LA RELANCE DU PARC NUCLÉAIRE
UNE NOUVELLE ERE POUR EDF
Après Penly et Gravelines, le Conseil de Politique Nucléaire du 19 juin dernier a retenu Le Bugey comme 3e site d’implantation du programme EPR2. Une nouvelle ère débute, sans équivalent depuis plus de 50 ans.
Le Bugey, futur troisième site d’EPR2
Le futur énergétique en France
Un défi du 21e siècle est clairement posé : produire plus d’électricité décarbonée, le plus tôt possible. Le nucléaire y répond, et apporte en outre un atout de souveraineté énergétique et de maintien d’une industrie forte. Pour atteindre la neutralité carbone à horizon 2050, la stratégie retenue prévoit à la fois une diminution de 40 % des consommations d’énergie du pays, une sortie des énergies fossiles, une électrification massive des usages (transports, chauffage, industrie…).
L’électricité devrait alors représenter 55% du mix énergétique Français, contre 25% aujourd’hui. Le choix du nucléaire est un choix politique, industriel et les scénarios sont très clairs. Tous montrent que les meilleurs mix électriques, en termes économiques, environnementaux et industriels, sont fondés à la fois sur un développement des énergies renouvelables et un socle de 40 à 50 GW de nucléaire. Ils sont au moins 15% moins coûteux que sans nucléaire, et avec 4 grammes de CO2 par kWh, le nucléaire constitue un apport indispensable pour atteindre la neutralité carbone.
Lors de son discours à Belfort en février 2022, le président de la République a affiché sa volonté de mettre en service les premiers réacteurs EPR2 à l’horizon 2035-2037.
EDF est engagé dans la préparation d’un programme de nouveaux réacteurs nucléaires, six dans un premier temps, potentiellement complétés par huit autres. La première paire d’EPR2 sera construite à Penly (Normandie), en bord de mer. Les procédures nécessaires, dont le Dossier d’Autorisation de Création, sont en cours. L’objectif est de lancer les travaux préparatoires mi-2024. Les deux paires suivantes seront construites à Gravelines (Hauts-de-France), en bord de mer, et au Bugey, en bord de rivière. La mise en service des premiers EPR2 s’effectuerait à compter de 2035-2037 pour la première paire, et au milieu des années 2040 pour les derniers réacteurs. L’’extension déjà à l’étude porte sur huit (4x2) réacteurs nucléaires supplémentaires de type EPR2, à proximité de sites nucléaires existants, encore à déterminer, et mis en service entre 2043 et 2050. Ces choix nous engagent jusqu’à la fin du siècle.
L’EPR2 capitalise sur les forces de l’EPR avec des performances de sûreté, environnementales et de production parmi les plus élevées au monde
Basé sur la technologie de réacteur à eau pressurisée, la plus répandue dans le monde, l’EPR 2 intègre les retours d’expérience des chantiers EPR dans le monde ainsi que du parc de 56 réacteurs en exploitation en France, pour optimiser les coûts et les délais de construction.
Résilient, il prend en compte les enjeux liés au changement climatique. Ce réacteur de « Génération 3 » est issu majoritairement de la technologie française, certifié et aux performances améliorées, avec un niveau de sûreté parmi les plus élevés au monde. Sa mise en œuvre a d’ailleurs été validée par les autorités de sûreté de quatre pays : la France, la Finlande, la Chine et le Royaume- Uni. Ce renouveau du nucléaire ne se limite pas à la France.
L’énergie nucléaire a un rôle très important à jouer dans le mix énergétique européen : des appels d’offres sont en cours en Pologne (pour 4 à 6 EPR) et en République Tchèque, la Slovénie et les Pays- Bas envisagent de nouveaux programmes. L’Inde s’est engagée dans une transition énergétique et dispose de capacités industrielles importantes. C’est aussi naturellement le cas du Royaume-Uni.
Demain, les nouvelles générations de réacteurs
Plusieurs nations s’intéressent à un nouveau concept : les « SMR », modulaires et de petite taille, de puissance unitaire inférieure à 300 MW. Initialement destinés à se substituer aux centrales à charbon en Europe, en Afrique ou en Asie, ils pourraient venir s’installer au plus près des utilisateurs. La création de Nuward, filiale à 100 % d’EDF, symbolise la mobilisation de l’Hexagone dans cette filière. Un dossier de demande d’avis sur les options de sûreté du réacteur a été déposé en juillet, ce qui précède une demande d’autorisation des créations auprès de l’ASN. Le premier béton est attendu en 2030, et une mise en service du premier prototype en 2035.
