Leader français du secteur de la pyrotechnie de précision et filiale dite « stratégique » par l’État, Pyroalliance (200 collaborateurs – 35M€ de CA) contribue avec succès aux plus grands programmes de missiles tactiques et de lanceurs spatiaux européens. La société conçoit et produit des équipements dédiés aux fonctions dites « critiques » des systèmes qui les embarquent : allumage moteur, transmission d’ordres, séparations d’étages, actionnements et déploiements de structures, neutralisation et sauvegarde, fragilisation de verrières, etc. Comme beaucoup d’acteurs du secteur, elle fait face à des augmentations de cadence d’un facteur deux, trois, voire quatre selon les produits !

Satisfaire les clients souverains et les autres !

Quand les commandes s’accumulent à un rythme sans précédent, il s’agit de trouver des réponses, et vite, car les enjeux de souveraineté ne se négocient pas ! Pour autant, est-il concevable que ces commandes se fassent au détriment d’autres clients non moins fidèles ? Une PME multisectorielle peut-elle se permettre de sacrifier une moitié de ses clients ?

Pour résoudre cette équation complexe mais passionnante, Pyroalliance a décidé de déployer toutes ses ressources, d’en convoquer de nouvelles, et d’engager le dialogue avec tous ses partenaires – fournisseurs, clients, conseils, partenaires institutionnels !

Voici les principales actions qui en ont résulté, sur l’ensemble du processus de production.

Organiser la supply chain plus en amont des besoins 

Nos grands postes d’approvisionnement composants pyrotechniques (initiateurs, détonateurs...), poudres et explosifs (compositions pyrotechniques, propergols...), pièces mécaniques (tubes, pièces usinées...) – correspondent quasiment tous à des secteurs en tension, confrontés au même contexte. Un projet de transformation de notre « sourcing » a permis de faire évoluer les pratiques pour un meilleur partage des besoins en amont avec nos fournisseurs. La sécurisation des approvisionnements s’est améliorée par l’anticipation et, avec le soutien financier de nos clients, par l’augmentation des niveaux de stocks, que ce soit sur nos sites ou chez nos fournisseurs.

Moderniser les moyens industriels 

Le Plan de Relance Aéronautique lancé au moment de la crise COVID avait déjà initié un renforcement industriel. En combinant le soutien de certains clients avec ses ressources propres, Pyroalliance a ainsi investi pour numériser ses ateliers, moderniser les Interfaces Homme-Machine de ses moyens de production, et dupliquer certaines machines afin de faire sauter les goulots d’étranglement. La modernisation de son ERP avec la mise en œuvre d’un module DDMRP a aussi permis de mieux prendre en compte les cycles dans la planification et de mieux anticiper les niveaux de stocks nécessaires.

Recruter et mieux organiser les équipes

Une organisation de « travail en équipe » (en 2x8 avec recouvrement d’une heure pour la transmission de consignes), combinée à une montée ajustée des effectifs, a permis d’augmenter significativement le temps d’exploitation de certaines machines identifiées comme goulots d’étranglement. D’autres ressorts d’optimisation ont aussi permis d’accélérer l’habilitation(1) des nouveaux arrivants en les habilitant par poste et non plus par produits (granularité plus fine des périmètres d’habilitation), avec pour bénéfice une entrée en fonction plus rapide des opérateurs.

Optimiser les flux industriels

Engagée depuis de nombreuses années dans une démarche d’amélioration continue, Pyroalliance a pu bénéficier de tous les gains acquis au fil de l’eau dans différents types de chantiers : « Lean » de diagnostic, d’analyse et de mise en place d’outils opérationnels du type Ishikawa, 5S, VSM, etc. Un nouvel exercice de VSM a permis d’identifier et d’actionner de nouveaux leviers d’optimisation.

« TOUTE UNE COMMUNAUTÉ MOBILISÉE ! »

Enfin le contexte est une incroyable opportunité pour mobiliser de nouveaux leviers ou modes d’action vers l’objectif visé... Le vocable « économie de guerre » est une source de motivation première pour les équipes et la mobilisation des « troupes » est, chez nous aussi, une réalité. Le « patriotisme », dans le bon sens du terme, existe bel et bien, y compris chez les industriels dont les personnels sont conscients et imprégnés du sens de leur mission ! En clair, un défi qui a du sens et toute l’entreprise se mobilise ! Et c’est heureux car toutes les optimisations listées plus haut ne se font pas sans transpirer et sollicitent aussi la capacité d’acceptation du changement de tous les collaborateurs !

Ce contexte crée aussi enfin un climat propice à la coopération : une forme de solidarité se ressent dans toute la chaine, des fournisseurs aux clients qui font tous leurs meilleurs efforts pour résoudre les difficultés et fluidifier les processus. Enfin, les institutions ne sont pas en reste, au premier rang desquelles la DGA et sa Direction de l’Industrie de défense (DID) qui nous a permis de bénéficier, sur son site de Toulon, d’un précieux accompagnement pour notre montée en cadence (voir encadré). En actionnant et combinant ces leviers, des PME peuvent se dépasser. C’est toute l’ambition de Pyroalliance, au service de ses clients et de leurs enjeux de souveraineté.

1. Notre métier exige que les nouvelles recrues suivent un programme précis de formation et d’habilitation à nos opérations sur équipements pyrotechniques. Ceci exige un temps d’immersion et d’acquisition des processus de fabrication.

François Degryse François Degryse, IPA, Directeur de la Stratégie et du Marketing, Pyroalliance Après 10 ans à la DGA essentiellement consacrés aux programmes spatiaux militaires, François Degryse (X93/SupAero) rejoint Astrium Services en 2008 puis Astrium Space Transportation en 2012. Impliqué en 2015-2016 dans la genèse du programme Ariane 6 chez Airbus Safran Launchers, François rejoint Pyroalliance, filiale d’Ariane-Group en 2017.

Marie-Pierre Savry Marie-Pierre Savry, Service de la Performance et de la Qualité Industrielles depuis juin 2023. Marie-Pierre Salvy a commencé sa carrière à DGA Essais Propulseurs. Après avoir rejoint l’Atelier Industriel de l’Aéronautique de Bordeaux, elle devient en 2019 chef du département technique de l’AIA.