LES PROGRAMMES NAVALS NATIONAUX : VITRINE POUR L’EXPORT
Les programmes conduits par l’unité de management opérations d’armement navales (UM NAV) de la direction des opérations de la DGA répondent exclusivement au besoin d’équipement des forces navales françaises, la marine nationale, la gendarmerie… Pourtant, ils sont réalisés dans un environnement qui ne peut plus ignorer la dimension export.
Les principales réalisations conduites actuellement par l’UM NAV sont les sous-marins nucléaires d’attaque Barracuda et leurs futures torpilles lourdes F21, les frégates multi-missions FREMM ainsi que quelques navires de second rang, comme des patrouilleurs ou des bâtiments de soutien. Ces programmes présentent chacun une façon différente d’appréhender l’export.
Soutien technique à l’export : exemple des sous-marins
Les sous-marins pour la marine nationale sont tous à propulsion nucléaire. Ces bijoux technologiques ne sont évidemment pas à mettre sur le marché export. Ils constituent toutefois une vitrine de notre savoir-faire et montrent aux éventuels clients étrangers que l’industrie nationale sait répondre à des exigences qui vont bien au-delà de leurs besoins.
Sans même aborder le mode de propulsion, les sous-marins nucléaires d’attaque Barracuda, en cours de réalisation, relèvent des défis technologiques passionnants : plus grands, plus puissants et plus silencieux que leurs aînés de classe Rubis, ils disposeront de nouvelles capacités en matière de renseignement et d’opérations spéciales ; ils sont conçus pour pouvoir accueillir un groupe de commandos avec leurs matériels et les mettre en œuvre en immersion grâce à un shelter amovible situé derrière le massif ; leur armement est ultra-moderne avec notamment le missile de croisière naval MDCN, la nouvelle torpille lourde F21 et les missiles antinavire SM39 Block2 Mod2. Pourtant, le programme Barracuda a un autre défi à relever : il doit pérenniser, au plus haut niveau technique, la BITD sous-marine jusqu’au lancement de la réalisation des futurs sous-marins nucléaires lanceurs d’engins. Mais la pression budgétaire, en réduisant les investissements consacrés au programme Barracuda, imposera que d’autres commandes viennent soutenir l’industrie. Pour cela, il est nécessaire de soutenir l’exportation des sous-marins à propulsion classique, pour lesquels DCNS doit préserver et développer un savoir-faire pointu.
C’est ainsi que pour soutenir la BITD « sous-marins nucléaires », la DGA encourage DCNS à développer son nouveau système de propulsion classique anaérobie AIP PAC . Le soutien de la DGA se traduit essentiellement par son expertise technique pour étudier les risques de ce système complexe et innovant, pour suggérer des réorientations ou des compléments technologiques. A terme, elle pourra ainsi assurer son rôle d’autorité technique au profit du client export et lui apporter ainsi des assurances sur les performances de ce système.
Les frégates françaises : fort potentiel export
Après les deux frégates Horizon livrées à la fin des années 2000, la décennie 2010-2020 est consacrée à la production des frégates multi-missions (FREMM) pour remplacer les frégates anti-sous-marines de type Georges Leygues et les frégates anti-aériennes de type Cassard actuellement en service. Les FREMM sont des frégates relativement lourdes (6000 tonnes), polyvalentes, bardées de senseurs. En matière d’armement, elles disposent d’un arsenal conséquent avec 16 tubes verticaux dédiés capable de mettre en œuvre un sonar trempé et des torpilles.
La première FREMM a été livrée en 2012 ; cinq autres seront livrées avant 2020. Les atouts indéniables des FREMM, tels que la capacité de frappe dans la profondeur avec le missile MDCN, font d’elles des bateaux de premier rang dans la compétition mondiale. Néanmoins, leurs capacités haut de gamme ne correspondent pas aux besoins de toutes les marines. En particulier, le segment le plus dynamique à l’exportation dans les décennies à venir est celui de frégates plus légères, de la gamme 3000 à 5000 tonnes.
au missile de croisière naval (MDCN), 16 tubes Aster pour la défense anti-aérienne, des missiles Exocet MM40 Block3 pour la lutte antinavire, deux lanceurs bitubes pour torpilles MU90 et un canon de 76 mm. Elles peuvent également embarquer un hélicoptère Caïman Marine (NH90 Pour adapter son offre aux besoins du marché, DCNS réfléchit donc à compléter sa gamme sur ce segment.
La DGA s’intéresse également à ce segment en vue de remplacer à terme les Frégates de type La Fayette. Ces réflexions sur des frégates de taille intermédiaire (FTI), qui seraient produites à la fois pour la Marine nationale et pour le plus grand nombre de clients étrangers, cherchent à concilier nos besoins opérationnels et le soutien de notre capacité industrielle, à la fois des bureaux d’études et des chantiers.
Ces considérations sont au cœur des discussions sur la mise en œuvre de la nouvelle loi de programmation militaire. La problématique est centrée sur le panel des frégates de premier rang – Horizon, FREMM, La Fayette et FTI – dont devra disposer la marine à l’horizon 2025.
Les patrouilleurs : une offre industrielle dessinée par l’export
Dans les mois à venir, l’UM NAV va lancer la réalisation de patrouilleurs légers pour la Guyane. Ces navires, comme les bâtiments de soutien, en cours d’acquisition également, ne sont pas des navires de combat dont dépend la souveraineté nationale ou les intérêts essentiels de l’Etat : pour ces acquisitions, la DGA procède à des mises en concurrence. La compétition dans ce domaine est très efficace car, même si la défense nationale ne peut alimenter et faire vivre l’ensemble des chantiers concernés, les commandes de la DGA restent recherchées : elles offrent au titulaire la possibilité d’enrichir son catalogue et lui apportent un savoir-faire précieux et reconnu en matière de qualité de réalisation ; il a ainsi des gammes de fabrication et des produits « French Navy proven » qu’il saura valoriser dans son marketing.
Ces quelques exemples illustrent les interactions croissantes entre programmes navals nationaux et programmes navals export. Les directeurs de programmes nationaux à la direction des opérations ont pour première priorité de faire réaliser des navires qui répondent aux besoins de notre marine. Mais, en même temps, ils sont en constante relation avec les directeurs d’opération export à la direction du développement international pour produire des spécifications facilement adaptables au marché export. L’enjeu est le maintien d’un niveau de charge qui pérennise notre outil industriel et ce, le plus indépendamment possible des pressions budgétaires.
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Chantier DCNS de construction des Barracuda à Cherbourg
FREMM Aquitaine lors de ses premières sorties à la mer
Patrouilleur vendu au Maroc par la société Raidco
Laurent Sellier, IGA
Laurent Sellier Laurent Sellier, X87 ENSTA, a eu une carrière essentiellement au service de la dissuasion nucléaire. D’abord spécialiste de l’étude des effets des armes nucléaires, il a notamment été manager du programme M51 et directeur des programmes MSBS, et directeur du programme d’ensemble Cœlacanthe. Il est depuis janvier 2012 directeur de l’UM NAV. Amateur de défis, il ne manque pas une transjurassienne, et a été médaillé lors du cross de l’EMA de novembre 2013 premier vétéran et quatrième au général.
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