VERS UNE NOUVELLE FRANCE INDUSTRIELLE
La réindustrialisation de la France est une priorité très claire du Gouvernement. Comment inverser la tendance passée et remettre désormais la France au meilleur niveau mondial ? Comment innover et repenser les modes de production pour qu’ils soient plus efficaces et durables ? Aux côtés des acteurs industriels français, l’État a souhaité catalyser une mutation industrielle profonde par des dispositifs d’accompagnement à tous les niveaux...
Plusieurs étapes décisives ont déjà été franchies depuis un an, dont je ne citerai que les plus symboliques : mesures fiscales en faveur de l’investissement, simplification du code du travail et réforme de la formation professionnelle, création du label “French Fab” et de “France industrie”, lancement du fonds pour l’innovation de rupture, Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises (PACTE) ou encore développement de l’intelligence artificielle, dans laquelle les ingénieurs de l’armement sont tout particulièrement appelés à prendre une part décisive.
Ces initiatives sont portées par des résultats économiques positifs : la production industrielle française a augmenté de 2,7 % en 2017, et nous anticipons une hausse de 4 % des investissements industriels en 2018. Ces résultats sont encourageants. Mais il n’est pas question de se reposer sur ces lauriers fragiles, car nous revenons de loin : après des décennies de repli et de fermetures, la réindustrialisation prendra du temps.
Parmi les chantiers ouverts, le plus considérable est sans aucun doute celui de la révolution numérique. Au-delà de l’effet de mode, la fabrication additive, l’outil industriel connecté, l’intelligence artificielle et le « big data »
ont d’ores et déjà fait sentir leurs effets sur le modèle d’affaires pour nombre d’acteurs français, de la startup à la grosse entreprise en passant par les PME-ETI.
Il est normal que ce défi nouveau suscite des inquiétudes. Je le vois pourtant comme une formidable opportunité de rebattre les cartes, en donnant notamment à la France et à l’Europe l’occasion de reprendre rang dans la course
à la modernisation industrielle mondiale, et d’effacer le retard pris dans les années 90 et le fameux virage de la robotisation que nous n’avions pas su prendre. Cette approche conquérante, optimiste, combative, doit redevenir la nôtre.
L’usine du futur, souvent appelée « usine 4.0 », est au cœur de notre politique industrielle. Priorité des priorités, c’est d’elle que découlera la montée en gamme et la modernisation de notre tissu industriel. Il s'agit de réorganiser la chaîne de production pour permettre de faire mieux, de relocaliser de la production en France, de rendre au final notre industrie plus compétitive et plus innovante. De surcroît dans un contexte de transition énergétique et écologique, de mondialisation et d’évolution rapide des usages, l’usine 4.0 permettra de faire des gains décisifs en termes de compétitivité, d’innovation et d’agilité tout en affirmant la vocation européenne et mondiale des acteurs de notre industrie.
Au cœur de l’industrie du futur, bien plus que des robots, il y a des femmes et des hommes dont les métiers vont évoluer vers des tâches de plus grande valeur ajoutée. Nous l’accompagnerons par de la formation. Nous avons la chance d’avoir en France cet esprit créatif doublé d’une conscience sociétale et environnementale forte, qui fera de l’entreprise industrielle de demain un point d’attraction pour les générations futures.
Les industries aéronautiques, navales, spatiales, de défense et de sécurité, qui sont les domaines de prédilection des ingénieurs de l’armement, sont naturellement concernées par cette transformation immense. La concurrence mondiale et l’arrivée d’acteurs « disruptifs », y compris dans ces domaines où les temps de cycles longs peuvent parfois laisser penser à tort que les choses sont immuables et acquises, imposent au contraire d’y accélérer l’avènement de l’industrie du futur, en concentrant les forces dans le cadre européen : il faut oser, innover et produire rapidement car personne d’autre ne nous attendra. Assurée du soutien indéfectible des pouvoirs publics, j’ai confiance dans notre industrie pour y innover et trouver l’énergie et les moyens nécessaires pour une nouvelle France industrielle.
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