SUCCES EUROPEENS POUR LE RAFALE
Le 25 janvier dernier, la Ministre des Armées Florence Parly assistait à Athènes à la signature des contrats de vente d’avions Rafale et d’armements associés à la Grèce. Nouvelle concrétisation du succès de l’avion de combat français à l’export, cette vente constituait néanmoins une grande première puisque la Grèce devenait ainsi le premier client export du Rafale en Europe. La Grèce, qui a acquis 18 avions Rafale dont 12 avions d’occasion issus de la dotation de l’Armée de l’air et de l’espace, devrait recevoir ses premiers avions à l’été 2021.
Ce premier contrat en Europe pourrait en appeler d’autres, le Rafale étant toujours en course dans deux compétitions internationales sur le Vieux Continent, dont le verdict est attendu avant la fin de l’année : en Suisse et en Finlande.
Le Rafale n’est pas uniquement un simple avion de combat ; c’est un réel outil diplomatique qui permet le renforcement des relations stratégiques entre la France et les pays en faisant l’acquisition, concrétisé au travers d’offres de coopération pouvant couvrir trois axes : militaire, programme et industriel.
La coopération sur le plan militaire
La coopération militaire débute généralement dès la formation initiale des personnels de l’armée du pays faisant l’acquisition. En attendant la livraison de leurs premiers Rafale, la solution la plus rapide pour réaliser la formation est de les accueillir en France sur nos avions. Les premiers pilotes et mécaniciens de l’armée de l’air grecque sont ainsi arrivés sur la base aérienne de Mont de Marsan à peine quelques jours après la signature du contrat. Ils suivent une formation de plusieurs mois, d’abord théorique, puis pratique sur simulateurs et sur les avions de l’armée de l’air et de l’espace. Cela concerne également d’autres spécialités, comme pour la guerre électronique, le renseignement, ainsi que les pompiers de l’air. Avec les ventes successives du Rafale à l’Egypte, au Qatar et à l’Inde, c’est déjà plusieurs centaines de personnels étrangers qui ont été formés. Cette activité est une lourde tâche pour l’Armée de l’air et de l’espace, car elle s’ajoute à ses besoins propres de formation. Elle implique également les mêmes personnels que ceux qui œuvrent au quotidien aux opérations du Rafale, aussi bien sur le territoire national que sur les théâtres d’opérations extérieurs. Cependant, l’enthousiasme et le haut niveau d’expertise des aviateurs français font de ces formations initiales de vrais succès, créant ainsi une base solide pour une coopération militaire pérenne.
Celle-ci se poursuit habituellement par la réalisation d’entraînements en commun entre armées de l’air. Dans le cas de la Grèce, la coopération militaire existait déjà entre les deux armées de l’air, toutes deux utilisatrices du Mirage 2000. Cependant, depuis la signature du contrat Rafale Grèce en début d’année et avant même l’arrivée des premiers avions, les exercices conjoints se multiplient : en février, la mission Skyros a fait une étape en Grèce pour des entraînements conjoints avec la Hellenic Air Force. Deux mois plus tard, les Rafale français étaient à nouveau en Grèce, dans le cadre de l’exercice Iniochos. Ces exercices permettent notamment de travailler l’interopérabilité et les échanges de savoir-faire opérationnel.
La coopération militaire peut aussi prendre la forme d’échanges de personnels : par exemple, d’élèves dans les écoles de formation ou de pilotes et de mécaniciens entre escadrons français et étrangers.
La coopération programme
Pour ce type de coopération, le pilote est la DGA. A la demande d’un pays acquéreur, celle-ci peut partager son expérience et son haut niveau d’expertise dans la conduite des programmes d’armements complexes, et notamment du programme Rafale. Elle peut ainsi soutenir le Ministère de la Défense du pays acquéreur dans la préparation et le suivi de son propre programme d’acquisition du Rafale, en lui apportant son expertise par exemple dans les domaines technique, des achats ou de l’assurance qualité. La DGA peut aussi donner l’accès à ses centres de la direction techniques et à leurs moyens uniques, pour des essais au sol ou en vol ou des tirs d’armements, afin de répondre à des besoins spécifiques d’essais, d’évaluation ou de montée en puissance opérationnelle du client export.
