INTÉGRER LE CORPS DE L’ARMEMENT
COMMENT L’OPPORTUNITÉ SE TRANSFORME EN ÉVIDENCE
Alors que l’entrepreneuriat séduit toujours plus de jeunes polytechniciens pour le sentiment de liberté qu’il inspire et que les grands corps techniques peinent à faire le plein, certains irréductibles choisissent encore d’apposer leur signature sur la fameuse « fiche de botte » pour s’engager durablement à servir l’État. Alors qu’est-ce que la DGA peut-il bien inspirer de plus que Marc Zuckerberg ?
En entrant à l’École polytechnique, je n’avais absolument pas imaginé intégrer le Corps de l’Armement mais avec le recul, cette décision importante me semble finalement tout à fait naturelle. Il faut dire qu’après un parcours somme toute très classique : maths sup, maths spé, je me retrouvais dans la même situation qu’une forte proportion des jeunes X, c’est-à-dire sans aucune idée de ce que je souhaitais faire plus tard.
Certes, l’uniforme me faisait rêver depuis des années déjà et mon goût pour les sciences m’avait naturellement poussé vers une carrière d’ingénieur, mais de nombreuses autres opportunités s’offraient également, toutes plus alléchantes les unes que les autres. Après tout pourquoi ne pas au moins considérer une carrière d’ingénieur civil ou bien dans la finance ? Je me rends donc à diverses présentations, amphis, événements mais rien ne me fait vraiment vibrer. À l’inverse, mon expérience de chef de section en début de troisième année pour la FMI de la promotion 2014 est un des moments les plus forts de ma scolarité. Ce petit mois à porter le treillis me rappelle que je me sens pleinement à ma place au contact des forces, mais il me fait également prendre conscience que mon potentiel est davantage exploitable dans un univers plus technique qu’opérationnel.
Dans un deuxième temps, l’amphi « retape » a sans doute été une des étapes déterminantes dans le processus de choix, c’est l’occasion d’évaluer et de comparer différents employeurs potentiels dans un exercice encadré. Discours clair et exposé structuré, postes variés à la DGA mais aussi et surtout en dehors, je prends pour la première fois conscience de la richesse des métiers du Corps. Ce sont pourtant finalement deux témoignages d’actuels ingénieurs qui vont me faire le plus d’effet : le premier témoignage d’ingénieur (une femme) raconte comment le treuil d’hélicoptère qu’elle a validé a permis de sauver des vies en mer, ce qui incarne à mon sens une des plus belles prérogatives de l’ingénieur : mettre la technique au service des autres. Le second, quant à lui, aura cette phrase : « Ingénieur de l’Armement c’est faire le choix d’une vie moins ordinaire. » Puisse l’avenir lui donner raison !
Cependant je dépose tout de même des candidatures pour des PhD outre-Atlantique car j’ai le sentiment qu’après avoir terminé Polytechnique, je ne serai pas encore à la pointe de mon domaine. Le Corps propose bien des formations par la recherche mais mon projet n’est alors pas assez mature pour monter un dossier et je tiens par ailleurs absolument à retourner auprès des forces pour effectuer un deuxième stage opérationnel ce qui est difficilement compatible avec ce type de formation. Et puis surviennent les attaques terroristes de janvier 2015. Peut-être parce qu’elles ont eu lieu à deux pas de chez moi, peut-être parce qu’elles ont réveillé mon patriotisme ou tout simplement parce qu’elles s’en prenaient à une République et à une démocratie à qui je dois déjà beaucoup, ces attentats m’ont particulièrement ému. J’ai ressenti comme un devoir moral, moi sur qui la France avait déjà investi en tant que polytechnicien, de mettre mes futures compétences au service de sa défense et des valeurs qu’elle incarne. Les candidatures en PhD n’ayant pas abouti, tout devenait évident, je deviendrai ingénieur de l’Armement !
J’ai donc entamé récemment ma formation de quatrième année qui sera, je l’espère, pleine d’aventures. Comme je le faisais chanter aux 2014 : « La route vers l’inconnu est toujours bienvenue.»
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