LA MAINTENANCE AÉRONAUTIQUE EN POLYNÉSIE FRANÇAISE
UN PILIER STRATÉGIQUE POUR LES FORCES ARMÉES
La Polynésie française, avec son vaste territoire maritime s'étendant sur une superficie équivalente à celle de l'Europe, joue un rôle crucial dans la géopolitique du Pacifique. Cette importance stratégique nécessite une présence militaire significative, soutenue par une infrastructure de maintenance robuste. La direction de la maintenance aéronautique (DMAé) assure un rôle fondamental pour le soutien des Falcon et des hélicoptères embarqués de la Marine nationale ainsi que pour celui des CASA de l'Armée de l'air et de l'espace déployés dans la zone.
Organiser la maintenance aéronautique
Le MCO (Maintien en Condition Opérationnelle) aéronautique couvre l’ensemble des activités nécessaires pour maintenir en état de vol un aéronef. Ces opérations sont menées à deux niveaux de responsabilité : le soutien opérationnel couvrant l’entretien courant (vérifications réalisées avant/après vol, inspection, échange standard d’un équipement en panne ou d’une pièce abîmée) ; et le soutien industriel couvrant des opérations plus poussées réalisées de façon périodique et nécessitant la mise à l’arrêt total de l’aéronef. Où qu’il soit réalisé, le MCO n’est pas une fin en soi. Il doit avoir pour seul objectif la mise à la disposition des utilisateurs de matériels en état de voler afin que ces derniers mènent leurs missions.
Née en 2018 de la volonté de Mme Parly, alors Ministre des Armées, de rendre la gouvernance du MCO aéronautique ainsi que le pilotage des activités plus robustes, plus efficients et cohérents, la DMAé a pour mission première d’assurer toute la maîtrise d’ouvrage de l’activité de MCO aéronautique et le pilotage des contrats de maintenance. Ainsi, elle conçoit et propose au CEMA la stratégie du MCO, garantit la cohérence globale des actions de MCO, négocie et pilote les contrats de soutien.
La Polynésie française, plus qu’un territoire, un archipel
Située au cœur du Pacifique Sud, la Polynésie française permet à la France de maintenir une présence permanente dans une région où les tensions géopolitiques sont en constante évolution. La surveillance des voies maritimes, la lutte contre les activités illicites et l'assistance en cas de catastrophes naturelles sont des missions critiques pour lesquelles les aéronefs de la Marine nationale et de l'Armée de l'air et de l'espace sont indispensables. La Polynésie française accueille donc plusieurs installations militaires clés, notamment la base aérienne 190 à Faa'a qui constitue le cœur des opérations aériennes dans la région, abritant 2 CASA, 5 Falcon 200 Gardian et 3 Dauphin N3 (dont 2 Dauphin N3+). La diversité des aéronefs stationnés permet aux armées de couvrir un large spectre de missions, allant de la surveillance maritime aux opérations humanitaires en passant par le transport logistique, mais aussi d’indispensables missions de recherche et sauvetage.
La maintenance des aéronefs en Polynésie française présente des défis uniques, en raison de l'éloignement géographique, des conditions climatiques tropicales et de la diversité des missions.
L’un des aspects les plus complexes du MCO y est la logistique. Les pièces de rechange doivent souvent être acheminées depuis la métropole ou d’autres bases internationales, ce qui nécessite une coordination logistique de haut niveau. L'éloignement des îles polynésiennes des grands centres de maintenance implique des délais de livraison prolongés pour les pièces détachées et les équipements spécialisés. Cette situation exige une planification logistique rigoureuse et l'établissement de stocks stratégiques sur place pour minimiser les temps d'immobilisation des aéronefs.
Le climat tropical humide de la Polynésie française impose des contraintes spécifiques sur les opérations de maintenance. La corrosion due à l'humidité et à l'air salin est un problème majeur, nécessitant des inspections très rigoureuses et régulières ainsi que des traitements préventifs pour assurer la longévité et la fiabilité des appareils, qui ne sont pour la plupart plus de première jeunesse.
A chaque aéronef son soutien
Les principales infrastructures de maintenance aéronautique se trouvent sur l’île de Tahiti, plus précisément à la base aéronavale de Faa’a. Là, les opérateurs industriels de Sabena Technics, Jet Aviation et Airbus Helicopters côtoient les opérateurs étatiques, mécaniciens de l’armée de l’air et de l’espace ou de la Marine.
Du Falcon de surveillance maritime au CASA de transport, une variété d’appareils et de contrats
La maintenance s’appuie sur différents types de contrats.
F200G : externalisation totale opérée via un contrat notifié en avril 2021 à Jet Aviation France pour une durée de 10 ans avec un engagement en disponibilité étendu. Le maître d’œuvre industriel est par ailleurs en charge de la totalité des opérations logistiques et de la gestion et du maintien de la navigabilité depuis avril 2022. Après des débuts difficiles opérés lors de la crise Covid 19, les performances industrielles sont jugées globalement satisfaisantes, les objectifs de disponibilité sont atteints depuis la prise de contrat malgré des obsolescences de plus en plus nombreuses sur cette flotte vieillissante dont le remplacement par des F50M va intervenir entre le dernier trimestre 2024 et l’été 2027.
CASA : externalisation partielle via un contrat notifié en mai 2022 à Sabena Technics pour 10 ans. L’engagement en disponibilité couvre le périmètre du soutien industriel et une partie du soutien opérationnel ; l’Armée de l’air et de l’espace reste quant à elle l’organisme de gestion de la navigabilité. Acteur du MCO CASA dans le Pacifique depuis plus de 20 ans, le titulaire répond parfaitement aux objectifs fixés et démontre de très grandes compétences techniques, indispensables au traitement des pannes complexes rencontrées sur les quatre CASA positionnés dans le Pacifique.
Le MCO des 2 Dauphin N3+ fait l’objet d’un marché notifié en 2019 à Airbus Helicopters pour 8 ans et inclut notamment la mise en place d’un guichet industriel sur la base de Faa’a et la réalisation des visites par l’industriel. Les moteurs de ces Dauphin sont soutenus par Safran Helicopters Engines via un autre marché notifié en 2022 pour 10 ans.
Le MCO du Dauphin N3 de la Flotte Intérimaire a été confié en 2019 au groupement Héli Union (devenu Sabena Technics Helicopters) et Defense Conseil International pour 11 ans. Outre l’activité de soutien industriel (réalisation des visites d’entretien,…) et l’assistance technique, les titulaires sont en charge des tâches de gestion du maintien de navigabilité.
Sécurité et souveraineté à grande échelle
Bien que de création récente, la DMAé en Polynésie française a démontré une capacité remarquable à s'adapter et à innover malgré l’éloignement géographique, les conditions climatiques et la diversité des missions. Grâce à une organisation bien structurée, des partenariats solides et une vision tournée vers l'avenir, la maintenance aéronautique en Polynésie française continue de garantir la disponibilité et la performance des aéronefs de la Marine nationale et de l'Armée de l'air et de l'espace, assurant ainsi la sécurité et la souveraineté de la France dans cette région du monde.
Après divers postes liés aux activités d’essais et d’expertises à DGA EP, il devient architecte au profit de l’UM HORUS. De 2019 à 2023, il se tourne vers la sphère financière au sein de l’UM ESIO, puis à la DMAé qu’il rejoint en 2021 au sein du segment de soutien « transport et école ». Il occupe depuis l’été 2023 le poste de responsable projets « avions de base civile ».
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