UN GRAND DELEGUE NOUS A QUITTES
Emile Blanc a marqué en bien et en grand ceux qui l’ont croisé durant cette carrière bien remplie. Un grand Délégué.
Nous avions publié dans ces colonnes la vision d’Emile Blanc sur l’armement à la faveur de la table ronde organisée par la CAIA en mars 2012, et plus récemment un article sur son ami Jacques Bousquet. Il nous a quittés le 17 novembre dernier.
Emile Blanc est né en 1932 à Salsigne, un village proche de Carcassonne et tous ceux qui l’ont connu savent qu’il avait gardé de sa région natale l’accent chaleureux qui y est associé.
Il est entré à l’École Polytechnique en 1954 et en est sorti en 1956 dans le corps des Ingénieurs Militaires de l’Air (intégré au corps des Ingénieurs de l’Armement en 1968).
Après une année de stage au Centre d’Essais en Vol qui lui a permis d’obtenir sa qualification de Pilote Militaire de Transport sur bimoteur à Avord, il a passé deux ans à l’École Nationale Supérieure de l’Aéronautique (option Équipements).
Il est resté ensuite plus de dix ans à Toulouse, jusqu’en 1973.
D’abord jeune ingénieur au Centre d’Essais Aéronautiques de Toulouse, le CEAT, il en est ensuite devenu le chef du groupe « Physique ». Il s’y occupait principalement d’équipements de bord (hydraulique, électricité, conditionnement d’air et optique). On m’a dit un jour qu’il arrivait au délégué syndical et à lui-même, quand la discussion devenait chaude, de déraper en occitan. Peut-être est-ce une légende... Il a été ensuite Directeur technique du CEAT et en parallèle Directeur des Études de l’ENSICA, l’Ecole Nationale Supérieure des Ingénieurs des Constructions Aéronautiques.
Appelé au Service Technique de l’Aéronautique (STAé) à Paris comme chef de la section des équipements, il a eu une grande influence sur ce secteur qui devenait de plus en plus important. On passait en effet progressivement à des équipements numériques. Cela lui a donné l’occasion, bien avant que se termine la guerre froide, de travailler avec les Soviétiques dans le domaine des équipements pour avions civils. Cette fonction l’a conduit à aller en mission en URSS.
C’était l’époque du Concorde et d’une évolution en profondeur des méthodes et des moyens d’essais.
En janvier 1980, la DTCA a réorganisé ses services pour améliorer son efficacité en créant le Service Technique des Programmes Aéronautiques (STPA) et le Service Technique des Télécommunications et des Equipements aéronautiques (STTE). Emile Blanc a été le sous-directeur technique du STTE, responsable des études, jusqu’en 1981.
C’est en effet en 1981, dès le mois de mai, qu’il a été appelé au cabinet de Charles Hernu, où il a eu la responsabilité des affaires d’armement. Il y est resté jusqu’au 25 mai 1983, date à laquelle il est devenu Délégué Général pour l’Armement, fonction qu’il a exercée jusqu’au 14 mai 1986.
Cette période est caractérisée par des relations internationales étroites et complexes dans le domaine de l’armement, avec les États-Unis d’une part et avec les pays européens de l’OTAN d’autre part. Il y a vécu des négociations difficiles avec ces partenaires européens dans le domaine des avions de combat et était le représentant de la France à la réunion de Turin du 1er août 1985 où a été actée la rupture de la tentative de coopération pour la réalisation d’un avion de combat à cinq (France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie et Espagne). C’était le début de la concurrence entre l’Eurofighter Typhoon et le Rafale.
Il fut également très affecté par l’assassinat de l’Ingénieur général René Audran, Directeur des Affaires Internationales, et eut à cœur d’organiser chaque année durant dix ans une cérémonie commémorative, devant sa tombe, réunissant autour de ses enfants les autorités de la DGA qui étaient en place à l’époque du drame.
A partir de 1986, il a poursuivi sa carrière dans l’industrie nationalisée, à la SNECMA d’abord, à la SNPE ensuite. De 1986 à 1989, il a été directeur délégué, chargé des filiales et des participations, à la SNECMA.
Il est devenu ensuite Président de la Société Nationale des Poudres et explosifs, la SNPE, le 1er juillet 1989 et a été renouvelé en 1992. Il en est resté le Président jusqu’en 1994.
Ses fonctions l’ont conduit à participer au conseil de sociétés comme Dassault Aviation ou à celui de Groupements industriels comme le GICAT dont il a été président de 1990 à 1994.
La conclusion de ses activités professionnelles ne l’a pas conduit, et de loin, à une retraite inactive.
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La présidence jusqu’en 2003 de l’association France Conversia, créée en 1993 pour promouvoir les relations entre l’industrie d’armement française et l’industrie russe, activité étendue ensuite aux autres pays de l’Europe de l’Est (coopération et exportation).
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La présidence de l’association Eurodéfense-France de 2001 à 2006.
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La présidence du COMAERO de 2001 jusqu’à son décès. Le COMAERO est un comité constitué de personnalités ayant fait tout ou partie de leur carrière dans l’aéronautique qui a publié seize études très complètes sur des sujets couvrant l’ensemble du domaine de 1945 à 1995.
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