UNE VIE INTENSE
Tous les enfants ont rêvé devant des combattants invincibles et suréquipés, mieux, capables de déployer leur équipement en un instant pour passer du brave gars normal au super-héros. Mais les mythes de l’enfance sont faits pour être dépassés. Qui peut croire qu’une araignée irradiée peut donner des superpouvoirs ? Ou que la planète Krypton est à portée de fusée ? Personne bien sûr. N’empêche que le chiffre d’affaires généré chaque année par les blockbusters laisse à penser que ces mythes continuent de nous travailler de l’intérieur. Et d’autant plus que le super-héros a – forcément – une faiblesse cachée.
En nous intéressant aux forces spéciales, nous prenons un double risque.
D’abord celui de démystifier une forme très confidentielle de combattant. Dans les témoignages que vous lirez ou que vous verrez en suivant les QRcodes, le commando mise d’abord sur l’effet de surprise pour tétaniser l’adversaire, lui faire peur au point de l’empêcher même de penser à riposter. Il est pour cela parfaitement entrainé, prépare minutieusement ses missions, dispose d’équipements pointus, frappe à l’heure la plus sombre...
Ensuite celui de faire comprendre qu’il n’est qu’un homme, dont on peut modéliser les points faibles. Il est aussi sujet à la peur, va toujours chercher ses camarades blessés, obéit à ses chefs, à la loi, est vulnérable.
Maintenant que nous avons soulevé le coin du voile, que nous disent tous ces récits ? Le paramètre dominant me semble être celui de l’engagement. Les jeunes officiers qui choisissent les FS ne sont pas les moins bien classés, les commandos ne sont pas
là par hasard. Ils vivent un engagement total, cœur, corps et esprit au service d’un idéal : leur pays, sauver des vies, rétablir la justice... Les ingénieurs de l’armement qui s’en sont rapprochés à un moment de leur carrière en témoignent, et y reviennent souvent !
Cet engagement forge leur volonté. Et il en faut pour se soumette à un entraînement de haute intensité, à la limite des capacités humaines. Marches interminables de nuit avec un équipement lourd, heures passées secoué trempé glacé dans un semi-rigide, débarquement d’hélicoptère en corde lisse qui « chauffe les mains ».
Cette volonté s’exprime aussi lorsqu’il faut imaginer des plans audacieux et les mettre en œuvre. Fatigue et sommeil ne comptent pas, ce sont au contraire des atouts par rapport à l’adversaire. Elle s’exprime enfin lorsqu’il faut s’adapter aux conditions de terrain et aux surprises du combat : « il faut y aller ? On y va ! » malgré le feu.
A forces spéciales, équipements spéciaux. Source souvent d’incompréhension – voire de jalousie – de la part des forces conventionnelles et des services d’acquisition classiques, les commandos sont curieux de tout ce qui peut leur donner une supériorité opérationnelle : innovation de rupture, équipements étrangers, bricolages internes, mais aussi systèmes complexes. Et il faut leur fournir aussi bien le gadget de « mister Q » que le système performant, durable et résilient. Le salon SOFINS dont l’édition 2021 doit se tenir les 29, 30 juin et 1er juillet 2021, témoigne d’une réelle prise de conscience sur ce sujet. Que des ingénieurs de l’armement soient affectés pour ces acquisitions est une bonne nouvelle, de même que la gestion avec l’agence de l’innovation de défense de développements innovants ou les améliorations opérationnelles comme celle de l’A400M.
La technique peut aussi s’appliquer dans la santé. Que ce soit pour des exosquelettes, pour mieux voir ou entendre, mais aussi pour rester éveillé, courir plus longtemps, rester alerte, il est facile d’extrapoler vers « l’homme augmenté », le cyborg, le combattant ultime.
Mais c’est probablement oublier la part de psychisme et de spiritualité de chacun. L’engagement des soldats recouvre toute leur personne, l’engagement total ouvre
à des questions de vie et de mort. La sienne, celle du camarade, qu’il faut avoir envisagées, et qui prennent sens. Cela sert la cause pour laquelle on s’est engagé, cela sert l’équipe avec qui on échange amitié et confiance inébranlable, cela sert celui pour qui je me sacrifie.
Viktor Frankl, l’inventeur de la logothérapie, décrit précisément ces trois manières de donner sens à notre existence : accomplir une œuvre, échanger de l’amitié et sublimer sa souffrance. On comprend dès lors qu’aller chercher un blessé n’est pas une faiblesse, mais une force.
Si l’on voulait résumer, l’un des auteurs parle de la perpétuelle « bonne humeur » des FS. Elle est sans doute le signe de la paix intérieure qui s’exprime lorsque l’on accomplit son bon service, lorsqu’on vit intensément pour cela.
Auteur
Coach professionnel certifié et accrédité "master practitioner" par l'EMCC.
Fondateur de Blue Work Partners SAS qui propose :<br>
- Formation au leadership
- Coaching de dirigeants
- Accompagnement d'équipes projets
X84, ENSTA, coach certifié IFOD,
Auteur du guide de survie du chef de projet (Dunod 2017).
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