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01 juin 2017

LUTTE CONTRE LES MINI-DRONES MALVEILLANTS

Publié par Pierre SCHANNE (1964) , Frédéric Renaudeau, Contre-amiral et Jean-Marc CORTAMBERT et Matthieu CHARETON | N° 112 - Les voilures tournantes

Face à la menace des mini-drones malveillants, des équipes du ministère de la défense prototypent et expérimentent des solutions innovantes.


Il y a un an se réunissaient à l'Ensta ParisTech 60 agents du ministère de la défense et de la gendarmerie afi n de concevoir des solutions innovantes pour lutter contre les mini-drones malveillants. Les participants étaient issus des 900 auteurs d’idées ayant répondu au défi participatif lancé en 2015 sur ce sujet, en complément du plan d’acquisition du ministère coordonné par la Direction de la protection des installations, moyens et activités de la défense (DPID). Répartis en équipes renforcées par des étudiants de Polytechnique et de l'ENSTA, les participants de l’atelier ont exploré pendant deux jours différents concepts tels que les applications smartphone pour l'alerte, les réseaux de capteurs pour détecter et identifier l’intrus, le hacking de drone, le drone anti-drone et l'utilisation de rapaces. En mode hackathon, alternant travail et cohésion, le croisement des idées et des compétences a débouché sur 9 projets présentés à un jury. Certains donnent lieu aujourd’hui à la réalisation de démonstrateurs par des équipes issues de l’atelier, avec le soutien financier de la mission pour le développement de l'innovation participative (MIP).
Le projet Suricad (système unique de recueil des informations communautaires anti-drone) a démarré en novembre 2016. Conduit par un officier de l’armée de l'Air, deux sous-offi ciers du Service des essences des armées et de la Gendarmerie et deux élèves de l'Ensta, il vise à réaliser un système de détection, d’alerte et d'évaluation de la menace basé sur une application citoyenne sur smartphone et un serveur central. En mars 2017, l’équipe de projet a développé avec succès l'application sur Androïd et IOS ainsi que le serveur ; elle a également créé la base de données et mis en place l’architecture logicielle.
L'IA Matthieu Chareton (DGA) conduit le projet DRONE@HACK, lancé en décembre 2016, avec l’aide d’une équipe du ministère et d’une équipe de 5 étudiants de l'Ensta. Son objectif est de réaliser un système compact et peu coûteux capable de détecter, d'identifier et d'intercepter des mini-drones par prise de contrôle logicielle (voir encadré).
Depuis mars 2017, le projet Sentin'Air, rassemble 7 co-innovateurs de la Marine, de la DGA, de la Gendarmerie, de l'armée de l'Air et du service de Santé des armées. Son objectif est de réaliser, à bas coût, un réseau maillé de capteurs permettant la détection, l'identification et la désignation d'un drone malveillant pénétrant dans une zone à protéger.
L'armée de l'Air a lancé en 2016 l'évaluation d'une capacité anti-drone utilisant des rapaces. Des aspects complémentaires pourraient être pris en compte dans un projet MIP en 2017, autour du développement de protections et de l'intégration de matériels miniaturisés embarqués.
Deux autres projets MIP issus de l’atelier participatif verront le jour lorsque la disponibilité des chefs de projet pressentis le permettra. La constitution inter-services des équipes de projet ne facilite pas la tâche du chef, en particulier lorsque les co-innovateurs sont dispersés géographiquement ! Pour autant, malgré les difficultés, cette démarche d'innovation collaborative se révèle un formidable vecteur de décloisonnement au sein du ministère.

« L'ARMÉE DE L'AIR A LANCÉ EN 2016 L'ÉVALUATION D'UNE CAPACITÉ ANTI-DRONE UTILISANT DES RAPACES. »

 


PROJET DRONE@HACK

Une caractéristique essentielle des drones est de disposer d’une liaison de données, qui permet en général le pilotage à distance ou la réception d’un retour vidéo. Ces liaisons radio sont conçues pour avoir un maximum de portée et un minimum de latence, et sont donc peu discrètes et généralement peu sécurisées.
L’idée du projet DRONE@HACK est de tirer profit de ces liaisons de données pour détecter, identifier et localiser les drones, et exploiter leurs vulnérabilités pour les neutraliser en allant jusqu’à une prise de contrôle à distance. L’innovation principale réside dans l’utilisation de composants électroniques grand public pour implémenter des techniques proches de celles de la guerre électronique. La solution est peu onéreuse, efficace même en milieu urbain, et peut fonctionner sur tous types de drones. Elle présente le grand avantage de pouvoir neutraliser un drone malveillant sans danger pour les biens et personnes. Afin de démontrer le potentiel de cette solution, un partenariat a été lancé avec l’Ensta ParisTech, qui a abouti en moins de trois mois au développement d’un démonstrateur capable de prendre le contrôle à distance de certains mini-drones.

 


 
Pierre Schanne, IGA Chef de la mission pour le développement de l'innovation participatif (MIP)

 Frédéric Renaudeau, Contre-amiral Directeur de la protection des installations, moyens et activités de la défense (DPID)

Jean-Marc Cortambert, ICA Adjoint au directeur de la protection des installations, moyens et activités de la défense (DPID)

Matthieu Chareton, IA Expert en exploitation de mesures (DGA EV)

Auteurs

Frédéric Renaudeau, Contre-amiral
Jean-Marc CORTAMBERT et Matthieu CHARETON

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