UN IA DANS UNE STARTUP D’IA
PORTRAIT DE PIERRE FONTAINE
Installé dans des bureaux près de Montparnasse, Pierre fait partie de la dizaine de salariés d’une startup en IA générative créée il y a un an. Des grands écrans, des projets en mode agile, dans une ambiance de cliquetis, visios, discussions et machines à café.
La CAIA : Pierre, quel est ton parcours, ton profil ?
Pierre Fontaine : J’ai intégré l’X en 2016, où j’ai découvert l’intelligence artificielle et son potentiel époustouflant. Je suis resté sur le plateau pour ma quatrième année, où j’ai suivi le Master 2 en Science des données de l’Institut Polytechnique de Paris, alors tout récemment créé. Après un stage de recherche à l’Inria, j’ai rejoint la DGA pour commencer par quelques mois au sein de la Sous-Direction Afrique et Moyen-Orient de la Direction Internationale avant la FAMIA (promotion IA 2019).
Après un stage à la DRM, mon premier poste fut à DGA IP en tant qu’architecte ROEM aéroporté : il s’agissait essentiellement de mettre à jour des systèmes d’information datant parfois de plusieurs décennies ! Souvent, l’intégration de l’IA présentait un aspect révolutionnaire, tout en relevant de la gageure - notamment dans un contexte embarqué. Je suis ensuite devenu architecte en intelligence artificielle, où j’étais notamment chargé du suivi de sujets d’IA générative pour la DGA.
La CAIA : Comment as-tu décidé de rejoindre Delos Intelligence ?
PF : Un ami d’enfance, Pierre de la Grand’rive, venait de créer l’entreprise avec son frère Thibaut. Nous parlions du projet depuis plusieurs mois déjà, et j’avais acquis la certitude que l’IA générative serait portée par de jeunes structures, car elle suppose un regard radicalement neuf sur les façons de concevoir des solutions applicatives. L’imagination et la création sont au premier plan de cette nouvelle révolution industrielle. Ce qui m’a particulièrement séduit chez Delos est le pragmatisme dans la conception de solutions qui se veulent pensées pour tous, donc simples d’utilisation, bien qu’elles supposent des algorithmes reposant sur une véritable excellence technique. Il n’y avait plus qu’un pas à faire pour rejoindre un ami que j’ai côtoyé sur les bancs du collège, de la prépa et de l’X.
La CAIA : Quel regard poses-tu sur la vie d’une startup ?
PF : Aujourd’hui, ce sont les fleurons de l’innovation technique, dans la mesure où les résultats techniques sont les garants du potentiel de l’entreprise donc de sa viabilité. Il s’agit donc d’allier excellence technique et pragmatisme terrain. L'émulation intellectuelle y est forte, tout en étant aiguillonnée par les retours rapides du terrain.
Pour la majorité des startups, le temps de « l’argent magique » est révolu : il s’agit donc d’atteindre rapidement une autonomie financière pour rester dans la durée. Y travailler permet de comprendre de l’intérieur les enjeux opérationnels, humains, managériaux et financiers, ce qui était loin de mon regard d’architecte à DGA IP, qui se portait davantage sur des contrats passés avec des ESN de plusieurs milliers d’employés.
La CAIA : Quelle est ta perception de l’écosystème de l’intelligence artificielle ?
PF : C’est un monde en plein essor : de nouveaux métiers sont parfois cités : chief data officer, prompt engineer… Il y en aura certainement bientôt une trentaine dans la même veine ! L’IA offre des possibilités auparavant insoupçonnées, ou parfois considérées comme dystopiques, aujourd’hui réalisables grâce à plusieurs raisons : des capacités de calcul à haute performance (notamment grâce à Nvidia), de très faibles coûts de stockage et d’accès à des banques de données massives, des modèles mathématiques performants, et surtout des compétences et outils de développement pour passer très rapidement de l’imagination à l’application.
