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Une solide histoire depuis 1889
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09 octobre 2021

L’ASSOCIATION TECHNIQUE MARITIME ET AÉRONAUTIQUE
CRÉÉE POUR RASSEMBLER LES EXPÉRIENCES, ELLE POURSUIT SA MISSION 230 ANS APRÈS !

L’ATMA(1) est une association, créée en 1889, déclarée d’utilité publique en 1926 et référencée par le Ministère de la recherche comme société savante depuis 2010. Son siège se situe à Paris, rue de Monceau à la « maison de la mer » aux côtés du GICAN, du Cluster Maritime, de l’Institut de la Mer et d’Armateurs de France. En lien étroit avec l’Académie de Marine, elle est un forum scientifique et technique mais aussi historique et économique pour ingénieurs, étudiants et tous ceux qui s’intéressent à l’évolution des techniques de la construction navale. L’association est soutenue par des organismes publics comme DGA Techniques hydrodynamiques, les écoles de l’Armement, ENSTA Bretagne et ENSTA Paris Alumni, l’Ecole navale, et de grands industriels, Naval Group, Bureau Veritas, GTT, Mauric, BRS,... Elle est membre du Cluster Maritime Français et de la Confederation of European Maritime Technology Societies.


La fin du 19e siècle est une période d’effervescence intellectuelle dans le monde maritime. Dans le domaine militaire, les innovations se succèdent : torpille puis sous-marin, acier pour les coques et les blindages, protection cellulaire et compartimentage, nouveaux types d’artillerie, poudre sans fumée de Paul Vieille. Turbine à vapeur et moteur diesel font leur apparition tandis que l’électricité montre ses premières applications. Les débats sont enflammés entre partisans des cuirassés et ceux des torpilleurs. Une nouvelle classe de bâtiments, les croiseurs, fait leur apparition.

Dans le domaine civil, le commerce et les liaisons avec l’Empire colonial conduisent à la création de compagnies maritimes et des messageries. C’est aussi le temps du développement des lignes transatlantiques où s’installe une concurrence entre compagnies. Le besoin de nouveaux navires entraîne la création de chantiers navals (création des chantiers de Penhoet en 1881) et le développement d’importants secteurs industriels comme la métallurgie.

Mais l’architecture navale restait encore largement empirique, les modèles théoriques, notamment en hydrodynamique et en résistance des matériaux, étaient balbutiants et les expériences qui auraient permis de les étendre étaient encore rares et imprécises faute de moyens d’essais et de mesures.

C’est pour mettre en commun leurs expériences en vue de faire évoluer cette situation qu’un certain nombre de personnalités du monde maritime français, amiraux, ingénieurs et industriels créèrent en 1889 l’Association Technique Maritime (ATM) sur l’exemple de la Royal Institution of Naval Architects créée vingt ans plus tôt au Royaume-Uni.

Depuis 1890, à l’exception des périodes des deux guerres mondiales, l’ATMA publie tous les ans un bulletin (le numéro 120 publié cette année). Leur collection contenant plus de 2750 mémoires présentés lors des conférences publiques annuelles, accessibles par le site internet de l’association, constitue la mémoire technique des constructions navales, un outil régulièrement consulté par les chercheurs, les ingénieurs ou les curieux passionnés. D’importantes rétrospectives ont été publiées à l’occasion du centenaire de l’ATMA en 1989 puis à l’occasion du 50e anniversaire du salon Euronaval en 2018.

Enfin l’ATMA attribue régulièrement des prix à des étudiants ou à des ingénieurs confirmés pour la qualité de leurs travaux de recherche et de leurs communications.

De nombreux ingénieurs du Génie maritime, puis de l’Armement se sont illustrés dans le cadre de l’ATMA. Le premier président Louis de Bussy, Inspecteur général du Génie maritime et membre de l’Académie des sciences, fut le concepteur du Redoutable, premier cuirassé totalement en acier. Emile Bertin, savant, ingénieur, organisateur, créateur de la Section technique des constructions navales et du Bassin d’essais des carènes, membre de l’Académie des sciences en fut également président de 1905 à 1924. Plus récemment, les ingénieurs généraux de l’armement Hervé Chéneau et Jean Le Tallec se sont succédé à sa présidence. Maxime Laubeuf, l’inventeur du submersible, membre de l’Académie des sciences et président de l’Académie de Marine et Pierre Willm, père des bathyscaphes, Louis Kahn, organisateur des constructions navales des FNFL(2) puis Directeur central des constructions navales, secrétaire général des Forces armées, président de l’Académie de Marine, en ont été vice-présidents. D’autres ingénieurs militaires tout aussi éminents en ont été administrateurs. 

