TROIS PILIERS D'EXCELLENCE
La guerre en Ukraine nous rappelle la nécessité de posséder une artillerie performante dans les conflits de haute intensité. Ce numéro du Magazine des ingénieurs de l’armement consacré aux matériaux énergétiques et à la pyrotechnie met en valeur l’ensemble des acteurs, étatiques et industriels, qui concourent à l’excellence de la France dans ces domaines, que ce soit au travers de l’Exocet d’hier, du CAESAR d’aujourd’hui ou du MHT (Missile Haut de Trame) de demain.
Cette excellence s’appuie sur 3 piliers. Le premier pilier est évidemment l’ensemble de notre industrie de défense, des plus petites PME et ETI jusqu’aux grands maitres d’œuvre. Cette base industrielle forte garantit notre souveraineté dans le domaine. Nous sommes donc très attentifs à sa santé financière et aux difficultés qu’elle peut rencontrer. D’ailleurs, la situation en Ukraine met en lumière la nécessité de sécuriser nos approvisionnements en matériaux critiques, composants et matières premières. Nous devons ainsi chercher à réduire notre dépendance à des fournitures étrangères et également gagner en agilité et réfléchir ensemble à la construction d’un outil industriel qui soit en mesure d’augmenter ses capacités de production si la situation l’exige. Plusieurs solutions existent, comme par exemple la constitution de stocks stratégiques sur les approvisionnements longs ou sur le chemin critique.
Le second pilier est notre capacité à anticiper les menaces de demain et à innover. Il s’agit de mieux identifier encore les enjeux capacitaires des conflits de haute intensité. La définition de ces enjeux nourrit le processus d’innovation porté par l’AID. L’hypervélocité représente à ce titre l’un des défis majeurs d’innovation auxquels nous devons répondre dans la prochaine décennie, et je sais pouvoir compter sur l’excellence technique de notre industrie de défense et son fort potentiel d’innovation. Je n’oublie pas cependant que ces innovations peuvent posséder un caractère dual, notamment dans le domaine spatial. Les synergies et réussites dans le domaine nucléaire sont également issues de cette dualité, qui doit d’ailleurs être encouragée partout où cela est possible afin de garantir la pérennité de notre BITD et donc, in fine, notre souveraineté.
Le troisième pilier c’est l’expertise technique et nos moyens d’essais de la DGA qui nous permettent de démontrer le plus haut niveau technologique. Je prends pour preuve les cinq essais majeurs dans le domaine de la dissuasion qui ont été réalisés depuis 2017, portant à la fois sur notre composante nucléaire océanique et sur notre composante nucléaire aéroportée, qui se sont tous traduits par des succès, démontrant ainsi la crédibilité de notre force.
La souveraineté, nous devons également la construire au niveau européen. La Commission européenne, en liaison avec l’Agence européenne de défense (AED), a analysé, au regard de la crise en Ukraine, les déficits capacitaires existants au sein de l’Union européenne. Il est important que la France, Etat comme industrie, joue un rôle prépondérant dans les décisions qui suivront afin d’assurer l’indépendance de l’industrie européenne de défense et de permettre aux Etats de renforcer leurs capacités en privilégiant autant que possible les armements européens. Le Fonds européen de défense est évidemment une première étape décisive. Le projet d’intercepteur endo-atmosphérique TWISTER en est un exemple concret, mais ces efforts doivent être poursuivis, encouragés, concrétisés.
Ce magazine vous offre un aperçu des enjeux de la pyrotechnie des plus petits « boum » des munitions jusqu’aux grands « boum » de nos missiles et lanceurs.
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