SOUS-MARINS À L’EXPORT : L’EXCELLENCE FRANÇAISE
Sur le marché très concurrentiel des sous-marins export, la France a su se hisser au rang de second exportateur grâce à des submersibles performants et sûrs, à une réelle capacité à transmettre son savoir-faire et à la qualité du soutien que l’État peut apporter au déroulement de ces programmes.
À la fin des années 40, La France doit reconstituer sa capacité à construire des submersibles afin d’équiper une force sous-marine exsangue et dont la majorité des unités ont été cédées par les alliés.Vientensuiteletempsdupassage au nucléaire avec la création de la force océanique stratégique (FOST). Les efforts des arsenaux sont donc focalisés sur le rétablissement puis le développement des compétences et de l’outil industriel afin de concevoir et produire des sous-marins répondant aux besoins de la Marine Nationale.
Si une quinzaine de Daphné et une petite dizaine d’Agosta ont été exportés depuis la fin des années 60,cen’estqu’aprèslachutedu mur de Berlin que la France affiche de réelles ambitions sur le marché export des sous-marins par la suite des contractions successives du budget de la défense, et afin d’assurer la pérennité de sa capacité.
DCN entame donc la conception du Scorpène, un nouveau sous-marin classique spécifiquement dédié au marché export et utilisant les avancées techniques acquises lors des programmes de sous-marins nucléaires type Rubis et Le Triomphant. L’aventure industrielle est lancée en partenariat avec le groupe Bazan (aujourd’hui Navantia), mais cette coopération cessera en 2008 suite au choix espagnol de ne pas remplacer les Agosta de l’Armada par des Scorpène, préférant développer le S80 qui sera rapidement proposé à l’export.
Alors que l’industriel allemand TKMS (ThyssenKrupp Marine Systems) était jusque-là en situation de monopole en Amérique Latine, le premier contrat Scorpène est signé avec le Chili en 1997. Suivent les commandes de la Malaisie en 2002, de l’Inde en 2005, et du Brésil en 2009.
En 2016, l’Australie sélectionne le Shortfin Barracuda de Naval Group, dérivé à propulsion non-nucléaire du Suffren, pour ce qui est appelé le « contrat du siècle » : le remplacement de ses 6 Collins par 12 grands sous-marins océaniques à l’horizon 2030.
Tous ces succès ont permis à la France de devenir le second exportateur de sous-marins avec plus de 23 % de parts du marché sur les trente dernières années.
Environnement concurrentiel
Au début des années 90 ne subsistent comme concepteurs de sous-marins classiques que l’Allemagne, la Russie, la France, la Suède, les Pays-Bas et l’Italie. En effet, les américains et britanniques sont entièrement tournés vers la production de sous-marins nucléaires et le Japon s’interdit encore d’exporter des matériels de guerre. Depuis lors, les chantiers néerlandais ont fait faillite, mais de nouveaux acteurs bénéficiant de transferts de technologie ont fait leur apparition : la Corée du Sud, la Chine, l’Espagne et bientôt la Turquie.
Il convient de noter que parmi ces nations, seules l’Allemagne, la France, la Russie, la Chine et le Japon disposent aujourd’hui d’une base industrielle capable de fournir l’intégralité des équipements nécessaires à la fabrication d’un sous-marin.
L’industriel allemand TKMS est le leader historique du marché. À la fin des années 60, l’industrie allemande développe pour l’export un sous-marin simple, fiable et abordable, le Type 209, au moment où de nombreuses marines doivent renouveler leurs flottes acquises à la fin de la seconde guerre mondiale. Plus d’une soixantaine d’unités seront vendues sous différentes versions. Durant les années 90, TKMS développe le Type 212A pour les besoins des marines allemande et italienne. Ce sous-marin innovant à coque en acier amagnétique est équipé, entre autres, d’un module de propulsion anaérobie (AIP) à base de pile à combustible (PAC) hydrogène-oxygène. Sur la base de ces travaux, le chantier allemand propose à l’export le Type 214/218, une amélioration du Type 209. La Russie a inondé la sphère d’influence soviétique de ses modèles Romeo puis Kilo. Le renouvellement de l’offre russe autour de la classe Lada/Amur tardant à se concrétiser, le Kilo est toujours proposé dans des versions modernisées. La Russie propose également des sous-marins de moins de 1000 tonnes, la famille Piranha.
Saab-Kockums a construit les sous-marins de la marine suédoise qui sont tous équipés de modules AIP à base de moteur Stirling. L’industriel a conçu les Collins australiens, et construit actuellement pour la Suède le type A26 dont différentes déclinaisons sont proposées à l’export.
Concepteur et producteur historique des sous-marins italiens, Fincantieri a construit quatre Type 212A de conception allemande pour la marine italienne. Aujourd’hui, l’industriel entend restaurer pleinement ses capacités de conception à travers le nouveau programme U212 NFS, mais également avec la promotion à l’export de nouveaux projets.
