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Mise à l’eau d’un patrouilleur fabriqué par OCEA à Fontenay le Comte et aux Sables d’Olonne pour la marine ukrainienne
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28 octobre 2024

UNE ACTIVITÉ RÉGALIENNE ANCRÉE
LA CONSTRUCTION NAVALE

La France métropolitaine possède trois façades maritimes, qui permettent à l’industrie navale de se déployer. Celle-ci se concentre principalement dans quatre régions : les Pays de la Loire, la Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Bretagne et la Normandie. Les départements, régions et collectivités d’outre-mer complètent la couverture maritime de la France qui possède le deuxième espace maritime avec près de onze millions de kilomètres carrés répartis sur tous les océans.


A l’heure où le terme de réindustrialisation est fort utilisé, jusqu’à en devenir presque galvaudé, l’industrie navale, civile et militaire est un formidable moyen d’ancrage industriel en région.

Première région française pour l’industrie navale, les Pays de la Loire concentrent 21% des effectifs de la filière navale. La région porte également une vision stratégique forte autour du maritime, avec une demande importante liée à la production de navires civils et militaires et au développement des éoliennes en mer.

Ainsi, les grands navires militaires, porte-hélicoptères, bâtiments ravitailleurs de forces et futur porte-avions, sont réalisés à Saint Nazaire, puis armés à Lorient ou Brest. Le BRF Jacques Chevallier a été livré à la marine nationale en juillet 2023, suivi du Jacques Stosskopf en 2024

A Indret , Naval Group développe les activités nucléaires nécessaires à la propulsion de nos sous-marins

Thales a investi à Cholet dans un nouveau centre de produits de radiocommunication, utilisé, entre autres, dans le naval. Cette nouvelle implantation dans la zone de la Touche pourrait accueillir 2700 salariés à échéance de cinq ans.

Après la livraison d’une série de patrouilleurs à la marine ukrainienne, le chantier OCEA, implanté à Fontenay-le-Comte et aux Sables d’Olonne, leader mondial dans la construction de bateaux en aluminium, a décroché fin 2022 une commande de neuf navires pour la marine nigériane.

En région Bretagne, l’industrie navale emploie plus de dix mille personnes.

On n’en est plus à la situation, que j’ai connue il y a fort longtemps à mon entrée en service, d’une ville de Lorient qui vivait au rythme des embauches et des débauches de l’arsenal. Désormais ce sont les installations de Naval group qui sont sur le bord du Scorff et les horaires variables, ainsi qu’une pincée de télétravail, répartissent les entrées et sorties de ce site industriel au cœur de la ville sur des plages horaires plus larges.

Au-delà des sites bretons de Naval Group à Lorient et autour de la rade de Brest, on peut évoquer la société rennaise Unseenlabs qui a développé des essaims de petits satellites permettant de visualiser les mouvements de n’importe quelle embarcation présente dans une zone de plusieurs milliers de kilomètres carrés.
Le chantier quimpérois Ufast s’est associé à la société varoise SeaOwl Technology Solutions pour développer le drone de surface Seahornet dévoilé en juin 2024, qui aura une endurance de sept jours à la mer. Bardé de capteurs, dont un radar et une caméra optronique jour/nuit, il pourra porter plusieurs types d’effecteurs dont un projecteur sonore à forte puissance, un laser d’éblouissement et, si besoin, une mitrailleuse téléopérée.

Le chantier de Naval-Group au cœur de l’agglomération lorientaise

En région PACA, Naval Group est présent sur plusieurs sites avec des activités de conception de systèmes de combat, de cybersécurité et de maintien en condition opérationnelle. Des systémiers et équipementiers majeurs complètent l’offre navale régionale.

Le pôle d’expertise de Naval Group dédié aux drones, aux systèmes autonomes et aux armes sous-marines en développement dans le Var à La Londe-les-Maures présente une offre compétitive à destination de la marine nationale pour répondre à une demande de maîtrise des fonds marins, de combat collaboratif multimilieux et de lutte sous-marine.

Thales développe des sonars à Sophia Antipolis. Dans l’agglomération toulonnaise, Exail met au point des drones et des robots sous-marins à usage militaire ou dual.

