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Un campus toulousain très international
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18 juin 2021

LES COOPERATIONS FUTURES SE PREPARENT DES L'ECOLE
L’EXEMPLE DE L’ISAE-SUPAERO

Pas de coopérations internationales sans des hommes et des femmes capables de les porter ! Comment y prépare-t-on les futurs cadres du secteur aérospatial ? En internationalisant campus et cursus. Et les écoles d’ingénieurs françaises sont à la pointe mondiale en la matière.


Des cursus de formation qui ouvrent nos jeunes ingénieurs à l’international

La meilleure façon de se préparer à travailler avec des partenaires internationaux, c’est de passer plusieurs mois en immersion à l’étranger, pour perfectionner la maîtrise d’une autre langue, mais surtout pour prendre du recul par rapport à son milieu, et appréhender les ressorts d’une autre culture. Le cliché de l’ingénieur français très compétent mais incapable de s’exprimer en anglais n’était pas sans fondement il y a vingt ans de cela. Jusqu’au début des années 90, rares étaient les jeunes diplômés qui avaient passé une partie de leur cursus à l’étranger. Aujourd’hui, la situation est inversée : dans la plupart des écoles d’ingénieurs, avoir passé plusieurs mois à l’étranger est devenu obligatoire pour pouvoir être diplômé ! A l’ISAE-SUPAERO, la durée moyenne de l’expérience internationale des jeunes diplômés était ainsi de 8 mois avant le Covid.

Cette évolution s’inscrit dans la mondialisation croissante de l’enseignement supérieur : en 2019, plus de 5,5 millions de jeunes ont quitté leur pays pour aller étudier ailleurs, alors qu’ils n’étaient que 2 millions en l’an 2000. Cette mobilité concerne en particulier les meilleurs étudiants, qui recherchent un badge d’excellence international en rejoignant les institutions les plus prestigieuses dans leur domaine d’étude. Cela conduit mécaniquement ces institutions à accueillir une forte proportion d’étudiants étrangers – non seulement parce qu’ils sont nombreux à frapper à la porte, mais aussi parce que c’est nécessaire pour démontrer la valeur internationale de leur diplôme, et donc continuer à attirer les meilleurs, y compris dans leur propre pays.

Mais en dehors de ces institutions d’excellence mondiale, dont les campus cosmopolites accueillent souvent plus de 30 % d’étudiants étrangers, le phénomène reste encore marginal, et très variable selon les pays. Au niveau mondial, en 2019, un étudiant sur 40 était en mobilité internationale. Le chiffre est plus élevé en France, où il s’approche d’un étudiant sur 20, mais reste inférieur à 1% aux Etats-Unis. Moins de 3 % des étudiants américains ont passé plus de six mois à l’étranger avant l’obtention de leur diplôme.

Ces chiffres font ressortir le caractère exceptionnel de l’ouverture internationale systématique qui est comprise dans la formation des ingénieurs français. Pour permettre à leurs étudiants d’acquérir cette expérience internationale, les écoles d’ingénieurs ont développé l’enseignement des langues, rendu leurs cursus flexibles, et noué des accords d’échange dans le monde entier. Ces accords peuvent porter sur la reconnaissance mutuelle des crédits académiques ou sur la mise en place de parcours de double diplôme : l’ISAE-SUPAERO en a signé 100, sur tous les continents. Il faut également permettre à tous les étudiants de financer leur projet, c’est pourquoi en complément des bourses Erasmus qui concernent les mobilités en Europe, l’ISAE-SUPAERO s’appuie sur sa Fondation pour accompagner certains étudiants qui partent sur d’autres continents.

L’accueil d’étudiants étrangers, un levier fort pour les coopérations futures.

Accueillir sur nos campus français les futurs cadres de nos pays partenaires pendant un an ou deux est également un moyen très efficace de faciliter les coopérations futures. Les écoles d’ingénieurs sont nombreuses à s’être engagées dans le développement de cursus en anglais pour accueillir des étudiants non-francophones, qui apprennent le français après leur arrivée. Cela passe souvent par la création d’un programme spécifique de Master en anglais, à côté du cursus ingénieur. Au-delà de la langue, ce cursus est plus lisible à l’international et permet de mieux prendre en compte le bagage des recrues internationales en sortie de bachelor, qui est différent de celui des élèves-ingénieurs qui sortent de classes préparatoires. L’ISAE-SUPAERO opère aujourd’hui une quinzaine de programmes diplômants en anglais, qui accueillent près de 500 étudiants, aux 2/3 étrangers. A l’issue de ces formations, la moitié des diplômés étrangers trouve un emploi dans l’industrie française, irriguant ainsi notre vivier d’ingénieurs, et l’autre moitié repartent dans leur pays d’origine, où ils constituent un réseau d’alumni précieux pour de futures coopérations.