Une gouvernance repensée et une performance collective
EDF a engagé une réflexion pour structurer et renforcer son organisation pour répondre à ce défi industriel. La préparation de ce programme de réacteurs nucléaires nécessite une gouvernance rénovée, afin de maîtriser la bonne exécution d’un projet qui compte parmi les plus exigeants au monde. A la suite de la parution du rapport de Jean-Martin Folz sur la construction de l’EPR de Flamanville en 2019, il a été proposé de distinguer, au sein d’EDF, une maîtrise d’ouvrage de la maîtrise d’œuvre des projets. La maîtrise d’ouvrage, dans une logique « business owner», doit notamment contrôler l’avancée industrielle et technique des projets de construction, garantir le respect des coûts, des délais et de la qualité des EPR, et bien sûr sécuriser au niveau européen et avec l’Etat, la validation du cadre juridique et financier de ce programme. Les équipes de maîtrise d’œuvre doivent quant à elles s’inscrire dans une logique de pilotage du projet, de réalisation des études, de la préparation des sites et de la construction des réacteurs. Le groupe EDF s’est également engagé dans un vaste chantier d’excellence opérationnelle. L’objectif est que la performance collective soit au meilleur niveau au moment où s’amorce cette importante montée en charge. Ce travail de fond s’inscrit dans le projet d’entreprise et est étroitement mené avec l’ensemble des acteurs de la filière.
Des perspectives majeures en termes de souveraineté énergétique et d’emploi
L’industrie nucléaire représente aujourd’hui en France 3 600 entreprises et 220 000 emplois qualifiés et non délocalisables, répartis sur tout le territoire.
A l’horizon 2030, la filière et son écosystème – donneurs d’ordre et partenaires industriels - devrait représenter près de 300.000 personnes, dont la moitié – du fait des départs à la retraite – reste à embaucher dans les années à venir, dans une grande diversité de métiers : ingénierie, construction, services, fabrication, usine et exploitation.
Une des clés de la réussite : les compétences
Le défi des compétences concerne l’ensemble de la filière nucléaire française, notamment en termes de recrutement. Anticiper, mobiliser, former… disposer des compétences pour réaliser ce programme en qualité, dans les coûts et les délais, est un des enjeux auquel la filière se prépare.
Une analyse sans concession des difficultés rencontrées sur Flamanville 3 et l’ensemble des projets EPR dans le monde a mis en exergue l’érosion des compétences à la- quelle le projet a été confronté. Une érosion qui a concerné tous les acteurs directement ou indirectement impliqués, après plus de 20 ans d’interruption de la construction nucléaire en France. Un salarié sur deux qui travaillera dans le nucléaire en 2030 n’est pas encore aujourd’hui dans la filière. A lui seul, le programme de construction de six réacteurs en France mobilisera jusqu’à 30 000 emplois directs et indirects pendant la phase de construction. Les conditions de réussite portent à la fois sur le développement des ressources, le renforcement de l’efficacité opérationnelle et la capacité des entreprises à mener les projets. Parmi les principaux leviers d’actions à notre disposition : le plan stratégique sur les compétences de l’Université des Métiers du Nucléaire. Cette initiative vise à dynamiser les dispositifs de formation - du CAP au doctorat - du secteur nucléaire, aux échelles régionale, inter-régionale et nationale pour adapter les parcours et l’offre de formation aux besoins, en particulier sur les compétences critiques.
Le renforcement de la supply chain à l’échelle européenne
Disposer d’une supply chain adaptée aux besoins des différents projets qui sont devant nous, capables également de porter l’expertise française au-delà de nos frontières, est un enjeu majeur pour leur réussite et la crédibilité de la filière. En donnant une vision partagée des capacités industrielles existantes, les conditions seraient réunies pour mettre en place une véritable supply chain au niveau européen et ce pour l’ensemble des projets nucléaires, en cours et à venir. Cela nécessite une coordination renforcée de tous les acteurs et d’inscrire le « made in France » dans la stratégie du « made in Europe ». A nous – ensemble – de mener à bien les projets, de démontrer notre capacité à délivrer, dans les coûts et les délais impartis. Bien sûr, l’ensemble de ce programme et les opérations actuelles d’EDF doivent trouver un modèle économique soutenable dans la durée. EDF s’engage dans un nouveau cycle d’investissements très lourds, de l’ordre de 25 milliards d’euros par an. Notre courbe d’investissement sera sans précédent dans l’histoire du groupe. Nous arrivons au bout d’un modèle et le nouveau en cours de gestation doit s’inscrire dans la nouvelle organisation du marché européen de l’électricité. Une chose est sûre, EDF est pleinement mobilisé pour contribuer à la réussite d’un enjeu majeur : la relance du nucléaire.
Après une formation par la recherche il est à la direction du Trésor, puis dans plusieurs cabinets ministériels successifs de l’Economie et des finances. Après un passage dans la Bank of America Meryll Lynch (2007 – 2014), dont il dirige la branche française, il rejoint Schneider Electric comme directeur des opérations France, puis internationales, tout en présidant le Gimelec (groupement des entreprises de la filière électronumérique). Il est nommé en 2022 président d’EDF
Aucun commentaire
Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.