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Tir aux armes automatiques dans le hangar arrière
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01 octobre 2014

DIX IA DANS UN BATEAU
Embarquement sur le Mistral à l’occasion de la Mission Jeanne d’Arc

Le 27 juin dernier, 10 IA et un accompagnateur se sont retrouvés à Québec sous la coupée du Mistral, écrasant de sa haute taille l’ancien quartier portuaire. Intégrés dans l’Ecole d’Application des Officiers de Marine, ils ont pu vivre durant trois semaines intenses la vie du bord, participer aux exercices, faire le quart, et rencontrer leurs homologues d’autres armes, à commencer bien sûr par les bordaches. Un dépaysement ponctué d’escales improbables, et un saut de maturité pour les futurs jeunes managers de la DGA.


Nous étions onze…

Fin juin 2014, une poignée de jeunes français traverse Québec le long du quai Saint André. La vue normalement dégagée sur le Saint Laurent est barrée par un immeuble gris. Le Mistral s’impose, avec son pont d’envol haut de 32 m. Le LV Mériaud nous accueille dans un espace un peu désert. Nous sommes en journée du dimanche en escale. La ville dort aussi et se remet des festivités de la fête nationale du Québec du 23. Les dix jeunes IA n’ont pris qu’un aller simple pour Québec. Le retour s’effectuera par la mer, jusqu’à Toulon. Ils sont répartis par deux dans les postes des élèves de l’Ecole Navale, lesquels voient arriver avec une philosophie qui tournera en amitié ce nouveau contingent de jeunes officiers.

Le Mistral est doté d’une capacité d’accueil exceptionnelle. Long de 200 m, découpé en six ponts sous la plateforme d’envol puis quatre autres jusqu’à la passerelle, il possède plusieurs milliers de locaux. Les inspections de tranches sont un vrai défi ! La moitié avant est la zone vie, établie sous standards civils. On peut loger 600 personnes en plus de l’équipage de 170 personnes, héberger un hôpital de plus de 60 lits, ainsi qu’un état-major ou comme ici l’Ecole d’Application des Officiers de Marine. Elle occupe 850 m2, avec salles de cours, espaces de travail et amphithéâtre. La moitié arrière ne comprend que quatre niveaux : un immense radier habillé de bois aux allures de piscine olympique, dans lequel sont alignées des embarcations jusqu’à vingt mètres de large, elles-mêmes embarquant des engins terrestres. Un système de ballastage permet d’inonder cette zone, d’ouvrir la porte arrière et de débarquer. Au dessus, un pont réservé aux engins roulants peut accueillir un escadron de chars Leclerc ou tous types de véhicules. Encore au dessus, le hangar hélicoptères paraît vide. Il ne contient que cinq hélicoptères pour la mission Jeanne d’Arc, deux Pumas et deux Gazelles de l’ALAT de Pau, et une Alouette de la Marine avec leurs équipages, chiens jaunes et techniciens. Deux grands ascenseurs rejoignent le pont d’envol, large de 32 mètres. Côté propulsion, une usine électrique envoie du MT vers deux pods orientables à 360°. Ils sont complétés par un propulseur d’étrave particulièrement appréciable lors des manœuvres en raison de la forte prise au vent du navire.

Après une petite visite de la région, c’est dans le hangar hélico que tout le monde se retrouve pour l’un des cocktails à vocation diplomatique avec les autorités de la province du Québec, de la ville et de la société civile. Les jeunes IA plongent aussi dans le bain des exportations de défense avec un « SOUTEX », rencontre organisée entre des entreprises françaises et des potentiels acheteurs. DCNS et MBDA y présentent leurs offres sous la conduite du CV Balducchi, attaché de défense à l’ambassade de France à Ottawa.

Le lendemain, on appareille vers Saint Pierre et Miquelon en descendant le Saint Laurent jusqu’à Terre Neuve. Les IA participent au poste de bande, en uniforme. Alignés le long du bord, ils honorent le pays visité, … et observent la manœuvre. Dans la journée, le Mistral accompagné du La Fayette doit passer sous une ligne à haute tension dont le point bas est à 55 m. les aériens du BPC atteignent 52 m ! La vie de l’école reprend son cours. Les IA suivent un programme de formation adapté de celui des officiers élèves, bien qu’ils soient avec leurs trois galons plutôt « stagiaires » qu’élèves. Tout au long de la journée se succèdent cours magistraux, préparations puis déroulement d’exercices collectifs : MACOPEX, simulation de frappe par un missile, PRERAM, ravitaillement en carburant, exercices incendie.