Au niveau Master, la compétition est mondiale et les grandes universités déroulent le tapis rouge pour attirer les meilleurs étudiants internationaux. En pratique, ces universités les exonèrent de droits et leur offrent une bourse de vie ou un emploi de « teaching assistant ». Nos partenaires industriels comme Airbus, Thales ou MBDA ont bien compris tout l’intérêt de faire venir des jeunes brillants sur nos campus, et nous aident à mettre en place les bourses d’excellence qui nous permettent de jouer à armes égales avec nos concurrents internationaux.

Le challenge suivant est celui de l’intégration d’une population cosmopolite sur notre campus : équipes bilingues, offre de formation « Français Langue Etrangère », sessions d’harmonisation des connaissances à l’arrivée, séminaire interculturel pour mélanger les populations, … autant d’actions qui sont nécessaires pour bien accueillir nos étudiants en provenance du monde entier, et en faire à terme des ambassadeurs de notre culture et des points d’appui pour les coopérations futures !

Quelles mobilités pendant la crise Covid ?

La crise brutale du Covid a fortement perturbé les mobilités étudiantes depuis mars 2020, mais est très loin de les avoir arrêtées. Les déplacements de courte durée ont été annulés, beaucoup de stages ont basculé en distanciel, mais les restrictions purement sanitaires (quarantaines, tests…) ont rarement été bloquantes pour des séjours académiques de longue durée (un an ou plus). Nos étudiants français ont recentré leurs mobilités sur l’Europe ; en revanche, nous n’avons pas noté de modification majeure de la provenance de nos étudiants étrangers.

Alors que certaines grandes universités internationales ont annoncé au printemps 2020 qu’elles basculaient leur enseignement à distance pour 2020-21, l’ISAE-SUPAERO a fait le choix inverse, en assurant ses étudiants que le campus leur resterait ouvert et que l’enseignement se déroulerait autant que possible en présentiel. Comme nos candidats étrangers ne cherchent pas seulement un diplôme, mais une vraie expérience étudiante sur un campus comme le nôtre, nous n’avons jamais eu autant d’étrangers inscrits qu’à l’été 2020 ! 10 % d’entre eux ont cependant dû renoncer à leur projet pour des raisons financières (l’impact économique de la crise étant sensible dans les pays émergents) ou administratives (la délivrance de certains visas français ayant pris du retard).

Quelles perspectives après la crise ?

Comme nous avons pu le vérifier pendant la crise, le souhait de mobilité est intact chez les étudiants à fort potentiel. Il est donc très probable que la mobilité étudiante internationale reprendra sa progression une fois la crise passée, qu’il s’agisse de nos étudiants français partant à l’étranger, ou des étudiants étrangers venant étudier chez nous. Les expériences de stages ou de formation « à l’étranger à distance » vécues par certains de nos étudiants pendant la crise ont permis de parer au plus pressé, mais elles ont aussi démontré que rien ne remplace une immersion de plusieurs mois dans un autre milieu et une autre culture pour prendre conscience de la diversité du monde et développer la capacité de la maîtriser. C’est pourquoi nos écoles continueront à exiger de leurs étudiants qu’ils acquièrent une vraie expérience à l’étranger pendant leur cursus, et resteront ainsi à la pointe mondiale pour faire de leurs diplômés les futurs porteurs de nouvelles coopérations internationales !


Un campus international à Toulouse

Si les étudiants étrangers sont près de 20 % en dernière année du cursus ingénieur enseigné en français, ils sont entre 30 et 90 % dans les programmes de master et de mastère spécialisé délivrés en anglais, et près de 40 % en doctorat. Au final, sur l’ensemble des 700 diplômés annuels de l’ISAE-SUPAERO, on compte 40 % d’étudiants internationaux, en provenance de tous les continents.

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