MISSIONNAIRE AVEC LES PARCOURS ALPHA
Mais comment en suis-je arrivé là ? C’est quand même une sacrée aventure ! En fait, l’aventure a commencé en 1973, jeune ingénieur, jeune marié, et... fort d’une expérience spirituelle forte qui a un peu (beaucoup) transformé ma vie. Et depuis cette date, dans les laboratoires, au bureau, à l’Etat-major, dans les avions, dans les ambassades, il y avait comme un bouillonnement qui sourdait, et qui attendait son heure.
Le déclencheur a été une conversation quelques mois avant la date de « mise en disponibilité », en 2006, où mon interlocuteur me vantait les mérites de cette période où on peut faire « ce qu’on a envie de faire », pour « se faire plaisir ». C’était une question inhabituelle pour moi, « mais qu’est-ce que j’ai envie de faire ? ». Une question insolite, et même un peu inconfortable, si formés que nous sommes à « faire notre devoir », et « mettre notre talent au service de la société ». Pour la première fois sans doute, je couchais sur le papier mes talents, mes appétences, mes expériences, mes compétences… et en même temps je me mettais « à l’écoute des signes », je me rendais attentifs aux appels, aux événements, aux clins d’œil de la vie quotidienne, à ces petits riens qui vous frappent et vous interpellent. C’est déroutant, c’est inhabituel, et c’est inconfortable ! On ne sait plus très bien où on va, on se laisse porter par les intuitions, par les inspirations, et peu à peu on apprend à s’appuyer sur des critères de discernement objectifs et solides, et on comprend que c’est bien ça.
L’Equipe Nationale des Parcours Alpha est une Association au service des églises chrétiennes pour développer et promouvoir la pédagogie Alpha, une pédagogie d’évangélisation basée sur la fraternité, l’écoute, et la toute première annonce de l’Evangile. (www.parcoursalpha.fr) |
Enfin, au fil des mois, il y a des encouragements et des indices qui ne trompent pas, et peut-être que d’autres amis « bénévoles engagés » s’y reconnaîtront :
1/ je mobilise toute mon énergie, et cela me rend heureux, dans une impression forte d’unité intérieure. Pas de tiraillement, pas de schizophrénie existentielle, mais un sentiment profond d’unité et de paix intérieure ;
2/ mon expérience est mise à contribution, la gestion de projet, le rapport aux autorités, la diplomatie, les langues, la prise de parole… rien n’est inutile !
3/ je découvre, j’apprends tous les jours, j’explore des territoires nouveaux, des territoires intellectuels, des territoires spirituels, des territoires culturels et humains, des territoires géographiques, l’histoire n’est pas f nie ! J’ai retenu du pasteur baptiste américain Rick Warren quelques leçons, et notamment que lorsqu’on arrête d’apprendre, on est mort ! Le défi est de taille !
4/ enfin j’ai la joie de constater que les personnes envers qui je m’exprime, je m’engage, devant qui je témoigne et j’enseigne, les communautés et les églises que j’accompagne, les prêtres et les pasteurs avec qui je travaille, tous me donnent des signaux et des retours positifs et encourageants. Mais je n’ai pas encore dit grand chose de mon engagement !
En fait c’est toute une palette d’activités.
1/ Au début de mon engagement, en septembre 2008, j’ai « signé » pour la création, le développement et l’animation d’un réseau d’antennes régionales bénévoles, pour soutenir et accompagner sur tout le territoire français le développement de la pédagogie du « Parcours Alpha », une pédagogie d’évangélisation au service de toutes les églises chrétiennes (voir le site www.parcoursalpha.fr). J’ai sillonné la France à la rencontre d’hommes et de femmes extraordinaires, dans des situations extrêmement variées, et qui acceptent de se rendre disponibles avec générosité, pour peu qu’on les encourage, qu’on les forme, qu’on les accompagne, qu’on leur partage son enthousiasme et sa conviction avec passion, avec détermination et énergie. J’anime actuellement un réseau d’une quinzaine d’antennes, à faire vivre et à renouveler sans cesse. Rapidement mon champ d’action s’est élargi.
2/ Je suis « formateur Alpha », et j’interviens bien souvent au cours de l’année pour enseigner, expliquer, animer, devant 30, 100, parfois 300 personnes désireux de lancer des Parcours Alpha dans leur paroisse ou église, et qui doivent se former et apprendre la pédagogie Alpha. Je forme des bénévoles, donc je donne ces formations en week-end, hum… Il faut quand même gérer avec la vie de famille. J’ai la chance de disposer de solides outils pédagogiques. J’ai pu travailler personnellement les outils de formation, et ce travail de formation est plein de satisfactions lorsqu’on voit les équipes démarrer, se lancer, et rendre compte des fruits et des résultats : des hommes et des femmes qui trouvent ou retrouvent la joie d’une relation personnelle avec le Christ qui transforme la vie, et qui reprennent le chemin d’une vie en église.
