LA SECONDE INTERCALAIRE…
LA MESURE DU TEMPS EST UNE CHOSE, LA DIFFUSION DE L’HEURE EN EST UNE AUTRE : ELLE CONFRONTE L’HOMME À LA NOTION DE PARTAGE, LE FAISANT ENTRER DANS UN MONDE DE COMPLICATIONS, PAS SEULEMENT HORLOGÈRES, DE DIFFÉRENCES CULTURELLES, LE POUSSANT À RECHERCHER D’IMPROBABLES CONSENSUS, OUBLIANT UN INSTANT DE VOIR MIDI À SA PORTE. EN VOICI UNE ILLUSTRATION CONTEMPORAINE, DANS LE THÉÂTRE DES ORGANISMES ONUSIENS RYTHMÉS PAR LES ACCORDS INTERNATIONAUX.
Si le temps astronomique a été le premier à portée de l’être humain, l’ère contemporaine a ouvert la porte au temps atomique : nous sommes ainsi entrés dans une période charnière où une cohabitation doit être aménagée, sans voir là une quelconque opposition entre anciens et modernes, beaucoup trop réductrice, tant les usagers de l’un et de l’autre ont pris leurs habitudes et codifié leurs pratiques.
Ainsi, depuis 1972, le bon vieux temps universel coordonné (UTC) qui suit la rotation de la terre, et le jeune et fringant temps atomique international (TAI) sont périodiquement rappelés à l’ordre, afin de limiter leurs variations relatives principalement liés aux errements de la vitesse de rotation de la terre. C’est ainsi que naquit la seconde intercalaire (leap second, en anglais), que l’on ajoute ou retranche quand la variation atteint un maximum encadré par des conventions internationales.
Le cadran solaire, garant du bon vieux temps coordonné ! (ici la nef solaire de l'aire d'autoroute de Tavel Nord)
Le Bureau Central du Service international de la rotation terrestre et des systèmes de référence, à l’Observatoire de Paris, qui en est le dépositaire, intime périodiquement aux organismes du monde entier, la nécessité de procéder, au même moment, à l’injection de cette fameuse seconde. Au 1er janvier 2017, en 45 ans, 27 ajouts d’une seconde avaient eu lieu.
Mais la seconde intercalaire entraîne des manipulations délicates des horloges internationales, avec bien des effets secondaires complexes sur lesquelles on ne s’étendra pas ici.
La dite seconde intercalaire semblait donc condamnée en 2012, à la merci d’un vote consensuel des états, sous l’égide de l’Union internationale des télécommunications, instance où le futur de la dite seconde peut être délibéré.
Que s’est-il donc passé à la conférence mondiale des radiocommunications de 2012, alors qu’une nette majorité d’états était en faveur de la suppression ? Car contre toute attente, la seconde s’est vu donner à cette occasion les chances d’un nouveau bond ! https://news.un.org/fr/story/2012/01/237932-luit-reporte-la-decision-deliminer-la-seconde-intercalaire
Le jeudi 19 janvier 2012, il aura suffi de 3h15 d’échanges (ou devrait-on dire de prises de positions ?) pour faire échouer le projet de suppression : le lobby intense des anglo-saxons a entraîné le revirement de l’Allemagne, l’abstention surprise de l’Italie. sur fond d’indécision de nombreux états, traditionnelle dans ce genre de circonstances. L’unique consensus a été de repousser le sujet à 2023, assorti de demandes d’études complémentaires !
Le sujet est repoussé à 2023
Ceux des états qui comme la France avaient privilégié la raison cartésienne – « l’effet des secondes intercalaires serait insignifiant pour la vie publique dans les prochains siècles » -, n’avaient pu convaincre, face aux considérations historiques, sociales, politiques voire philosophiques invoquées dans les coulisses.
Pour 2023, les paris sont ouverts… plusieurs options sont identifiées, dont celle du statu quo, ce qui laisse certains augurer que la seconde intercalaire a de beaux jours devant elle, même si aux dernières nouvelles, l’UIT s’orienterait vers un transfert complet du sujet au BIPM…
NB : L’idée pourtant élégante de remplacer les secondes intercalaires par l’introduction d’heures intercalaires (la première se produisant vers l’an 2600) a fait long feu, et n’apparaît plus dans les options sur la table !
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