J’ai effectué mon stage au CASM Hubert, unité de la force des fusiliers marins commandos de la marine nationale, basé à Saint-Mandrier en face de Toulon. J’ai été placé au sein du bureau capacités d’opérations spéciales et subaquatiques.

Le CASM (commando d’action sous-marine) Hubert est une unité unique au sein de la force, ayant pour spécialité l’action sous-marine. Capacité unique implique moyens uniques : recycleurs à circuit fermé, engins sous-marins, outils étanches. Ce type de matériel nécessite des compétences, à l’usage mais aussi à l’entretien, qui sont propres à l’unité. La DGA est en général assez peu présente dans la vie des opérationnels qui ne la voient que de loin.

Un lien nécessaire avec la DGA

Or, l’arrivée de nouvelles compétences, notamment d’engins sous-marins plus massifs et complexes comme le PSM 3G, nécessite des compétences toujours plus poussées qui rendent l’appui de la DGA nécessaire. Ainsi, divers spécialistes de la DGA viennent assister les opérationnels du commando dans la réception des nouveaux engins, pour vérifier qu’ils satisfont bien aux exigences. La DGA est aussi présente lors des négociations avec l’industriel, fournissant son expérience dans la gestion des relations.

J’ai ainsi été surpris de la bonne image de la DGA au sein de l’unité, là où la réputation que j’avais pu observer ailleurs est celle d’une institution distante des opérationnels. Même si des retours sur certaines lenteurs ou sur le décalage avec les opérationnels se font entendre, les personnels restent dans l’ensemble persuadés que la DGA est un atout pour eux. J’ai ainsi pu assister à des essais où des experts de la DGA étaient présents pour apporter leurs compétences quand cela se révélait nécessaire afin d’aider à vérifier la conformité du matériel livré par l’industriel, et ce dans des domaines divers.

Du matériel hors-norme

Ce stage a également été l’occasion de découvrir les embarcations, notamment de type zodiac, à disposition des commandos. J’ai eu l’occasion de pouvoir en essayer certaines, dans différentes conditions de mer et de me rendre compte de la confiance dans le matériel qu’ont les utilisateurs. L’expérience la plus mémorable restera celle d’un assaut mer sur un Corsica, auquel j’ai pu assister depuis l’embarcation de commandement, et lors duquel les capacités des ECUMEs (embarcation commando à usage multiple embarquable) ont été pleinement exploitées, ce qui m’a permis de me rendre compte de la puissance et de la stabilité hors norme de ces zodiacs.

L’entraînement au contre-terrorisme, une des spécialités de l’unité, a également été l’occasion de découvrir l’avantage conséquent que représente l’équipement des combattants. J’ai eu la chance de pouvoir être plastron, jouant parfois l’otage, parfois le terroriste, à plusieurs reprises. J’ai ainsi réalisé à quel point l’absence de radio pour communiquer avec d’autres équipiers, ou bien encore l’absence d’aide à la vision de nuit représentaient un désavantage significatif lors des ces opérations en milieu clos.

Dans la peau d’un tireur d’élite

J’ai eu la chance de pouvoir suivre du début à la fin une formation pour la qualification « Tireur d’élite », ce qui m’a permis de saisir la subtilité de cette discipline, dont la complexité est souvent cachée dans les films. Il faut en effet prendre en compte de nombreux paramètres (vent, conditions atmosphériques, Coriolis…), mais on ne peut malheureusement pas uniquement compter sur des valeurs et des formules pour trouver le bon réglage. En effet, il existe d’autres paramètres comme le relief qui peut créer un couloir de vent 300 mètres plus loin, ou bien la végétation qui peut créer une zone de mouvement d’air en condition de forte exposition. Ces paramètres sont difficiles à intégrer dans un calculateur et seule l’expérience permet de les anticiper correctement. Cette formation a été le lieu d’échanges riches avec les personnes de l’unité.

J’ai ainsi pu réaliser que certaines compétences présentes au sein de la DGA peuvent énormément intéresser certains spécialistes. Je pense à un expert du tir longue distance, curieux d’en connaitre toujours plus sur son domaine, qui n’avait jamais pu échanger avec les experts petit calibre de la DGA. Après contact avec un des spécialistes de la DGA, celui-ci a pu récupérer des informations intéressantes pour parfaire ses analyses balistiques, qui ne sont pas disponibles en source ouverte. Ainsi, la connaissance DGA peut, sur certains domaines, intéresser les forces et permet aussi de donner une bonne image de l’institution.

Formation tireur d’élite sur des cibles… à l’horizon

Tentative de rapprochement

Une des initiatives pour faciliter la compréhension entre FS et DGA a été l’ouverture d’un premier poste au CASM Hubert pour un OCA, actuellement pourvu par un jeune IETA. Ce poste lui permet de bien comprendre les problématiques qui se posent au sein de l’unité et la manière de fonctionner en interne, ce qui lui sera utile lors de ses prochains postes. De plus, cela permet aussi de mieux faire connaitre la DGA aux personnels du commando, et donc de faciliter les échanges.

Ce stage m’a permis de me rendre compte de l’importance de l’expertise de la DGA pour les forces, mais aussi du besoin d’échange et de dialogue avec ces opérationnels afin que l’action de notre institution soit la plus pertinente et efficace possible. Cette période de transition entre FAMIA et premier poste aura été une extraordinaire expérience au sein d’une unité singulière, qui me laissera d’excellents souvenirs pour longtemps.

Aurélien Chaline   L’IA Aurélien CHALINE est diplômé de l’Ecole Polytechnique et de l’EPFL. Il a effectué son stage opérationnel au commando Hubert. Il réalise son premier poste à DGA Ingénierie des Projets.