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Une panoplie de risques
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01 février 2017

RISQUES BIOLOGIQUES ET CHIMIQUES

Publié par Bruno Bellier, ICA | N° 111 - Risques biologiques et chimiques

Le numéro que vous tenez en main est de ceux pour lesquels le choix du titre n’a pas été des plus simples ! En particulier, « chimique et biologique » aurait donné le raccourci saisissant « magazine des ingénieurs de l’armement – chimique et biologique »  rapprochement qui suscite généralement maintes questions inquiètes auprès des ingénieurs de l’armement qui ont choisi de s’orienter vers ce domaine technique. Les armes biologiques et chimiques sont, il faut bien le reconnaître, un domaine qui sent le soufre, au figuré comme au propre d’ailleurs (au moins pour ce qui concerne le « gaz moutarde »), comme l’illustrait encore récemment le fait d’avoir érigé en « ligne rouge » l’emploi de telles armes dans le conflit syrien.


Notre dossier commence donc tout naturellement par replacer le volet militaire du risque biologique et chimique dans son contexte, celui des traités de désarmement et d’interdiction, la convention de 1972 pour les armes biologiques et les toxines, et le traité de Paris de 1995 pour les armes chimiques. Sous l’empire de ces traités aux dispositions exigeantes, en particulier en matière de transparence, la France poursuit des activités à vocation exclusivement défensive. La direction générale de l’armement et le service de santé des armées y tiennent une place centrale, permettant aux forces armées françaises de conduire leurs missions en situation d’exposition à des agents biologiques ou chimiques, qu’une telle situation résulte d’une agression, de rejets industriels ou tout simplement de l’environnement local. La France participe également très activement à la lutte contre la prolifération biologique et chimique, instrument d’importance pour prévenir la survenue ou l’accroissement du risque.

Le qualificatif de « destruction massive » souvent associé à tort aux armes biologiques et chimiques contribue lui aussi à leur conférer une aura particulièrement inquiétante : pour justifiée qu’elle soit, mieux vaudrait qu’elle convoque le potentiel de désorganisation massive (mass disruption), bien plus approprié pour décrire le type de conséquences que peut occasionner un événement chimique ou, plus encore, biologique. Notre société, nos entreprises, notre quotidien même ont d’ailleurs, consciemment ou non, fait l’expérience de cette désorganisation à l’occasion des épidémies plus ou moins sévères, plus ou moins récurrentes, que ce soit la gastro-entérite saisonnière, la pandémie grippale H1N1 de 2009 dont la gestion est évoquée dans notre dossier ou, plus lointaine mais pas moins anxiogène, la flambée d’Ebola en Afrique occidentale l’an dernier.Notre dossier commence donc tout naturellement par replacer le volet militaire du risque biologique et chimique dans son contexte, celui des traités de désarmement et d’interdiction, la convention de 1972 pour les armes biologiques et les toxines, et le traité de Paris de 1995 pour les armes chimiques. Sous l’empire de ces traités aux dispositions exigeantes, en particulier en matière de transparence, la France poursuit des activités à vocation exclusivement défensive. La direction générale de l’armement et le service de santé des armées y tiennent une place centrale, permettant aux forces armées françaises de conduire leurs missions en situation d’exposition à des agents biologiques ou chimiques, qu’une telle situation résulte d’une agression, de rejets industriels ou tout simplement de l’environnement local. La France participe également très activement à la lutte contre la prolifération biologique et chimique, instrument d’importance pour prévenir la survenue ou l’accroissement du risque.

Outre ce risque naturel avec lequel l’homme vit depuis la nuit des temps – et dont il meurt parfois par millions – et après des décennies marquées par la préparation à un conflit armé éventuel en Europe où l’arme chimique pourrait être employée de façon massive, des événements comme les attentats de Matsumoto et surtout Tokyo en 1994-1995 ont fait évoluer la perception du risque vers une prise en compte accrue de scénarios terroristes. Ceux-ci soulèvent des questions de sécurité du territoire national auquel notre dossier fait donc une place importante, en mettant notamment en évidence les enjeux de protection des infrastructures critiques, à travers l’exemple des réseaux d’eau, et les besoins de complémentarité entre militaires et forces de sécurité civile, qui ont conduit à créer un centre commun de formation et d’entraînement. Ce rapprochement opérationnel trouve aussi sa traduction dans la préparation de l’avenir, structurée dans un programme de recherche interministériel au sein duquel collaborent étroitement le Secrétariat général pour la défense et la sécurité nationale, la DGA et le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives.

L’intervention de l’Etat pour stimuler la recherche et le développement en matière de protection contre les risques biologiques et chimiques, reste en effet indispensable : l’absence de retombées économiques assurées, ou le caractère de niche, sont de puissants obstacles à un engagement fort de l’industrie, comme notre dossier le met en exergue à travers le cas du marché des antibiotiques, dans le domaine sanitaire. Dans la niche particulière des équipements de défense biologique et chimique au profit des forces de sécurité militaires et civiles, la base industrielle et technologique française de défense possède des atouts indéniables qu’il s’agit de préserver, pour répondre au défi crucial de la sécurité d’approvisionnement – crucial au point de conduire l’Etat à conserver dans certains cas des capacités propres de production, à l’exemple de la Pharmacie centrale des armées. Notre dossier met enfin en lumière la continuité dans l’action que requiert, en dépit de la volatilité de la perception du risque, et qu’incarne le Centre du Bouchet de la DGA (aujourd’hui dénommé DGA Maîtrise NRBC) et son siècle d’activité dans le domaine, démentant au passage cette déploration du grand chimiste (de cinéma) Barnaby Fulton : « being a chemist doesn’t allow you to think ».

Sans prétendre à l’exhaustivité, nous espérons donc à travers ce numéro dissiper une partie du halo de mystère entourant les risques biologiques et chimiques, et illustrer la part que peuvent prendre les ingénieurs, et particulièrement les ingénieurs de l’armement, aux côtés notamment des chercheurs, médecins, pharmaciens…, dans le triptyque de la gestion de ces risques : prévenir, gérer et restaurer.

Auteur

Bruno Bellier, ICA

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