ENGAGEMENT CIVIQUE : UNE DÉMARCHE INNOVANTE D’INTREPRENEUR DE SERVICE PUBLIC
La politique de l’engagement civique s’est déployée, depuis janvier 2015, sous de multiples formes. Aujourd’hui, avec la Réserve civique, il n’a jamais été aussi simple de s’engager, de donner de son temps pour la République et de vivre une belle expérience ! Êtes-vous prêt ?
Lancée au lendemain de l’attentat contre Charlie et des manifestations du 11 janvier 2015, la politique de l’engagement civique est motivée par le besoin de développer la résilience de la société face au risque de fragmentation et à la menace terroriste. Ce faisant, elle répond à la demande d’engagement manifestée par les citoyens pour servir la République, notamment auprès des forces de sécurité comme auprès de l’Education nationale. Elle se déploie simultanément à trois niveaux : le Service civique, la Garde nationale et la Réserve civique.
Je ne développerai que son volet bénévole, la Réserve civique, née le 27 janvier 2017. En quelques mois à peine, elle a déjà conquis des centaines d’organismes et de bénévoles qui partagent une même motivation : être et se sentir utile à la République. Je ne vous en parlerais pas sans l’avoir testée, bien sûr : une belle expérience ! Ce numéro consacré à l’engagement est aussi l’occasion de vous faire découvrir une manière innovante de déployer une politique publique.
La Réserve Civique s’adresse aux associations et organismes à but non lucratif de droit français, aux personnes morales de droit public (collectivités territoriales, établissement publics), et aux services de l’État. Ces organismes d’accueil proposent des missions occasionnelles, des projets d’intérêt général et incarnant les valeurs de la République. Tout citoyen ou étranger résidant régulièrement en France, de plus de 16 ans et sans limite d’âge, peut être réserviste. Devenir réserviste civique, c’est un engagement volontaire et bénévole en soutien des politiques publiques et des grandes causes nationales ou territoriales. |
La Réserve civique : un engagement occasionnel, bénévole, à proximité de chez vous
La France compte plus de 10 millions de bénévoles. Ce bénévolat connaît de fortes évolutions. Les personnes s’engagent désormais de manière occasionnelle, à la carte, pour une cause, certes, mais plus encore pour un projet, voire réalisent des missions de quelques heures le week-end de passage à Paris. Autre tendance majeure : les jeunes s’engagent de plus en plus. Près de 100 000 d’entre eux ont réalisé une mission de Service civique en 2016. Par ailleurs, de nombreuses sociétés privées entreprennent une démarche de mécénat de compétences auprès d’associations (Pro Bono).
C’est dans ce contexte que, le 27 janvier 2017, la Réserve civique était créée (voir encadré ci-contre). Trois mois plus tard, la plateforme numérique http://reserve-civique. beta.gouv.fr/ était mise en ligne. Fin juillet, plus de 150 organismes (associations, collectivités, services de l’Etat) proposaient des missions sur l’ensemble du territoire, plus de 250 personnes s’étaient inscrites comme réservistes, une cinquantaine d’entre elles réalisaient une mission. Plusieurs facteurs clés contribuent à cette dynamique :
1/ la démarche a été lancée sur le terrain, au niveau des départements, auprès des associations locales, des collectivités et des services de l’Etat. L’Etat n’impose rien, il n’est qu’un facilitateur de la rencontre entre le besoin des uns et l’envie des autres. La Réserve sera in fine celle des réservistes, au profit de tous ceux qui en bénéficieront. Elle n’est d’ailleurs assortie d’aucun objectif chiffré ;
2/ la logique de proximité est primordiale pour un engagement occasionnel et a guidé la conception de la plate-forme. Mise en ligne en trois semaines seulement, son développement se poursuit en mode agile, avec l’incubateur « beta.gouv » des services du Premier ministre (SGMAP/DINSIC). La première source d’amélioration continue : vos commentaires, idées et suggestions via la fonctionnalité Feedback. Après tout, c’est votre plateforme !