Implantée à Labège, en région Occitanie, la société Diodon va fournir des drones aériens maritimes HP 30 à la marine danoise et mène des essais conjointement avec Naval Group et la Marine nationale pour déployer un drone depuis une coque étanche envoyée à la surface par un sous-marin nucléaire d’attaque en plongée.

A Mazères, dans le département de l’Ariège, le groupe Lacroix développe les lance-leurres navals Sylena qui équiperont les frégates d’intervention conçues et produites par Naval Group pour la marine grecque.

En Normandie, Le site de Naval Group implanté au cœur de la ville de Cherbourg construit l’ensemble de nos sous-marins, SNA et SNLE.
Les Constructions Mécaniques de Normandie ont achevé la livraison de 58 intercepteurs rapides à l’Arabie Saoudite, commencent un nouveau contrat avec le groupe émirati Edge et son chantier ADSB et prévoient la construction d’une flotte de corvettes de type Combattante pour la marine angolaise. Dans le domaine civil, on peut citer l’implication d’HydroQuest, filiale de CMN, dans la fabrication d’une ferme hydrolienne et son installation dans le Raz Blanchard, en association avec l’entreprise Flowatt.

Dans la région Nouvelle Aquitaine, on peut citer le centre de Naval Group de Ruelle avec son implantation historique sur les bords la Touvre, affluent de la Charente, à cause de la qualité de son eau bien adaptée pour le trempage de l’acier des fûts de canon et des lignes d’arbres. Le territoire est désormais un haut lieu de la technologie navale dans le domaine des automatismes.

Le chantier Couach, situé à Gujan-Mestras sur le bassin d’Arcachon, est réputé pour ses navires en composite. Il fournit les embarcations de la SNSM et livre des embarcations militaires rapides à plusieurs pays du golfe.

Dans la banlieue d’Angoulême, le fabricant de radars de surveillance maritime Diadès Marine développe une belle activité à l’exportation.

En région Centre Val-de-Loire, à proximité de Blois, le fabricant de semi-rigides Sillinger prévoit la vente de 250 embarcations pour les forces spéciales françaises et étrangères.
Dans l’Yonne, à Joigny, l’entreprise Yltec, spécialiste du travail de l’inox, s’est illustrée en intégrant la première promotion de l’accélérateur des industriels de la mer mis en place par BPI France, la DGE et le comité stratégique de filière des industriels de la Mer.

A Sully sur Loire, Saint Gobain fabrique des vitrages spéciaux pour les abris de navigation.

A Calais, la société Socarenam , qui a développé un navire baliseur océanique pour l’administration des Phares et Balises, l’un des premiers navires avec une technologie hydrogène réalisée en France, a mis à l’eau deux nouvelles vedettes d’une série de quatre commandées par la police fédérale belge et a également investi avec deux acteurs du port de Calais dans la réhabilitation d’une forme de radoub du port, qui accueille actuellement un patrouilleur polonais construit par Socarenam.

L’industrie navale est aussi active outre-mer. Ainsi dans l’Océan Indien, le groupe concarnois Piriou a lancé en 2020 un chantier qui exerce principalement des activités de maintenance navale civile et militaire pour des navires de toute taille.

En conclusion, l’industrie navale est une activité de haute technologie, tournée vers la décarbonation – dont la quintessence est illustrée par les navires à propulsion nucléaire – avec des maîtres d’œuvre répartis, assez logiquement, principalement sur nos façades maritimes et qui s’appuient sur un tissu de partenaires sur tout le territoire.

Photo de l auteur
Louis Le Pivain, IGA, Membre de l’Académie de marine

Vice-président du gican, Président de Kermenez. Président de Raidco marine de 2006 à 2018. Président de la section “carrières” du CGARM de 2000 à 2006. Directeur intelligence économique au SGDSN 97/99. Divers postes en Arabie, au Canada et à l’OTAN. 8 ans en début de carrière à DCN Lorient.

Auteur

IGA, Vice-président du GICAN
Membre de l’Academie de marine
Président de Kermenez SAS
Conseiller du commerce extérieur de la France
De 1978 à 1989 a travaillé pour DCN à Lorient, en Arabie et au Canada. 1997/99 Directeur au SGDSN chargé de la coordination interministérielle de l’intelligence économique et du soutien à l’export Président de Raidco Marine de 2006 à 2018 Voir les 13 Voir les autres publications de l’auteur(trice)
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