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Equipe DGA au dessus de Montbéliard
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30 septembre 2019

OSEZ LE GRAND SAUT
PARCE QUE SE JETER D’UN AVION EST AUSSI UN SPORT

Du rêve d’Icare aux pionniers de l’aviation en passant par toutes les formes de l’aéronautique moderne, l’Homme n’a cessé de lever les yeux vers le ciel et de chercher à s’approprier cette troisième dimension. Cet article vous propose de découvrir cet espace sous un angle original, proche de la verticale...


En passant par la portière

Quatre mille mètres de hauteur, mise en palier et réduction du moteur. La porte latérale du Pilatus PC-6 Turbo-porter s’ouvre. L’air frais s’engouffre dans l’avion où s’entassent dix parachutistes. Mise en place devant la porte. Face à nous le ciel immense, et paradoxalement aucune sensation de vertige. L’altitude trop importante et l’absence de repère nous laisse surtout une sensation de vide. Top départ, nous franchissons la porte et quittons l’habitacle rassurant pour nous jeter dans l’inconnu.

 

Saut VR4 équipe OOKPIK en sortie d'avion

Là, contre toute attente, et une fois nos esprits retrouvés, aucune impression de chute, mais au contraire celle de voler, confortablement installés sur un matelas d’air frais. La vue est imprenable et la sensation de liberté totale. Un cumulus avec lequel nous partageons le ciel nous rappelle que notre vol n’est pas aussi pérenne que le sien. Nous l’observons passer à plus de 200 km/h. En même temps, nous apercevons le sol qui commence maintenant à se rapprocher de plus en plus vite. Déjà mille mètres, et après une minute de chute libre, il est temps de déployer notre parachute.

L’ouverture est douce et le freinage régulier. Tout comme les avions qui nous servent de taxi, les parachutes ont énormément progressé. Après trois minutes d’un vol sous une voile rectangulaire piqueuse et joueuse aux commandes, le sol se présente sous nos pieds. Nous ressourçons la voile pour redresser sa trajectoire jusqu’à l’horizontale. La vitesse ralentit et nos pieds effleurent l’herbe. Quelques pas souples viennent marquer la fin du saut et nous réintègrent à notre condition de terrien.

Un peu d’histoire

Il y a 500 ans mourrait au Clos Lucé Léonard de Vinci à qui l’on doit plusieurs ébauches de concepts. Le premier parachute essayé en vol ne fût inventé et testé pour la première fois que le 22 octobre 1797 par André-Jacques Garnerin depuis un ballon à hydrogène au-dessus du parc Monceau à Paris. Il était conçu comme un moyen d’évacuation des nacelles d’aérostats, alors propices aux explosions. Il est aussi à noter que le premier saut d’une femme ne se fit pas attendre puisque son élève et épouse Jeanne Labrosse réalisera 2 ans plus tard le même exploit et déposera le brevet associé à cet usage. Durant la Première Guerre Mondiale, l’Armée se l’approprie au profit des aérostiers dans la lignée de l’invention originale. Ce n’est que pendant la Seconde Guerre Mondiale que son usage va s’intensifier, à la fois pour les pilotes mais aussi pour larguer troupes et matériels. C’est aussi à cette époque que va naître une doctrine d’emploi novatrice de ces unités aéroportées. Larguées derrière les lignes ennemies, elles ont pour mission de désorganiser l’adversaire et de perturber les approvisionnements à destination des unités aux fronts. De là naîtra le mythe du parachutiste et la solidarité très forte qui les unit : seuls derrière les lignes, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. L’audace et le courage sont de mise et le saut en parachute incarne complètement cet engagement, d’autant plus avec le matériel de l’époque.

Le parachutisme sportif

Devenu aussi un loisir au milieu du XXe siècle, le parachutisme profite de l’amélioration des équipements, tant au niveau des parachutes que des avions largueurs, pour devenir un sport, avec ses spécialités et compétitions. Le vol relatif par exemple, discipline reine du parachutisme, consiste à réaliser à plusieurs des figures en volant à plat ventre sur un « coussin d’air à 200 km/h ». Pour le pratiquer en compétition, un membre supplémentaire est nécessaire afin de suivre le groupe en chute et filmer l’équipe à l’aide de caméras placées sur son casque. La vidéo obtenue est ensuite remise à un collège de juges qui valide et comptabilise les points présentés sur le film dans le temps imparti (35 s en VR4).