Après les premiers jours, une fois les six heures de décalage horaires avalées, des périodes de quart viennent s’ajouter aux cours. On se retrouve dans l’ambiance des exercices tactiques de type SYNTEX, où le MISTRAL et la frégate simulent différents types de menaces. Le mélange de moyens aériens, terrestres, navals, la densité des informations qui arrivent déconcertent au premier abord. Les quarts de nuit sont plus intimes, avec ce sentiment de veiller sur un grand corps vivant.

Le périple vers Toulon se poursuit, ponctué d’une escale d’une journée à Saint Pierre. Le Pacha du Mistral, le CV François-Xavier Polderman, accoste – et c’est une première pour un BPC – sur le quai de la pêcherie, large de 50 m à peine. La mention « Bienvenue en France » peinte au sol témoigne du fort sentiment français de Saint-Pierre et Miquelon. Dans cette région, les eaux sont glaciales. En ce début d’été, le courant du Labrador est à 6 degrés. L’air étant à 20°, un brouillard tenace limite la vue à quelques mètres. Durant trois jours, la corne de brume résonne toutes les deux minutes, les exercices en extérieur sont reportés et on s’éloigne prudemment des localisations connues des plus gros icebergs.

Dans leur programme, les IA participent également à des activités plus physiques. Séances de sport et de combat, tir aux armes de poing et au fusil mitrailleur, visite complète du bord avec équipement lourd anti-feu, VISITEX, visite en armes d’un navire suspect…

Après leur formation humaine et militaire en première année de l’X, et le stage dans les armées dont ils sortent à peine, la chose militaire n’est pas une découverte. Mais elle participe à leur vocation d’ingénieurs militaires pour qui le contact avec les fusiliers est toujours vivifiant !

Le côté ingénieur n’est pas en reste : les officiers du bord offrent de leur temps pour présenter l’organisation technique du bord. C’est l’occasion de visiter la propulsion d’un navire électrique, les systèmes de ballastage, les équipements électroniques… vus de l’utilisateur. Les différences de conception entre la partie « militaire » et la partie « civile » du navire apparaissent très clairement. Et d’autant plus qu’un transfert vers le La Fayette, Frégate Légère Furtive leur permet de découvrir un navire purement guerrier et son équipage, sous le commandement du CV Serge Bordarier.

La Mission Jeanne d’Arc est aussi un lieu « interamées ». Le commandant adjoint de l’ALAT présente son retour d’expérience dans la mise en œuvre d’hélicoptères sur les terrains d’opérations. Passionnant.

Un ancien officier programme nous parle aussi avec humour des différences de point de vue entre concepteurs et opérationnels. Un exemple me frappe : en opérations, il faut tirer le maximum des équipements. Les ordres de circonstances du commandant ont fait l’objet de 20 optimisations successives au fil des années. Au contraire, en conception, le maximum n’existe pas et il faut sans cesse recadrer vers un optimum global. Eviter qu’un sous-système impose des contraintes trop fortes, renoncer à certaines options pourtant utiles qui compromettraient le programme.

Mon rôle d’instructeur est également assez prenant : préparation du programme de cours, rencontres, quelques conférences sur le management de projet, l’ingénierie système et la vocation professionnelle. J’anime également les ateliers sur la posture de jeune manager durant une trentaine d’heures. Tout en utilisant les communications avec la terre pour traiter les urgences.

Après une dernière escale aux Açores et un passage devant le rocher de Gibraltar au poste de combat, l’ambiance devient fébrile. C’est le terme de quatre mois et demi de mission, les rapports doivent être relus et signés, les bagages faits, les équipements de l’Ecole entièrement démontés. Une cérémonie de remise des diplômes se tient en baie d’Hyères. Un peu plus tard, nous accostons à Toulon alors que sur le quai, les familles attendent leurs chéris au son de la fanfare des équipages. En débarquant, je souhaite remercier pour ma part les pachas et leurs équipages, la Marine et la DGA qui ont permis de renouer avec une tradition d’embarquement dont les premiers fruits sont déjà visibles.

Bon vent aux jeunes IA !  

 

 

 

… et sport de combat.

 

Promotion des jeunes IA X 2009.

 

Exercice de PRERAM entre le Mistral et la "conserve" par mer d’huile

Auteur

Rédacteur en chef du magazine des ingénieurs de l'Armement.
Coach professionnel certifié et accrédité "master practitioner" par l'EMCC.
Fondateur de Blue Work Partners SAS qui propose :<br>
- Formation au leadership
- Coaching de dirigeants
- Accompagnement d'équipes projets
X84, ENSTA, coach certifié IFOD,
Auteur du guide de survie du chef de projet (Dunod 2017).
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