ATTEINDRE LES SOMMETS DE L’HIMALAY-IA
Balard, 1er septembre 2016, journée d’accueil pour les IA 2016 marquant notre entrée dans le Corps de l’Armement. Au cours du petit-déjeuner organisé par la CAIA, nous avons le plaisir de rencontrer Louis Le Pivain. Lilian et moi ayant effectué nos stages militaires à l’X au sein des troupes de montagnes, la conversation bascule rapidement sur l’alpinisme. Louis nous raconte alors ses voyages dans l’Himalaya, notamment son ascension de l’Everest par la face Nord en 1991. La description passionnée de ses aventures nous a convaincu : il faut absolument que nous allions côtoyer le toit du monde à notre tour.
Nous en reparlons à plusieurs reprises au cours de notre année en école d’application à Supaéro, puis nous nous décidons enfin à aller sur les traces de nos prédécesseurs ingénieurs de l’armement alpinistes d’expédition (voir encadré).
Louis Le Pivain dans la face nord de l’Everest (Tibet chinois)
S’il est clair que nous n’avons ni l’expérience, ni le matériel, encore moins les finances nécessaires à l’ascension de l’Everest, il reste néanmoins la possibilité de rejoindre le camp de base sur un trek relativement plus accessible (le EBC — Everest Base Camp trek). Les treks dans l’Himalaya sont généralement réalisés au printemps à la fonte des neiges, ou à l’automne après les intenses moussons de l’été népalais. Nous choisissons donc le mois d’octobre 2017, période idéale en terme de météo car la saison des pluies étant passée, il ne demeure en haute montagne que soleil et ciel dégagé.
Nous finalisons tous les préparatifs en septembre, puis nous prenons l’avion le 11 octobre pour Kathmandou. Nous passons quatre
Les auteurs à 5500 mètres au camp de base de l’Everest (Népal)
Louis Le Pivain à 6700 mètres, ascension du Gasherbrum II (Pakistan)
jours dans la capitale où nous rencontrons notre guide de 23 ans, Sajan, qui nous accompagnera tout au long de notre trek. L’agence que nous avons sollicitée pour l’occasion est une agence népalaise, bien plus souple qu’une grosse agence européenne, avec laquelle nous avons pu personnaliser intégralement notre itinéraire : au lieu d’un aller retour classique jusqu’au camp de base, nous avons considérablement élargi la boucle afin de passer plus de temps en montagne, tant pour l’acclimatation que pour la possibilité de crapahuter un peu plus longtemps sur les sommets. Suivant les recommandations de l’agence, nous avons également un porteur afin d’alléger nos sacs de jour pour cette première expérience.
Notre trek s’est articulé ainsi : le 15 octobre, nous embarquons dans un hélicoptère pour atteindre Lukla, le plus haut aéroport de l’Himalaya posté à 2860m d’altitude, où nous commençons notre périple. En une dizaine de jours (qui comprend des journées d’acclimatation), nous atteignons Gorak Shep (5160m), un des plus hauts villages qui se situe au pied du Kala Patthar (5550m) et au plus proche du camp de base. Pour y arriver, nous sommes successivement passés par Phakding (2610m), Namche Bazar (3440m), Thame (3750m), Lumde (4260m), Renjo La Pass (5360m), Gokyo (4750m), Dragnag (4700m), Cho La Pass (5420m), et enfin Dzongla (4830m). Depuis Gorak Shep, nous gravissons d’abord le Kala Patthar qui constitue le point culminant de notre trek, en restant tout de même une sorte de « grosse colline » sur laquelle on grimpe assez linéairement. Et pourtant, à cette altitude, les 400 mètres de dénivelé pour 2 kilomètres de projection
paraissent interminables : c’est dans ce genre de moment que le manque d’oxygène se fait plus particulièrement sentir, lorsqu’on se retrouve à devoir reprendre son souffle après avoir enjambé un gros rocher, ou à supporter un léger mal de crâne à chaque mouvement un peu brusque. L’essoufflement rapide est une sensation assez étrange, surtout au regard de l’exercice qu’on réalise alors, puisque c’est finalement une randonnée plutôt basique. Forcément, ce serait bien plus simple au niveau de la mer.
Depuis le sommet, on aperçoit très distinctement le Mont Everest (8848m) qui se trouve à un peu moins de 10 bornes à vol d’oiseau. Devant lui trônent fièrement Nuptse (7861m) et son jumeau Lhotse (8516m) un peu plus au sud. Le plus surprenant devant ce magnifique panorama, c’est de réaliser qu’on se trouve toujours 3 kilomètres en-dessous de ces pointes imposantes, et pourtant quasiment 1 kilomètre au-dessus des 4810m qui nous sont si familiers en France (vous reconnaîtrez bien entendu notre cher Mont Blanc). Le lendemain, nous nous levons aux aurores pour rejoindre le camp de base, complètement désert à cette époque : nous sommes relativement surpris de trouver une moraine ravinée où il semble absolument impossible de poser même une seule tente, en sachant pourtant que chaque printemps, un millier d'alpinistes viennent y installer leur campement pendant près de deux mois pour tenter l’ascension. L’endroit possède un charme presque mystique : cette fois-ci nous y sommes, nous nous trouvons véritablement au pied du toit du monde. Un an après cette conversation avec Louis, nous avons rempli notre objectif. Nous ne nous doutions pas que presque au même moment, et 30 ans après ses grands sommets, Louis tutoyait de nouveau les 7000m avec son fils sur l’Aconcagua en Argentine.
Nous redescendons en cinq jours, ce qui nous aura permis de passer quasiment trois semaines en haute altitude. La montagne est un monde incroyable, on s’y sent tellement insignifiant face à l’immensité rocheuse, et l’ascension est un peu un défi qu’on se lance. Dans notre cas, le trek du camp de base était une très belle première expérience que nous recommandons vivement : c’est un trek vraiment accessible, aux paysages à couper le souffle.
Finalement, l’EBC fut pour nous une superbe entrée dans le monde de l’alpinisme qui a accompagné notre entrée dans le Corps, où nous attend dorénavant une montagne de défis.
Pierre Caldairou, Lilian Darracq & Pierre Ly
Louis Le Pivain à l'Aconcagua, Noël 2017
Les auteurs avec leur guide depuis le Gokyo Ri (5360m) ; au fond l’Everest
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