J'ignorais totalement ce qu’était un Conseiller du Commerce Extérieur de la France (voir l’article de Louis Le Pivain) quand en 1987 le Ministre Conseiller Economique de l’Ambassade de France à Washington, Jean-Daniel Tordjman, me proposa d’en devenir un… Il m’expliqua en quoi cela consistait, j’étudiai la chose, y compris avec un ami qui se trouvait être conseiller commercial en cette même ambassade. C’était fort intéressant, d’un point de vue personnel, et aussi pour l’Etat français puisqu’on payait une cotisation – élevée – pour rendre service à la nation, mais j’avais un poste à plein temps qui demandait toute mon attention… Ma conclusion fut donc sans appel et je la communiquai à Monsieur Tordjman : sa proposition me flattait mais je ne pouvais pas accepter… Je dirigeais alors depuis un peu moins d’un an la filiale de Spot Image aux Etats-Unis, SICorp (Spot Image Corporation) récemment créée, avec l’objectif de réussir la commercialisation des images SPOT sur le continent nord-américain dont on estimait le marché à 25-30 % du marché mondial… C’était un poste qui cumulait beaucoup de premières pour moi : première expérience commerciale, direction d’une entreprise privée, immersion totale dans le « business » américain avec recrutement et formation d’une trentaine d’employés américains…
Or, en 1988, je rappelai moi-même M. Tordjman pour lui dire que tout compte fait, un an après, maîtrisant un peu mieux mon activité principale, j’étais candidat pour devenir CCEF ! Et je lui expliquai sans détours ce revirement. A vrai dire, à l’époque de sa proposition, je ne réalisais pas qu’il me faisait déjà faire ce travail depuis plusieurs mois. Et il avait continué après mon refus. En effet, il m’envoyait régulièrement des industriels ou des commerciaux qui se posaient des questions d’apparence triviale, mais qui ne le sont pas à l’étranger, surtout aux Etats-Unis : comment aborder les juristes d’un contrat, quelles sont les précautions à prendre pour créer une filiale, comment traiter les questions fiscales, faut-il négocier en $ ou en FF, quels sont les bons contacts pour… etc… Il leur disait « Allez voir Pierre Bescond, il a dû régler ces mêmes problèmes, il pourra mieux vous conseiller que l’ambassade ». Tant qu’à faire le travail, autant valait être nommé CCEF et s’intégrer dans ce fabuleux réseau, qui m’a en retour considérablement aidé à mieux comprendre le commerce ! Je suis resté CCEF et cela fait donc presque 30 ans que je donne dans ce bénévolat d’un genre particulier, de façon différente en France métropolitaine où l’on fournit un soutien éclairé à des PME qui se lancent à l’export et où l’on fait bénéficier des étudiants candidats à un métier international d’une véritable expérience de terrain, sans parler des contributions à des groupes de travail ou commissions. Pour ne citer qu’un exemple, je participe à un comité « Pôles de compétitivité » qui formule des suggestions propres à valoriser à l’export les résultats des travaux de recherche.
Je crois d’ailleurs que notre beau métier d’Ingénieur de l’Armement est une véritable mine pour le bénévolat, et qu’il serait dommage de ne pas en faire prof ter le CNCCEF certes, mais aussi toutes les associations, professionnelles ou pas : la compétence, l’expérience et le réseau que nous apportons méritent d’être partagés.