Actuellement, l‘’IA se développe autour de trois pôles : les GAFAM, la recherche académique et des ETI / startups très spécialisées. Les grandes entreprises paraissent pour une écrasante majorité en retard sur l’IA, et celles qui s’y intéressent s’appuient sur des équipes IA souvent modestes. L’absence des grandes entreprises, les constantes évolutions engendrées par l'innovation et la pléthore de structures très spécialisées confèrent à cet écosystème un aspect assez peu structuré. Géographiquement, l’essentiel se joue entre les Etats-Unis et le Canada, le Japon et la Chine, la Suisse et la France qui n’est d’ailleurs pas du tout en reste.
Enfin, le besoin en données pour l'entraînement des modèles est en croissance constante. L’accès à ces données est l’un des nerfs de la guerre ; il n’est guère régulé aujourd’hui, puisqu’Internet n’a pas de frontières. De fait, l’entraînement des modèles devient de plus en plus opaque : ce sont des boîtes noires qui produisent d’excellents résultats, mais leur explicabilité n’est pas acquise.
Une suite bureautique intégrant nativement l’IA
Le comité de rédaction a pu tester Cosmos pour ce numéro de notre magazine ! L’outil « Scribe » est un assistant d’écriture très efficace pour corriger, rallonger, réduire, trouver des titres ou des chapôs... Une nouvelle manière d’écrire pour se concentrer sur ce que l’on a à dire.
Pour la tester :
Cosmos est une suite logicielle à destination des entreprises, qui permet d'orchestrer les capacités des meilleurs modèles de langage, et d'exploiter leur puissance grâce à de nombreuses applications bureautiques pensées pour le quotidien : « Chat » bien sûr, mais aussi « Trad » pour la traduction, « Docs » pour une « discussion » avec un ou plusieurs documents, « scribe » pour écrire ou amender un texte, un email.
Hébergée en France sur des serveurs souverains, accessible en mode administration pour les salariés d’une organisation comme en mode individuel, Cosmos permet de déployer tout le potentiel de l’IA générative dans un environnement sécurisé.
La CAIA : Pourquoi cet avis sur la place de la France ?
PF : Les ingénieurs français excellent en intelligence artificielle : nous les retrouvons sur le territoire mais aussi massivement outre-Atlantique, ce qui témoigne de l’excellence académique de nos écoles. L’intelligence artificielle est une discipline à la frontière des mathématiques et de l'informatique, mais également de la physique, de la linguistique… Elle suppose par ailleurs une approche très pragmatique : une formation scientifique pluridisciplinaire est donc particulièrement adaptée pour ce domaine.
Par ailleurs, les données sensibles des entreprises ou des particuliers ne peuvent pas être traitées par tout le monde : il existe en effet un réel enjeu de la souveraineté de l’intelligence artificielle. Des initiatives juridiques nationales et européennes vont d’ailleurs en ce sens.
Cosmos, la plateforme d’applications d’IA générative que nous construisons chez Delos Intelligence, incarne ces deux aspects : il s’agit d’un bijou technologique conçu par des ingénieurs français, défiant les solutions concurrentes à l’étranger. Par ailleurs, l’application est intégralement hébergée en France, avec des clauses de sécurité et de confidentialité très élevées. Cosmos répond donc aux attentes précises d’entreprises et d’utilisateurs qui attendent une qualité au niveau de l’état de l’art mais ne peuvent plus risquer les failles de sécurité de solutions d’entités non contrôlées ou dépendant de législations extra-européennes.
La CAIA : Où te vois-tu dans dix ans ?
PF : Bien imprudent celui qui répondrait avec certitude ! Le milieu de l’IA évolue à grande vitesse et nul ne sait à quoi il ressemblera d’ici une dizaine d’années. Il reste encore énormément à faire, il s’agit sans doute du parachèvement de la révolution informatique. Si les perspectives ne sont pas claires, elles promettent d’être passionnantes.
Cependant, je peux avancer deux éléments de réponse : 1° Je souhaiterais revenir au service de l’État à un moment donné, donc naturellement dans le Corps ; 2° Où que je sois, les façons de travailler vont significativement évoluer.
Auteurs
Coach professionnel certifié et accrédité "master practitioner" par l'EMCC.
Fondateur de Blue Work Partners SAS qui propose :<br>
- Formation au leadership
- Coaching de dirigeants
- Accompagnement d'équipes projets
X84, ENSTA, coach certifié IFOD,
Auteur du guide de survie du chef de projet (Dunod 2017).
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