Sortie en grappe en VR8

Le reste de l’équipe (quatre parachutistes en VR4, huit en VR8) a pour objectif de réaliser le maximum de points à partir d’un programme de figures enchainé en boucle durant le saut, chaque figure réalisée rapportant un point. Pour contrôler leurs déplacements, les parachutistes utilisent buste, bras et jambes pour créer des plans inclinés. Ceux-ci vont, sous la pression dynamique de l’air incident, engendrer une force horizontale par réaction. Pour ajuster la vitesse de chute, ils jouent sur deux facteurs : la surface en s’étalant plus ou moins sur l’air et l’aérodynamique du profil présenté en ajustant leur cambrure. Afin de gagner du temps, les équipes réalisent des sorties où les performeurs sont déjà accrochés entre eux, les meilleures arrivant même à sortir la première figure du programme pour gagner de précieuses secondes et volent dans le vent relatif, quasi horizontal et dû à l’inertie en sortie d’avion, qui diminue progressivement au profit de la chute qui engendre un souffle vertical.

Contrôler son propre vol, sa vitesse de descente et réaliser des figures : de la haute précision

Une activité très formatrice

Au-delà du simple loisir ou sport, le parachutisme est aussi un excellent vecteur de développement personnel. Il enseigne tout d’abord la rigueur, garant de la sécurité dans les sports aériens en général. Celle-ci va de pair avec la maîtrise des risques, que ce soit pour l’analyse des situations rencontrées, la prise de décision, le savoir renoncer lorsque les conditions ne sont pas réunies (météo défavorable, expérience des participants insuffisantes pour le saut envisagé...) et l’intégration du retour d’expérience dans notre pratique que nous devons savoir remettre en cause.

C’est aussi une école du savoir-être. Si le sentiment de liberté en chute libre est total, l’immensité du ciel et l’éphémère de la situation fait prendre conscience que nous sommes bien petits à l’échelle du monde qui nous entoure et de la vulnérabilité de notre existence. Pour autant, « nous vivons » et le ressentons plus qu’à n’importe quel autre moment. Expérimenter ce paradoxe est une expérience d’humilité et d’épicurisme extrêmement enrichissante sur le plan personnel et ce avec une prise de risque effective pourtant faible.

De la fragilité de la situation vécue en chute libre se nourrit aussi la maîtrise de soi. Jamais une situation ne sera aussi précaire qu’une chute libre à 200 km/h vers le sol. Pour autant, il faut savoir rester calme et concentré pour arriver à enchaîner rapidement des figures en vol relatif et lucide pour prendre rapidement la décision d’abandonner sa voile principale en cas de mauvaise ouverture afin d’ouvrir son parachute de secours. Nous relativisons ensuite beaucoup la difficulté et la criticité des situations. Associée à la persévérance, elle permet alors de construire une solution adaptée et pragmatique qui n’est pas pilotée par la peur.

Enfin, l’acte de passer la portière et de se mettre volontairement dans cette situation fragile est un acte d’engagement fort qui forme le caractère et justement la persévérance. Dans la lignée (même si dans une moindre mesure) des premiers parachutistes militaires pour qui ce pas représentait le non-retour et un engagement total pour la mission, ce pas forge la volonté.

Pour toutes ces raisons, le parachutisme est une activité appréciée des recruteurs dès lors que l’intéressé montre qu’il a aussi les pieds sur terre. C’est aussi une bonne idée de défi personnel à relever et d’expérience sur soi. Sortir de sa zone de confort et apprendre à voler est une expérience que vous n’oublierez pas et qui vous fera regarder la vie différemment.

Palmarès de l’IPA Loïc MAUDOU 2019

1500 sauts – 50h de soufflerie 4e en vol relatif à 4 catégorie nationale 2 en 2012 Vice-champion de France en vol relatif à 4 catégorie nationale 1 en 2014 Vainqueur des 4 coupes de France entre 2015 et 2018 en VR4 N1 Médaille d’argent à la finale de l’European Skydiving League en 2017 en VR4 Capitaine et entraîneur de l’équipe DGA en 2019 (1ère place championnat FCD – 3e CFM) Champion de France en VR8 en 2019

 

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