3/ l’équipe projet autour de Yannick Blanc, haut-commissaire à l’engagement civique, est restreinte (à ce stade, 4 conseillers et une assistante) et fonctionne en mode start-up. Créativité est le maître-mot pour développer des outils, des formations, des kits de communication en appui des départements et pour nouer des partenariats à l’échelle nationale.
De la théorie à la pratique, il n’y a qu’un clic
Avril 2017. Depuis quelques jours, mes collègues et moi accompagnons les premiers organismes dans la publication de missions précises et attractives. Consultants et amis bénévoles nous l’ont expliqué : la règle numéro 1, c’est de donner envie dès la première phrase ! Mise en application et là, une mission me séduit immédiatement. En plus, elle se déroule près de chez moi. Un clic et je prends contact avec l’association via la plate-forme. Deux jours plus tard, rendez-vous est pris sur place pour un calage des plages de disponibilité. La mission ? Ecrivain public pour aider des déf cients visuels à remplir leur déclaration d’impôts.
Ce fut avant tout une mission d'accueil, d’écoute et de contact avec des personnes handicapées, une occasion de créer du lien social. En résumé, une expérience très riche et intense avec une dizaine de personnes très diverses. J’ai vraiment eu le sentiment d’avoir été utile. J’ai même noué une amitié prodigieuse. Je n’en dirai pas davantage car « celui qui a rendu un service doit se taire : c'est à celui qui l'a reçu de parler. » (Sénèque)
Comme pour le secteur marchand (ou matrimonial !), le rapprochement de l’offre et de la demande est un enjeu fort pour le secteur associatif. Nombre d’associations recherchent en effet des bénévoles pour pérenniser leur activité, étendre leurs missions et ainsi mieux répondre au besoin qu’elles perçoivent ; parallèlement, des personnes sont à la recherche d’un engagement répondant à leurs aspirations. Fort naturellement, des plates-formes de rencontre se sont développées sur la Toile afin de favoriser la mise en relation. Il peut s’agir de plateformes génériques comme Tous bénévoles www.tousbenevoles.org ou France Bénévolat www.francebenevolat.org |
Les forces de l’engagement au service d’une action publique reposant sur des objectifs partagés et non des normes
La mobilisation nationale contre l’isolement des âgés (Monalisa) a été lancée en janvier 2014 par la secrétaire d’Etat aux personnes âgées, Michèle Delaunay, en partenariat avec plusieurs associations nationales. L’objectif est simple mais ambitieux : favoriser partout en France la création « d’équipes citoyennes ».
L’expérience de Monalisa est un cas concret de stratégie d’impact collectif (voir encadré). Elle apporte une réponse novatrice à la question du « passage à l’échelle » des innovations sociales : il ne s’agit plus d’élaborer une ingénierie complexe pour industrialiser une innovation liée à un contexte local, mais de provoquer la convergence entre un cadre d’action correspondant à une politique publique et une capacité d’action ancrée dans la société civile.
Dans ce contexte, les différentes forces de l’engagement peuvent être mobilisées en fonction de l’action publique considérée : jeunes volontaires en service civique, Garde nationale, réserves citoyennes de la défense ou de l’Éducation nationale, et, bien sûr, Réserve civique. Dès à présent, la Réserve civique est mobilisée sur les enjeux de sécurité routière et de sécurité civile. D’autres grandes causes viendront prochainement enrichir ce panel.
Vous pouvez y contribuer en vous engageant et, le cas échéant, en devenant réserviste !
Bertrand Delmas-Marsalet, ICA Conseiller du haut-commissaire à l’engagement civique | |
Après une vingtaine d’années au service de la dissuasion et des essais de missiles, (DGA et CEA/DAM), Bertrand Delmas-Marsalet a rejoint le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale en 2012 et, depuis 2016, l’équipe du haut-commissaire à l’engagement civique. |
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