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Couverture du livre de Marc Desfourneaux
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15 mars 2021

MARC DÉFOURNEAUX, INGÉNIEUR DE L’ARMEMENT
ET MILITAIRE CONVAINCU

Marc Désfourneaux, qui nous a quittés en 2017 a eu une carrière partagée entre l'activité scientifique et technique et l'action militaire sur le terrain, sans oublier la passion du vide, avec plus de 4000 sauts en parachute. Une personnalité hors du commun.


En 2007, le prix Edmond Fréville a été attribué à Marc Défourneaux, ingénieur général de l’armement, pour son livre « Force des armes, force des hommes », publié en 2005 aux éditions L’Harmattan. Le prix Edmond Fréville est un prix décerné chaque année par l’Académie des sciences morales et politiques. Cette distinction a été l’occasion d’une interview, le 7 novembre 2007, de l’auteur de l’ouvrage par le général Michel Forget, correspondant de l’Académie des sciences morales et politiques et membre du jury du prix Fréville. Lors de cette intervention, Marc Défourneaux a précisé sa pensée sur l’opposition entre force et faiblesse des hommes, sur les stratégies de conduite des conflits asymétriques du fort au faible, et sur les rapports entre stratégie et éthique.
Marc Défourneaux considère qu’on raisonne trop souvent en force, mais pas en vulnérabilité. Le rapport de force n’est pas aussi important que nos technologies pourraient le laisser croire, car l’agresseur devient de moins en moins vulnérable à ces armes du fort. La croyance en la haute technologie conduit à des erreurs de jugement car elle ne tient pas compte de l’homme et son comportement dans le combat. Les exemples contemporains le montre bien dans la lutte contre le terrorisme.
La cuirasse n’a guère évolué, alors que l’homme a atteint un niveau de technologie exorbitant : avec un missile, un homme seul peut détruire un char de plusieurs tonnes. Il ne faut pas se laisser éblouir par la technologie. Elle a profité au fort. Mais l’idée de pouvoir faire la guerre sans mettre en place des hommes au sol est une illusion. On répugne à exposer nos combattants par peur de les perdre. C’est une faiblesse de nos sociétés modernes.
Nos sociétés démocratiques et humanistes sont atteintes d’un angélisme déplacé. L’éthique et la dictature du « zéro mort », qui est une noblesse de la pensée moderne, se heurtent à des philosophies d’agresseurs qui n’ont pas les mêmes priorités et à qui la mort n’inspire pas le même respect et n’a pas la même priorité.
L’homme sera-t-il capable de survivre aux excès de sa formidable intelligence ?
Les conclusions de Marc Défourneaux sont pessimistes. Il dénonce nos faiblesses d’aujourd’hui : manie de la repentance, angélisme du discours, illusion des guerres propres, dictature du risque zéro. Le développement de la génétique pour tenter de maîtriser la nature dans le développement de l’humanité l’inquiète profondément. A la culture occidentale humaniste imprégnée de références judéo-chrétiennes s’opposent des fanatismes religieux. Au respect des faibles dont la civilisation fait grand cas, surtout sous l’œil des médias souvent érigés en professeurs de vertus s’oppose certains chantages et abus. Les excès de confiance démobilisateurs que procure la force des armes technologiques font parfois oublier que l’asymétrie des conflits réside aussi dans la force des hommes.
Bien que l’ouvrage ait été publié il y a quinze ans, ces propos sont actuels et résonnent encore terriblement aujourd’hui dans le contexte que nous connaissons !
C’est au cours d’une carrière partagée entre l’activité scientifique et technique, et l’action militaire sur le terrain que Marc Défourneaux a pu approfondir sa réflexion philosophique sur la guerre et les hommes.
Polytechnicien de la promotion 1957, ancien élève de l’Ecole nationale supérieure des Poudres, et docteur ès-sciences, a cultivé toute sa vie une passion pour le parachutisme. A sa sortie de l’X, il se fait affecter au 35e régiment d’artillerie parachutiste en Algérie. Il poursuit ensuite sa carrière successivement à la Poudrerie nationale de Saint-Médard, à l’Institut franco-allemand de Saint-Louis, avant d’aller au Centre d’Etudes de Gramat (alors à la DGA).
Il passera ensuite quatre ans à la Direction des affaires internationales de la DGA, cinq ans à la DRET, et un an au GIAT avant de prendre la responsabilité de l’enseignement scientifique à SaintCyr Coëtquidan. Il finira dans le poste d’adjoint au général commandant la première armée.
Une carrière bien remplie avec une « rage » de sauter en parachute. Breveté « para militaire » en 1959, pilote d’avion, il consacrera ses loisirs au parachutisme sportif comme moniteur et compétiteur jusqu’à ce qu’un grave accident l’écarte des championnats en 1970. Il aura réalisé 4 000 sauts, parcouru 7 000 kilomètres en chute libre et passé 26h45 dans le ciel!
Marc Défourneaux est décédé en mai 2017.
Marc Défourneaux est aussi écrivain. Outre son ouvrage « Force des armes, force des hommes », il a écrit d’autres analyses sur la guerre, « Guerre des armes, guerre des hommes » paru en 1994, « De l’esprit de Munich au syndrome de Bagdad en 2006 ». En qualité d’ingénieur il a rédigé plusieurs opuscules scientifiques en cours de carrière, et un « Do you speak science ? Comment s’exprimer en anglais scientifique » en 1980, assez renommé. Enfin en 1981 il rédigera « l’appel du vide » qui symbolise son attachement à sa passion du saut dans le vide.

Auteur

Daniel Jouan a effectué sa carrière à la DGA, d’abord dans des fonctions techniques au profit des programmes de dissuasion nucléaire (MSBS et Pluton), ensuite dans le suivi de l’activité industrielle de l’armement, et a quitté le service en 2005 après avoir été chargé de la gestion financière des études et recherches de défense. Voir les 13 Voir les autres publications de l’auteur(trice)
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