L’hydrodynamique navale, en évolution continue dans ses modèles théoriques, ses moyens expérimentaux et, ces dernières années, ses méthodes de simulation numérique, a été l’objet de plus de 550 mémoires, dont le tout premier présenté en 1890 par le célèbre constructeur Jacques-Augustin Normand. Emile Barrillon, Roger Brard, Robert Legendre tous membres de l’Institut, Max Aucher et Serge Bindel, membre de l’Académie de Marine, ont marqué cette discipline. 

Autre domaine de prédilection de l’ATMA, l’étude des matériaux et du comportement à la mer des structures complexes, de leur résistance à la rupture, des causes et remèdes aux vibrations et bruits rayonnés, des procédés de formage et d’assemblage, des normes et des contrôles. L’ingénieur général Henri de Leiris, membre de l’Académie de Marine et président de la société française de métallurgie a écrit à lui-seul 56 mémoires entre 1926 et 1971. 

Une part également importante de communications est consacrée à la propulsion. Dès 1902, l’ingénieur des mines Auguste Rateau, inventeur et entrepreneur, présente le premier mémoire sur la turbine à vapeur qui devait équiper tous les grands bâtiments et navires de commerce. En 1928, Maurice Roy, vice-président de l’ATMA et membre de l’Académie des sciences, présente son premier mémoire sur les turbines à gaz. Propulsion diesel, électrique, nucléaire ont par la suite fait l’objet de nombreuses études. Aujourd’hui, optimisation énergétique et propulsion éolienne retiennent l’attention.

Enfin, l’architecture navale a toute sa place avec la description et l’analyse de nombreux navires et de leurs innovations, du Dreadnougth au Charles de Gaulle, du France aux derniers géants des mers, des sous-marins mais également des navires non conventionnels, hydroptères et aéroglisseurs, plateformes océaniques et FPSO(3).

C’est en 1924 que l’Association Technique Maritime devient « et aéronautique » sous l’impulsion de nombreux ingénieurs du Génie maritime qui se consacrent à ce nouveau domaine en plein essor dont l’ingénieur général Paul Dumanois, vice-président de l’ATMA et président de l’Académie de Marine, créateur du corps des ingénieurs de l’air. Près de 300 mémoires aéronautiques ont été présentés dont une synthèse a été donnée pour le centième anniversaire par l’ingénieur général Madec de l’ONERA. Bien que quelques mémoires continuent de présenter des comparaisons, notamment normatives et règlementaires, entre secteurs maritimes et aériens, la contribution de l’aéronautique à l’ATMA est devenue épisodique depuis la fin des années 1990.

Cette année, l’ATMA s’est jointe à l’Académie de Marine pour célébrer le centenaire de cette dernière. L’ATMA a été créée, alors que l’Académie qui avait été supprimée à la Révolution, n’avait pas encore été refondée et pour répondre à un besoin évident de communication et d’échange d’expériences. Cette mission, les deux institutions la partagent aujourd’hui, chacune dans son rôle et avec ses spécificités, et leurs liens, comme on peut le voir à travers l’évocation de quelques personnalités, sont nombreux. 

1 : Secrétaire général de l’ATMA : Régis Beaugrand, IGA

2 : Forces Navales Française Libres

3 : Floating Production Storage ans Offloading : unité flottante autonome capable de traiter le pétrole brut et de le stocker avant son transbordement sur un navire.

 

Conférence annuelle 2020

 

Alain Bovis remet le prix ATMA de l’innovation ATMA à Lionel Huetz pour son concept de catamaran rapide lors de la conférence FFAST 2017.

 

    
Alain Bovis, IGA
X74-ENSTA, Alain Bovis a fait toute sa carrière à la DGA et à DCNS. Il y a exercé diverses fonctions de recherche, d’ingénierie et de management industriel. Il a été directeur de l’établissement d’Indret puis directeur général d’Armaris, filiale commune de DCN et Thales. Il a créé en 2010 DCNS Research. Expert en hydrodynamique, il a été lauréat du prix Roger Brard et du prix Girardeau de l’Académie de Marine.
 

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