Par ailleurs, la navigabilité des aéronefs militaires est maintenant un sujet d’intérêt majeur dans tous les pays. En Europe, un cadre fédérateur cohérent avec les règles nationales militaires de chaque Etat a été construit (EMARs, European Military Airworthiness Requirements). A l’export, la DGA, en tant qu’autorité technique du Rafale français, est prête à soutenir l’autorité de navigabilité militaire du pays client pour que cette dernière puisse délivrer les certificats de type avion et moteur de ses avions Rafale. Dans ce cadre, la DGA peut être reconnue par l’autorité de navigabilité militaire étrangère si elle en fait le choix, afin de s’appuyer sur les actes de navigabilité établis pour le Rafale français. La coopération peut aussi se poursuivre sur le suivi de navigabilité, si les deux autorités échangent les évènements touchant à la sécurité survenus sur leurs flottes respectives, pour bénéficier d’un retour d’expérience plus important.
La coopération industrielle
C’est dans ce type de coopération qu’entrent les compensations industrielles, communément appelées offsets, qui peuvent être demandées par un pays acquéreur. Les offsets sont interdits au sein de l’Union Européenne (UE), même si certains pays de l’UE tentent de contourner cette interdiction pour obtenir localement des retombées industrielles (exemple des pays européens ayant acquis l’avions de combat F-35 américain).
En revanche, la réalisation dans le pays client de certaines activités qui contribuent directement à l’autonomie d’emploi et à la sécurité d’approvisionnement est possible et peut être un domaine de coopération.
En Suisse, les offsets sont tout à fait légaux et ils sont un élément majeur des offres des candidats industriels dans la compétition visant à renouveler la flotte d’avions de combat de la Swiss Air Force. Les candidats industriels retenus devront concrétiser des offsets en Suisse (achats de matériels ou de services à des entreprises suisses, transferts de technologies ou investissements en Suisse, …) pour 60% de la valeur totale du contrat, dont 20% en offsets directs (à réaliser dans des domaines directement liées à l’acquisition du nouvel avion de combat) et 40% en offsets indirects (à réaliser plus généralement dans la base industrielle et technologique de défense et de sécurité suisse).
Les industriels français du programme Rafale ont déjà l’expérience du contrat Rafale Inde, qui est assorti d’une importante obligation d’offsets, avec de lourdes pénalités associées en cas de défaillance dans l’exécution de ces obligations. A ce titre, ils mettent donc en œuvre une politique de Make In India ambitieuse.
La société Dassault Aviation a ainsi transféré à des partenaires industriels indiens la fabrication de verrières, de parebrises et de gouvernes Rafale. Elle continue également à soutenir le développement d’une supply chain indienne apte à fabriquer des pièces primaires, des pylônes, des bidons et des outillages Rafale. Les portes moteurs qui équiperont les futurs avions Rafale français qui sortiront de chaîne à Mérignac sont dorénavant fabriquées en Inde, ce qui nécessite évidemment que les processus mis en œuvre et la qualité de fabrication soient au standard français.
Les pays qui font le choix du Rafale font le choix d’un avion de combat tout à la fois performant, combat proven, arrivé à maturité et au coût de soutien maîtrisé, mais qui est aussi pérenne et évolutif sur le long terme. Ils font aussi le choix d’un partenariat stratégique fort avec la France. Les offres substantielles de coopération militaire, programme et industrielle que le Ministère des armées et les industriels français peuvent proposer et adapter aux besoins des pays client contribuent notablement à la concrétisation d’un tel partenariat.
En annonçant, début mai, une nouvelle commande de 30 avions supplémentaires, qui en fera le plus gros utilisateur du Rafale après la France, l’Egypte a renouvelé sa confiance dans le partenariat noué avec la France en 2015. Enfin, la sélection par la Croatie, fin mai, est le premier succès dans un appel d'offre en Europe.
Vol du RAFALE, Salon du Bourget
https://m.youtube.com/watch?v=gdSl9OfuTE0 |
|
Sylvain Dréan, Directeur d’opérations export Rafale à la DGA
L’ICETA Sylvain Dréan a débuté sa carrière à la DGA en 1999. Il a occupé différents postes techniques sur le programme Rafale à la DGA mais aussi dans la Marine Nationale. Après une expérience dans le domaine des achats, il devient en 2015 manager du soutien de l’A400M. Depuis septembre 2019, il est directeur des opérations export Rafale à la direction du développement international. |
Aucun commentaire
Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.