LE MELTING-POT SCIENTIFIQUE RÉCOMPENSÉ
UN IA LAURÉAT DU PRIX DE LA MEILLEURE PRODUCTION SCIENTIFIQUE DE L’UNIVERSITÉ PARIS-SACLAY
Chaque année, l’Université Paris-Saclay récompense les « meilleures productions scientifiques » de ses doctorants. J'ai eu la chance d'être nommé lauréat en 2021. Contrairement à d’autres prix, ce concept ne se limite pas exclusivement aux articles. Explications.
Une thèse à la croisée des communautés
Comment conjuguer FAMIA, stage opérationnel, mission Jeanne d’Arc et doctorat en intelligence artificielle pour un jeune IA ? Eh bien grâce à l’affectation temporaire ! C’est le projet que j’avais présenté à la DRH lors de mon entrée dans le corps des IA et qui, malgré quelques rebondissements, a pu voir le jour. D’un côté, un industriel, Thales, chez qui je suis formellement affecté en tant qu’ingénieur R&D en intelligence artificielle, de l’autre Télécom Paris, encore membre de l’Université Paris-Saclay au démarrage de mon doctorat et qui rejoindra l’Institut polytechnique de Paris en cours de route. Enfin un dernier acteur : le LINCS (Laboratory of Information Networks and Communication Sciences), un centre de recherche qui regroupe académiques (Télécom, CNRS, INRIA) et industriels (Nokia Bell Labs, SystemX) au cœur du XIIIe arrondissement. C’est là que se trouve mon bureau.
Le développement open-source, un superbe apprentissage de l’ingénierie système
C’est justement en échangeant avec des ingénieurs de Nokia que je découvre le développement open-source. Loin de mes préjugés, j’en saisis progressivement l’intérêt pour valoriser mes propres travaux théoriques auprès du reste de la communauté, mais également m’approprier des algorithmes incontournables dans mon domaine tels que le célèbre « PageRank » qui a fait la fortune de Google. Travaillant en équipe avec mon directeur de thèse, Thomas Bonald, et un autre doctorant, Quentin Lutz, nous lançons donc un logiciel libre intitulé Scikit-network. Le but : rassembler dans une même librairie les principaux algorithmes de graphes de la littérature ainsi que les résultats de nos travaux pour les mettre à disposition du plus grand nombre avec un meilleur niveau de service que nos concurrents.
Architecture en modules et sous-modules, choix des structures de données, gestion des interfaces, compromis rapidité versus simplicité, processus qualité, tests de qualification, versionnage et anticipation du MCO : tout est là pour mettre en application, à échelle réduite, les grands principes d’ingénierie enseignés à la DGA. Par ailleurs, la communauté open-source a cette force de pouvoir inclure dans un même projet les contributions de gens venus du monde entier sans jamais les rencontrer. C’est l’occasion de développer une nouvelle compétence : le management asynchrone (comprendre « sans réunions »). En effet, les contributeurs travaillent sur leur temps libre et dans la limite de leur bon vouloir, impossible de faire jouer directement une quelconque forme d’autorité. Il faut donc motiver, accompagner et valoriser pour avancer.
Des productions toujours plus valorisées
Si ce type de projet se déploie de plus en plus en intelligence artificielle, c’est que la reproductibilité des résultats scientifiques devient chaque jour plus critique, en particulier dans ce domaine qui reste très expérimental. Journaux et conférences se sont d’ailleurs adaptés à cette tendance, proposant désormais quasi systématiquement de présenter des travaux d’implémentation. Scikit-network a ainsi été « publié » au prestigieux Journal of Machine Learning Research, ce qui, couplé aux retours des utilisateurs sur GitHub, a probablement emporté l’adhésion du jury de Paris-Saclay...
Nathan de Lara
Issu de la promotion 2012 de l’X, Nathan de Lara a démarré sa carrière en affectation temporaire chez Thales, au cours de laquelle il obtient son doctorat en intelligence artificielle, avant de prendre des fonctions de sous-préfet chargé de la relance dans le Calvados.
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