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Essai au sol d'un impact de charge sur MEDYNA
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31 janvier 2021

LES ESSAIS D’AÉROLARGAGE AU SERVICE DES FORCES SPÉCIALES
DÉLIVRER DES CAPACITÉS TRÈS SPÉCIFIQUES

Mars: les Forces Spéciales sont engagées sur un théâtre quelque part en Afrique. Le Commandement des Opérations Spéciales (COS) émet le besoin urgent de détenir la capacité d’aérolargage d’un véhicule bien déterminé à partir des Avions de Transport Tactiques (ATT) de l’Armée de l’Air. Objectif: fin juin ! Comment la DGA emploie-t-elle son expertise pour relever ces défis à la fois techniques et temporels?


Bien que la technique du posé d’assaut soit la procédure habituellement employée, les Forces Spéciales font régulièrement appel aux capacités d’aérolargage des armées. En effet, ces dernières permettent facilement de déployer des matériels d’intervention et du ravitaillement dans des endroits reculés ou inaccessibles autrement. Cependant, leurs besoins sont souvent atypiques et précis: la DGA est présente pour répondre à ces besoins de capacités spécifiques. Dans le domaine du matériel, les essais ont permis de qualifier le largage de véhicules tels le fardier ou des pickups, et d’embarcations telles que l’ECUME. Côté largage de personnels, la DGA a participé, avec la Section Technique de l’Armée de Terre (STAT), à l’évaluation en vol des procédures de largage de colis d’accompagnement autoguidés de 200 kg.

 

«Deux échelles de temps»

Pour répondre aux spécificités des missions des Forces Spéciales, la DGA met en œuvre son expertise dans le domaine des essais d’aérolargage selon deux modalités: les programmes d’armement et les Urgences Opérations.

 

«Une participation à long terme»

Dans le cadre du programme ECUME qui s’est étalé sur une dizaine d’années, la DGA est intervenue dès les premières phases de spécification et est restée impliquée jusqu’à la qualification du système. Grâce à son expertise, la DGA a permis de répondre au plus juste besoin des Forces Spéciales, notamment en permettant d’étendre le domaine de largage de l’aéronef, spécifiquement pour cette embarcation à gros volume.

 

«Une participation à court terme: Aller vite !»

Par ailleurs, c’est souvent dans le cadre d’Urgences Opérations que la DGA a pu fournir des solutions de largage de matériels aux Forces Spéciales. Ainsi, en l’espace de quelques mois, il a été possible d’autoriser le largage de véhicules déjà existants - parfois de gamme civile - identifiés par le COS. Dans ce cas, l’objectif est d’aller vite et à l’essentiel, en restant le plus possible dans les domaines de largages déjà ouverts afin de gagner en réactivité.

 

Dans la pratique, les essais d’aérolargage sont essentiellement assurés par le centre de DGA TA qui dispose des infrastructures et des moyens nécessaires, ainsi que des experts pour les mettre en œuvre et en assurer l’amélioration constante. Le processus est aujourd’hui bien rodé.

 

«Les experts du carton !»

Afin que les munitions ne s’éparpillent pas en vol ou à l’atterrissage, que l’embarcation amerrisse bien sur sa coque ou encore que le fardier puisse démarrer sans encombre, une cellule dédiée de DGA TA a la capacité de concevoir et réaliser toutes sortes de conditionnement du matériel qui sera livré par largage, à l’aide de cartons amortisseurs: la charge doit tenir les efforts d’arrimage en soute, ne pas se disloquer à la sortie de l’avion et résister à l’impact au sol. La science du carton prend alors tout son sens!

 

«Les experts de la toile !»

Pour supporter jusqu’à 8 tonnes de matériels, les voiles peuvent mesurer jusqu’à 730m². Des experts en pliage et en couture assurent l’entre-tien et le conditionnement des voiles. Ils sont également en mesure de développer des concepts de pliages, de harnais ou de voiles spécifiques aux essais. La maîtrise de la sangle et de la toile devient tout un art !

 

 

Charge larguée sous voile.

 

«Essais sol»

Des essais sol sont réalisés pour consolider et vérifier le design des conditionnements. À ce titre, DGA TA dispose d’infrastructures telles que le banc MEDYNA ou le rail «petit colis» qui permettent de reproduire les conditions d’atterrissage sous voile des matériels à larguer. Ces essais constituent un véritable trait d’union avec les essais en vol.

 

«Essais en vol»

Le point d’orgue des essais d’aérolargage est le vol d’essai qui permet, d’une part, de valider le conditionne-ment au travers d’une séquence de largage représentative d’une mission opérationnelle et, d’autre part, d’ouvrir un domaine de vol spécifique ou étendre un domaine préexistant. DGA TA et DGA EV travaillent de concert à la réalisation de ces essais et font parfois appel au soutien des centres d’expérimentation des Forces. Ainsi, le premier largage du fardier a mobilisé un équipage de conduite de DGA EV avec une équipe de largage mixte entre DGA TA et la STAT-TAP.

 

    L'apport de la simulation   
 

La plus-value de la simulation apparaît aujourd’hui comme une évidence dans l’aéronautique, et l’aérolargage ne fait pas figure d’exception. Les outils de simulation utilisés sont désormais complémentaires des essais au sol et en vol, et permettent parfois de les remplacer.

 

Par exemple, l’ECUME étant une charge aux volumes peu communs, simuler la sortie de soute de l’embarcation a permis de s’assurer de son passage en toute sécurité par la sortie axiale de l’aéronef au préalable des essais.

 

 

Corrélation simulation de sortie de soute d'ECUME et sortie de soute réelle.

 

Cependant, l’aérolargage est un domaine historiquement étudié sous forme empirique, et des développements sont encore en cours, notamment en ce qui concerne le comportement dynamique des parachutes. Plusieurs années de développement seront encore nécessaires afin de pouvoir simuler le pliage, le dépliage, la sortie de sac et la souplesse des voiles, notamment pour des parachutes de type aile.

 

 

Simulation du comportement dynamique d'un parachute de type aile.

 

  

«Simulations et mesures au profit de la sécurité»

Enfin, tout au long de ce processus, deux services travaillent en continu afin d’anticiper et d’exploiter les résultats des essais d’aérolargage : la section simulation (cf. encart) et le département des installations de mesures, dont l’activité est indispensable pour collecter les informations techniques et scientifiques des essais réalisés, mais surtout pour en assurer la sécurité.

Auteurs

Architecte avionique et système de mission du HIL et Tigre Std3, Jennifer Bréton (Fongue) a effectué un premier poste dans le domaine de l’avionique et la simulation. En 2018, elle a rejoint DGA TA, en tant que chargée d’expertise aérolargage. Elle revient au sein de DGA IP en 2021, où elle est chargée des sujets transverses au développement du HIL et du Tigre Std 3 (avionique, système de mission, radios CONTACT…)
Ingénieur Navigant d’Essais
Après un premier poste d’ingénieur intégration systèmes à Cazaux, Jean-Benoît est envoyé en échange à l’ETPS (Empire Test Pilots’ School). Depuis 2018, il est détaché de DGA EV à DGA TA en tant que responsable des essais en vol d’aérolargage où il assure le lien entre les deux centres dans l’organisation des campagnes et la conduite des vols d’essais, notamment au profit des programmes A-400M, C-130J et NH90.

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