HOMMAGE À HENRI MARTRE
Henri Martre est né en 1928 à Bélesta dans l’Ariège. Polytechnicien de la promotion 1947, il a choisi le corps des Télécommunications d’armement et obtenu le diplôme de l’École Nationale Supérieure des Télécommunications.
Affecté à la Section d’Études et de Fabrication des Télécommunications (SEFT) à Issy les Moulineaux, en 1952, il y restera jusqu’en 1959 avant de rejoindre la Direction des études et fabrications d’armement, puis en 1964 le Service central des télécommunications et de l’informatique. En 1966 il est affecté à la direction des programmes et des affaires industrielles de l’armement dont il prend la direction de 1971 à 1974 avant de devenir l’adjoint du délégué ministériel pour l’armement Jean-Laurens Delpech et de lui succéder en 1977.
A la tête de la DGA, il s’investira fortement pour défendre la dissuasion nucléaire au moment de l’arrivée du Président François Mitterrand en 1981. Son action sera déterminante pour la force océanique stratégique en assurant la présence à la mer de trois sous-marins nucléaires lanceurs d’engins équipés de M4, mais aussi pour les Forces aériennes stratégiques avec le couple Mirage 2000 N et missile ASMP et pour le SSBS S3 terrestre. Les programmes conventionnels ne seront pas oubliés avec, en particulier le Mirage 2000 C et le lancement du programme de nouveau char qui prendra le nom de Leclerc en 1986. Sous son autorité, le management des programmes d’armement bénéficie de deux atouts majeurs – une conduite rigoureuse de la programmation et le phasage (faisabilité, définition, développement production) – qui favorisent l’anticipation et permettent d’éviter les perturbations catastrophiques liées au tarissement brutal des moyens financiers. Enfin il sera très actif pour soutenir l’exportation d’armement qui culmine à 61 GF en 1984. On peut notamment évoquer le contrat Sawari 1, conclu avec l’Arabie saoudite pour un montant record de 12 250 MF.
En 1983 il est nommé Président directeur général de l’Aérospatiale. Il y décidera, en particulier, le lancement du programme de l’Airbus A320, qui rencontrera le succès commercial que nous connaissons. Après avoir quitté la présidence de l‘Aérospatiale en 1992, il continuera à s’investir pour la défense de l’industrie française de défense, d’électronique et d’aéronautique en prenant des responsabilités très diverses : GIFAS, AFNOR, Association européenne des constructeurs de matériels aéronautiques, Conseil consultatif de la Banque de France, Académie d’Intelligence économique après son rapport sur le sujet, administrateur de plusieurs sociétés, etc.
Il fut aussi le premier vice-président du Conseil général de l’armement, créé par André Giraud en 1988, en s’inspirant du Conseil général des Mines, contre l’avis de la DGA de l’époque, il faudra donc toute la pugnacité d’Henri Martre pour obtenir d’Alain Joxe un rôle effectif de ce conseil afin qu’il puisse mettre en œuvre les idées qu’il avait pour donner au corps de l’armement la place qu’il mérite dans notre pays.
Il fut à la fois un grand serviteur de l’État et un grand patron industriel, attaché à la défense des intérêts de son pays. Grand-croix de la Légion d’Honneur, Commandeur de l’Ordre national du Mérite, il était aussi honoré par de nombreuses décorations étrangères.
Il fut un des grands architectes de l’industrie européenne et un des pères de la pensée française en matière d’intelligence économique.
Nombre d’entre nous purent admirer son immense capacité de travail et apprécier son indéfectible et souriante courtoisie.
Il nous a quittés le 3 juillet 2018.
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