La Chine conçoit et construit des sous-marins nucléaires et classiques depuis de nombreuses années. Sous différentes appellations, elle propose à l’export un dérivé de son type 0-39A/B/C Yuan.
En Espagne, après avoir bénéficié du transfert de technologies français au titre de la coopération sur le Scorpène, Navantia a développé un sous-marin dérivé et équipé d’un système de combat américain : le S80.
Les sud-coréens Daewoo et Hyundai, de leur côté, ont assemblé des Type 209 et 214 de conception allemande. Daewoo a ensuite exporté sa propre version du 209.
Enfin, la Turquie a pu monter en compétence en suivant la même lignée que la Corée du Sud, ce qui lui permet aujourd’hui de faire des offres en partenariat avec les allemands.
Sous-marins performants et sûrs
Pour arriver systématiquement jusqu’en phase finale des différents appels d’offres, les sous-marins français et leurs équipements .sont caractérisés par leur haut niveau de technologie.
Bénéficiant des travaux menés au titre des programmes successifs de sous-marins nucléaires français, les Scorpène et Barracuda conventionnel possèdent une excellente discrétion acoustique. Les progrès réalisés dans la réduction de la susceptibilité aux sonars actifs, l’index de cible, et la maîtrise des autres signatures permettent également de leur assurer une grande furtivité. Le module AIP de seconde génération, aujourd’hui mature, permet d’offrir des temps de plongée de plusieurs semaines tout en utilisant le même carburant que celui des moteurs diesels.
Conjointement avec la discrétion acoustique, le module de détection acoustique, avec ses sonars ultra-sensibles sur une large plage de fréquences et ses traitements performants, permet d’obtenir l’avantage acoustique, c’est-à-dire la capacité à détecter l’adversaire avant de l’être soi-même.
Le système de direction de combat, qui exploite les informations des senseurs internes et externes, élabore et présente l’environnement tactique à travers des IHM plus intuitives qui en facilitent grandement l’exploitation.
Parmi les autres capacités qui font la supériorité opérationnelle de nos submersibles on peut enfin citer leur système de navigation d’extrême précision, la capacité supérieure d’emport d’armes, la mise en œuvre de missiles à changement de milieu n’altérant pas la capacité de manœuvre du sous-marin, l’emploi souverain des moyens de frappe dans la profondeur ou encore la capacité à déployer rapidement des forces spéciales et leur équipement.
Par ailleurs, la culture française de la « sécurité-plongée » entraine des choix d’architecture, des redondances d’installations et des procédures de mise en œuvre qui assurent une sécurité maximale au sous-marin et à son équipage.
Enfin la disponibilité des unités sur l’intégralité du cycle de vie est supérieure à celle de nos concurrents. Le maintien en condition opérationnelle est facilité grâce à l’utilisation de brèches encastrées permettant le changement d’équipements encombrants sans nécessiter un tronçonnage de la coque épaisse et la base industrielle de fournisseurs est pérenne du fait de leur implication dans les programmes stratégiques français.
Transmission du savoir-faire
La formation est également un domaine d’excellence française. En effet, nos centres de formation dispensent des enseignements académiques et techniques au meilleur niveau faisant largement appel à la simulation. Les instructeurs sont souvent issus des rangs de la Marine Nationale. Pour le client, c’est l’assurance d’avoir des équipages et des personnels de maintenance compétents et rapidement opérationnels.
Avec les contrats Scorpène en Inde et au Brésil, la France n’a pas seulement démontré son aptitude à accompagner l’acquisition d’une capacité propre de fabrication de sous-marins par le client. Nous avons activement participé à la mise en place d’une base industrielle de qualité et d’infrastructures spécialisées, dans le cadre de partenariats stratégiques avec ces Etats. Suivant le périmètre du contrat, le transfert de technologie peut également comprendre l’acquisition d’une capacité de conception de sous-marins. Un tel niveau de transfert de savoir-faire n’est pas connu ailleurs.
Accompagnement étatique
Enfin le soutien que l’État peut apporter dans les phases de négociation et de réalisation d’un programme export participe également à l’excellence de l’offre française.
Souvent adossé à la signature d’un arrangement technique, d’un accord intergouvernemental voire d’un partenariat stratégique, ce soutien peut concerner la mise en place de prestations d’assurance officielle de la qualité, d’assistance technique ou de contrôle de programme ainsi que d’une coopération militaire.
La coopération opérationnelle avec la Marine Nationale, une marine active sur toutes les mers du globe, dont l’expertise en lutte sous-marine est mondialement reconnue et impliquée dans de nombreuses opérations nationales et multinationales, est également très attractive pour un pays souhaitant développer sa force sous-marine. Cet accompagnement et ces partenariats dans la durée constituent l’une des marques de fabrique de l’offre française.
Aucun commentaire
Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.