseoir l’ensemble des compétences nécessaires et qu’il est souhaitable, compte tenu du retour d’expérience actuel, de disposer d’un vivier 2 à 3 fois plus important que le nombre de postes à pourvoir, un volume de l’ordre de 300 à 400 IA de plus de 42 ans est nécessaire.
« UN MODÈLE DE TÊTE PERMETTANT D’ASSURER LE GRÉEMENT DE 130 À 140 POSTES DE HAUT NIVEAU DANS L’ADMINISTRATION »
Sur la base d’un comportement de la population identique à celui constaté ces dernières années (mêmes âges et taux de départs à la retraite), le recrutement actuel (24 IA par an) ne permet pas, à moyen terme, au corps des IA d’atteindre le dimensionnement recherché et de remplir sa mission de corps de direction. Les projections conduisent à un volume du corps qui continue à décroître rapidement pour se stabiliser à un niveau insuffisant même en se limitant aux seuls besoins de la DGA : moins de 700 personnes pour l’ensemble du corps dont moins de 250 de plus de 42 ans.
Un corps qui sait s’adapter
L’obtention du vivier nécessaire passe par l’utilisation de plusieurs leviers. Certains sont déjà mis en œuvre ou vont l’être à très court terme (parcours professionnels ; renforcement des compétences managériales ; augmentation des recrutements), d’autres nécessitent une refonte statutaire et de la grille indiciaire et indemnitaire afin de favoriser l’attractivité du corps, la diversification et l’augmentation des recrutements.
Tout d’abord, les recrutements vont être significativement augmentés pour avoir un modèle long terme cohérent avec les missions du corps. En 2018, 28 IA, dont 20X et 4 issus du concours sur titres, seront recrutés. Dès 2019, la cible sera de 32 recrutements annuels, provenant principalement de l’X et complétés autant que de besoin par des directs non X et latéraux. Une telle augmentation n’induira pas une croissance du corps, qui se stabilisera au volume actuel (environ 900 personnes), après un creux inévitable d’ici 15 ans (minimum de l’ordre de 800 IA). Les voies de recrutement seront diversifiées et les recrutements sur titres seront développés. La promotion, dans le corps des IA, des ingénieurs des études et techniques de l’armement les plus à même de faire un parcours de management de haut niveau sera facilitée par un élargissement des voies d’accès. Enfin les contraintes statutaires sur le nombre d’X dans le corps seront allégées, à l’instar des statuts du corps des ingénieurs des Mines et du corps des ingénieurs des Ponts, des eaux et des forêts ; l’objectif est toutefois de conserver un volume majoritaire de recrutements à l’X, ossature du corps des ingénieurs de l’armement, parmi les recrutements directs dans le corps.
« AUGMENTATION ET DIVERSIFICATION DES RECRUTEMENTS ; AMÉLIORATION INDICIAIRE ET INDEMNITAIRE ; REFONTE DE LA POLITIQUE DES PARCOURS PROFESSIONNELS, INCLUANT LA MOBILITÉ EXTERNE ; RENFORCEMENT DES COMPÉTENCES MANAGÉRIALES »
Pyramide des âges du corps des ingénieurs de l’armement, restreinte à ceux encore en lien administratif avec le corps et hors 2S
La situation défavorable du corps en matière de rémunération et d’avancement comparativement aux autres corps issus de l’X a été reconnue par le Ministre de la défense lors de la réunion du Conseil général de l’armement du 20 avril 2017. Il a demandé que la rémunération des IA soit revalorisée avec comme objectif un rééquilibrage avec les grands corps civils. Des modifications en ce sens du décret statutaire et du décret indiciaire du corps devraient aboutir d’ici 2019. En parallèle de ces évolutions, une refonte et une revalorisation des conditions indemnitaires sera menée.
Enfin, l’évolution du classement de sortie de l’X pour l’entrée dans les corps (ajout au classement actuel d’une épreuve d’évaluation des qualités humaines) est une opportunité permettant une meilleure adéquation des recrutements aux besoins du corps. La refonte de la politique des parcours professionnels, incluant la mobilité externe, et le renforcement des compétences managériales et de leadership augmentera l’employabilité et le potentiel des IA, mieux préparés à occuper les postes de management de haut niveau.
Ces évolutions permettent au corps des IA, comme il a toujours su le faire, de s’adapter aux évolutions de son époque. Elles forment ainsi un tout cohérent, dans une relation gagnant-gagnant. L’Etat attire et fidélise les cadres à haut potentiel dont il a besoin, les ingénieurs de l’armement exploitent leurs compétences, adaptées aux défis d’aujourd’hui et de demain, dans des carrières aux perspectives séduisantes, leur permettant d’accéder aux plus hauts postes d’encadrement de l’Etat.
MOBILITÉ EXTERNE
Il a été décidé de mettre en place à compter de 2017 une période « obligatoire » de mobilité, motivée par la nécessité que les IA élargissent leurs connaissances et complètent l’acquisition de leurs compétences par une expérience professionnelle hors de la DGA, de façon à asseoir l’ancrage de la DGA dans son environnement. Cette mobilité, d’une durée de deux ans, concerne tous les IA au grade d’IA au 31 décembre 2016, ainsi que les entrants dans le corps jusqu’au grade d’IPA, et sera l’un des critères déterminants pour l’accès à des postes à hautes responsabilités. Elle sera réalisée en priorité dans l’industrie, sans exclure pour autant l’administration hors DGA ou les organismes internationaux.
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