LE LRBA À VERNON
UN ACTEUR STRUCTURANT
Implanté sur les hauteurs de la ville dès 1946 pour ses activités de recherche balistique, le LRBA a tissé des liens étroits avec la population locale malgré des débuts difficiles. Cet article revient sur l'impact de cet établissement scientifique dans le paysage économique, culturel et technologique de Vernon et de la Normandie, à travers notamment sa participation à de grands succès spatiaux qui y ont durablement ancré une culture spatiale.
Les décrets du 17 mai 1946 et du 13 août 1946 créent le Laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques (LRBA), établissement militaire rattaché à la Direction des études et fabrications d'armement (DEFA).
Les critères pour le choix de son implantation sont ;
- Site sans habitations dans un rayon de 2 km, pour le bruit et surtout la discrétion des essais.
- Site à moins de 5 km (10 au plus) d’une voie ferrée sans ouvrage d’art.
- Site avec dénivellation abrupte de 30 à 50 mètres au sommet desquels serait édifié le stand d’essai pour permettre à la flamme de la tuyère de se développer sans obstacle.
- Site proche de terrain plat pour les infrastructures : usine d’oxygène liquide, ateliers mécaniques, stockage des ergols, laboratoires de contrôle et de mesure.
- Site approvisionné abondamment en eau.
Après des prospections dans le centre de la France et en région parisienne, Vernon est retenu. En effet, le plateau dominant la vallée de la Seine et la ville de Vernon correspond aux critères et la guerre a rendu disponible les 500 hectares du champ de tir et des ateliers de chargement d’Edgar Brandt nationalisés depuis le 1er janvier 1937.
La DEFA décide donc de rassembler, sur ce site d’accès peu aisé, les moyens en personnels, en laboratoires et en installations d’essais couvrant l’ensemble des techniques concourant à la réalisation d’un système d’arme comprenant un missile, ainsi que les équipements au sol permettant sa mise en œuvre, son lancement et son guidage.
Cette implantation à l’écart des populations civiles et la confidentialité des travaux qui y sont menés vont conditionner son impact, ses relations et son intégration au niveau local et régional.
Fin 1946, l’arrivée des premiers scientifiques allemands recrutés par la France arrivent à Vernon, ville en partie détruite par les bombardements.
Situation délicate pour les techniciens allemands anciens de Peenemünde (TAP) et du Groupe Maybach qu’il faut héberger à Vernon et qui rencontrent la froideur bien naturelle de la population locale peu et mal informée de cette présence.
Faute de logements disponibles à Vernon, le LRBA va gérer l’hébergement de ses personnels et les servitudes correspondantes (eau, électricité, voirie, transport en commun, service de voirie, etc.).
Cette situation va durer et le 27 mai 2004, à la demande du LRBA qui veut sortir ce quartier de l’anonymat, le conseil municipal décide de le baptiser « Plateau de l’Espace ».
Dès les années 1950, un club sportif voit le jour au LRBA et au travers des rencontres sportives va créer des liens entre l’établissement et ses personnels avec la ville et la région.
En 1965, la mise sur orbite du satellite Astérix par le lanceur Diamant fait de la France la troisième puissance spatiale et met à l’honneur le LRBA et la ville de Vernon.
En octobre 1971, les activités industrielles d’étude et de réalisation de moteur fusée à ergols liquides du LRBA sont transférés à la SEP et donne ainsi naissance à l’établissement Vernonnais de cette société. Les activités sur l’optique spatiale et les paliers magnétiques sont également transférées à ce nouvel établissement.
Cette coupure entraîne de nombreuses réactions au LRBA et à Vernon. Outre les aspects techniques, il faut régler tous les problèmes de logistique entre un établissement industriel privé et un établissement étatique ; réseaux d’eau, électrique et téléphonique communs, cantine commune, réseau de car pour les personnels et les scolaires, club sportif commun, hébergement des personnels, etc.
Rendre ces deux établissements totalement autonomes et leur permettre de cohabiter va prendre du temps, tout comme la création au niveau de la région d’une nouvelle image du LRBA.
A partir des années 1985, diverses actions seront entreprises pour le moral des personnels (nouvelles activités, labo astro-inertiel, GPS) et pour redorer l’image du LRBA à Vernon et en Normandie : reprise des fêtes omnisports, organisation de journées portes ouvertes, journées sciences et défense à Rouen, jumelage avec le lycée de Vernon, anniversaire des 40, 50 et 60 ans du LRBA, création d’une salle de présentation des diverses réalisations du LRBA, participation à Odyssée 21, salon des sciences et de la découverte au Zénith de Rouen, participation à la création de Normandie Aerospace, exposition pour les 50 ans de diamant, …
Toutes ces actions vont connaître un réel succès et, dès la fin des années 90, le LRBA est de nouveau sollicité pour participer à diverses expositions et manifestations scientifiques.
Par ses relations avec les mondes scientifique, technique, industriel ainsi que par les nombreuses visites sur le site de personnalités et délégations françaises et étrangères du plus haut niveau, le LRBA (et sa composante devenue partie de la SEP) a contribué fortement au rayonnement de la ville de Vernon et de sa région.
LRBA, la Seine et Vernon (2004)
En 2012, dans le cadre de la réorganisation du ministère de la défense, les activités du LRBA et ses personnels sont transférés en Bretagne au sein d’un autre centre de la DGA à Bruz.
Le site du LRBA est reversé à la ville de Vernon et devient le campus de l’Espace.
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