LA VÉRITÉ EST SUR LE TERRAIN
Je retire de mon expérience en collectivité territoriale un respect pour les élus locaux, doublé de la satisfaction de réaliser des choses sur le terrain. Directeur des services techniques en Vendée, j'ai pu construire des routes, des bâtiments – administratifs, culturels, éducatifs - et vu se monter des équipements d'accueil des entreprises ainsi que des formations tournées vers l'emploi en lien direct avec les fédérations professionnelles. J’étais considéré par les élus comme une sorte d’ingénieur des ponts, la défense, domaine régalien par excellence, n'étant pas au cœur de leurs priorités.
Et pourtant, les industries d'armement irriguent l'ensemble de nos régions pour au moins trois raisons.
Une raison historique : la présence de matériaux présents sur place, que ce soit minerai, bois, eau, climat. Sans oublier le tempérament des populations.
Une raison stratégique : les joueurs de Risk le savent bien, le danger vient des frontières. Il faut être suffisamment loin pour conserver ses capacités de production, et suffisamment près pour consolider les frontières ou approvisionner le front en cas de conflit. La région Centre-Val de Loire reste ainsi un bastion de la fabrication des munitions.
Une raison temporelle : l'industrie de défense possède une inertie certaine. Les contrats s'étendent sur plusieurs années, la maintenance double ou triple cette durée, et les compétences durement acquises ne se transfèrent pas aisément.
Bien d’autres facteurs ont modelé notre paysage en matière d’armement. L’un des principaux est une politique industrielle affirmée, comme celle qui a su consolider un pôle aéronautique à Toulouse et Bordeaux, ou un pôle électronique autour de Rennes. Ou celle qui a voulu résister aux sirènes de la délocalisation, ou accompagner l’arrivée plus récente des technologies disruptives.
Dans la construction d’une industrie de défense performante, on retrouve l’éternelle tension entre voir grand (être magnanime), ce qui ne peut se faire que depuis le centre, et s’ajuster aux réalités locales, ce qui ne peut se faire qu’au contact du terrain. Vu de Paris, on ne comprend pas que des décisions pourtant vertueuses ne soient pas appliquées, et vu de région, on se demande pourquoi on nous empêche de travailler. Je n’oublie pas être passé devant le juge des Sables d’Olonne pour dégradation d’un massif classé dans le cadre de la réalisation d’une piste cyclable le long du littoral dont l’intention était d’interdire l’accès aux dunes pour les voitures. Une association écologiste avait attaqué pour l’abattage de quelques chênes verts !
Pour les ingénieurs de l’armement, l’alternance entre des postes en centre et des postes en centrale, illustrée par de nombreux exemples dans ces pages, construit une vision complète, et donne ensuite une pertinence pour des décisions de politique industrielle. On peut également se féliciter de la mise en œuvre maintenant bien rôdée des périodes de mobilité pour les jeunes ingénieurs de l’armement. Passer en industrie est une chance à saisir, qui permet d’acquérir une expérience précieuse, bien complémentaire de celle du code des marchés publics.
Même si l’on souhaiterait que nos grands décideurs soient davantage conseillés par des ingénieurs bien formés, observons que les grands corps techniques de l’État continuent d’attirer des talents : 26 polytechniciens ont ainsi choisi le corps de l’Armement en mai dernier, qui est devenu de fait le premier recruteur à l’X.
Se rendre utile à son pays, c’est aussi ce qui pousse nombre de camarades à s’engager dans des actions locales, comme élu ou influent dans les organes du développement local : CCI, pôles de compétitivité, collectivités territoriales.
Voir grand, et agir sur le terrain… Comme coach, je l’observe également à l’échelle des personnes. La formation d’ingénieur favorise une pensée « rationnelle » - du moins c’est ce que l’on se raconte à soi-même. Pour beaucoup, la tentation existe de rester à l’étage de sa « capitale », c’est-à-dire sa tête, son mental, pour diriger sa vie. Pourtant, une incursion dans nos territoires, c’est à dire nos sensations et nos émotions, apporte une information plus juste sur ce qui est bon pour nous. N’hésitons pas à nous connecter : « Le corps ne ment pas ».
Auteur
Coach professionnel certifié et accrédité "master practitioner" par l'EMCC.
Fondateur de Blue Work Partners SAS qui propose :<br>
- Formation au leadership
- Coaching de dirigeants
- Accompagnement d'équipes projets
X84, ENSTA, coach certifié IFOD,
Auteur du guide de survie du chef de projet (Dunod 2017).
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