SORTIR DES ENERGIES FOSSILES
DES ENGAGEMENTS A TENIR
La France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050, conformément aux objectifs européens et à l’ambition de l’Accord de Paris. Pour atteindre nos objectifs climatiques et renforcer notre souveraineté énergétique, nous visons ainsi à devenir le premier grand pays industriel à sortir des énergies fossiles. Cette transition suppose une accélération sans précédent de notre action climatique.
La France devra désormais baisser ses émissions de gaz à effet de serre de 5 % chaque année entre 2022 et 2030, contre 2 % de réduction annuelle en moyenne de 2017 à 2022, pour atteindre le nouveau jalon fixé avec nos partenaires européens pour 2030 d’avoir une réduction d’au moins 50% en brut par rapport à 1990.
Le défi de la réduction des émissions est immense, et tous les secteurs devront être mobilisés dès maintenant et dans la durée : les transports, le logement, l’industrie, l’agriculture… C’est l’objet des travaux de la Stratégie française pour l’énergie et le climat, pilotée par la DGEC, qui font l’objet d’une mobilisation intense des parties prenantes, des ministères et du secrétariat général à la planification écologique.
Dans le domaine de l’énergie, notre premier objectif est de réduire la consommation d’énergie, par la sobriété et l’efficacité énergétiques. Nous avons d’ores et déjà posé les bases d’une sobriété énergétique pérenne grâce à un plan présenté en octobre 2022 et qui a permis l’hiver dernier de réduire notre consommation d’électricité et de gaz de plus de 10%. Dans la durée, chaque secteur est concerné, et des mesures sont déjà identifiées pour atteindre nos objectifs : rénovation des logements, alternatives à la voiture individuelle, sobriété des process industriels...
La crise de l’hiver 21 22 a conduit à un presque triplement de la facture énergétique sans augmentation de volume, montrant la dépendance de la France aux énergies fossiles
Nous devrons aussi accroitre la production d’énergie décarbonée. L’accélération de la sortie des énergies fossiles suppose l’électrification d’une grande partie de nos consommations futures d’énergie et la décarbonation de l’ensemble de la production de chaleur. L’accélération du développement des énergies renouvelables, en particulier la chaleur, le photovoltaïque et l’éolien en mer, sont des leviers essentiels d’ici à 2030, ainsi que l’augmentation de la puissance disponible et la production annuelle des réacteurs nucléaires existants, dans le respect du cadre de sûreté. A plus long terme, avec la poursuite du développement de toutes les énergies renouvelables, de nouveaux réacteurs nucléaires seront nécessaires pour remplacer les réacteurs actuels.
Une croissance de la part de l’électricité́ dans une réduction globale (source Rapport RTE 2050)
Cette transition, tant du côté des usages que des moyens de production, doit nous conduire à adapter les réseaux de transport et de distribution d’énergie. Ces réseaux ont connu ces dernières années des évolutions majeures, qui devront s’accélérer. Le réseau électrique devra prendre en compte le développement des projets d’électricité renouvelable répartis sur le territoire, prévoir le raccordement d’unités très puissantes comme les parcs éoliens offshore et des futurs réacteurs nucléaires, tout en assurant l’électrification de nouveaux usages très intensifs dans l’industrie, l’alimentation des nouvelles bornes de recharges de véhicules électriques et des électrolyseurs pour la production d’hydrogène. Les réseaux de gaz devront évoluer pour permettre le raccordement de projets de production de gaz renouvelables ou bas carbone, tout en voyant leur utilisation baisser du fait de la réduction globale de la consommation de gaz.
Septembre 2023 : L’OCDE se prononce sur le nucléaire
En préparation de la COP 28 (à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre), une conférence internationale sur l’avenir du nucléaire a été organisée à Paris par le ministère de la Transition énergétique et l’Agence de l’OCDE pour l’énergie nucléaire (NEA), les 28 et 29 septembre 2023. Les 20 ministres participants, dans un communiqué commun, sous le titre «Roadmaps to New Nuclear», ont déclaré leur engagement dans l’énergie nucléaire pour atteindre la neutralité carbone et se sont mis d’accord sur les principes qui doivent guider l’accélération de la construction des nouveaux projets nucléaires. Les thèmes soulevés sont notamment :
Le financement, qui devrait être en partie privé, en faisant reconnaître le classement du nucléaire avec les autres énergies bas carbone ;
Le besoin de coopération, sur les aspects réglementaires comme sur le traitement des déchets ;
Le soutien public à la R&D y compris sur les petits réacteurs (SMR) ;
Les filières industrielles, comprenant le cycle complet du combustible ;
La nécessité d’échanges sur la formation et les compétences ;
Le recours à un soutien public continu ;
Et enfin le développement de systèmes hybrides, combinant par exemple nucléaire et hydrogène.
Les industries invitées se sont également engagées à coopérer et à travailler conjointement avec les financeurs privés et les entités publiques.
Ces transformations doivent se réaliser dans un contexte marqué par les enjeux de sécurité d’approvisionnement. La guerre déclarée par la Russie à l’Ukraine, et la baisse voire l’arrêt des importations de gaz et de produits pétroliers russes qui en a découlé, ont fortement mis sous tension notre sécurité d’approvisionnement. Une partie importante de l’approvisionnement européen en gaz, historiquement assuré par des importations depuis la Russie par gazoduc, a dû se reporter vers des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) par navire. La France s’est pleinement mobilisée afin d’assurer sa sécurité d’approvisionnement tout en exportant un maximum de gaz naturel vers nos voisins européens. Nous allons également réévaluer notre réseau d’infrastructures de stockage de gaz au vu de l’évolution de notre consommation et du nouveau contexte d’approvisionnement.
Enfin, les prix de l’énergie sont un enjeu essentiel, et nous devons préserver le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité de nos entreprises. Notre priorité est notamment de mener à bien la réforme du marché de l’électricité afin de protéger l’ensemble des consommateurs contre des évolutions excessives des prix de marché et de mieux refléter dans les prix qu’ils payent les coûts du système électrique, au service de la décarbonation.
Les équipes de la DGEC restent pleinement engagées pour faire aboutir les travaux de planification énergétique, et leur déclinaison dans les territoires.
Sophie Mourlon a travaillé 8 ans à l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) dont elle a été directrice générale adjointe pendant 3 ans. Après un passage à la cour des comptes, elle devient en 2019 directrice de l’énergie à la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) avant d’en prendre la tête en 2023.
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