3/ Je suis référent et point focal pour le développement du Parcours Alpha dans les prisons en France. Un chantier délicat, au contact avec des personnes en grande souffrance de culpabilité, de désespoir, de solitude, de mésestime… Je me souviens d’avoir animé un Parcours Alpha dans une Maison d’Arrêt en région parisienne. On franchissait 6 portes blindées commandées à distance, pour arriver dans une salle polyvalente où il faisait 10°, partager un moment de convivialité avec une vingtaine de détenus, leur parler d’amour, de pardon, d’espoir, de vie, leur apprendre à partager, à prier, à espérer. Je me souviens aussi de leur questionnement : « mais qui êtes-vous, pour venir ainsi nous visiter, et revenir au f l des semaines pour nous parler d’un Dieu d’amour et d’espérance ? »
4/ Par un concours de circonstances étonnant que je ne détaillerai pas, je suis aussi depuis 2012 délégué par « Alpha International », à Londres, pour le développement des Parcours Alpha dans les pays francophones d’Afrique sub-saharienne, après un premier contact missionnaire avec l’Afrique francophone au Rwanda, et avec l’Afrique anglophone au Ghana. Avec des ressources limitées, j’ai visité la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Burkina-Faso, et j’ai un travail missionnaire suivi au Togo et au Cameroun. Que d’expériences inédites et inattendues ! A Atakpamé, au Togo, l’Evêque me demande d’animer et de prêcher la retraite annuelle de tous ses prêtres sur le thème de l’évangélisation. 2 ans plus tard ce même évêque me donne l’occasion de prendre la parole devant 15 000 personnes pour exhorter à l’évangélisation. Au Togo encore, à Lomé, j’ai eu l’occasion de donner une formation de 2 journées complètes à des équipes de chrétiens qui visitent les 9 prisons du pays. A Ouagadougou, au Burkina-Faso, j’ai donné une formation à un groupe de 150 pasteurs des Assemblées de Dieu, qui étaient stupéfaits de recevoir une formation de la part d’un formateur catholique ! A Abidjan, en Côte d’Ivoire, j’ai été invité à prêcher sur le thème de l’Esprit-Saint lors du culte dominical d’une grosse église évangélique. A Obala, près de Yaoundé, au Cameroun, l’Evêque me demande d’introduire Alpha dans tout son diocèse, et me donne carte blanche pour exhorter ses cadres en pastorale, pour prêcher devant tous ses prêtres, et pour former une équipe de 35 « formateurs ». J’ai eu aussi des déconvenues : un Evêque à Cotonou qui ne voit pas l’intérêt d’une formation dans son diocèse, un rendez-vous à Abidjan qui n’a jamais pu avoir lieu… Rien ne me prédisposait à me rendre en Afrique, et je confirme que lors de chacune de ces missions, j’étais largement en dehors de ma zone de confort. J’ai même dû filer d’urgence au Val de Grâce au retour d’une mission au Togo un peu trop épuisante ! Mais il y a l’appel, les signes et les confirmations, et les relations si prenantes avec ces hommes et ces femmes tellement différents, souvent insaisissables, mais toujours attachants. Et, cerise sur le gâteau, mon épouse, qui partage à sa façon mon engagement missionnaire, participe depuis 2 ans aux missions en Afrique, et nous permet ainsi de donner le témoignage d’un couple chrétien témoin et missionnaire.
5/ Par la force des choses, Alpha étant ouvert à toutes les églises chrétiennes, je me sens artisan d’unité dans la mosaïque des dénominations chrétiennes, expert catholique chez les protestants et expert protestant chez les catholiques, caméléon passe-partout qui établit des ponts, des passerelles, et fait tomber des murs. Comment oublier cette formation à Ouagadougou, devant 150 pasteurs des Assemblées de Dieu, églises évangéliques radicales et localement très distantes, voire agressives à l’égard de l’Eglise catholique : ces pasteurs se demandaient ce que pourrait leur apprendre un… catholique ! Ils ont découvert un catholique qui connaît la Bible et la cite abondamment, un catholique qui croit fermement en la puissance de l’Esprit-Saint, un catholique qui n’hésite pas à imposer les mains sur les malades, un catholique qui prêche le salut par le Christ… Ils n’en revenaient pas ! « Notre regard sur l’Eglise catholique ne sera plus jamais le même ! » Cette expérience justifie largement les 10 jours d’inconfort, de déshydratation, de poussière et de chaleurs, d’épuisement et de risque (je quittais le Burkina-Faso 48 heures avant le déclenchement de la révolution, en octobre 2014).
6/ Enfin, par un autre concours de circonstances, par le biais de ce qui se vit à l’issue des Parcours Alpha, je suis impliqué dans la réflexion, la formation et l’accompagnement des paroisses catholiques en « transformation pastorale », ce que le pape François appelle la « Conversion Pastorale ». J’ai là le sentiment d’être au cœur de l’éclosion de l’Eglise de demain en France, un chemin délicat et complexe, fait d’hommes, de familles, de jeunes, de vieux, aux histoires variées pleines d’espoir, de souffrances, de foi et de questionnements ! Des modèles existent, des paroisses en France sont en mouvement, des Communautés entières se mobilisent, et avec Alpha j’ai cette chance extraordinaire d’y participer, et d’y contribuer.
Voilà, vous connaissez un peu mieux le cadre de mon engagement. Vous comprenez un peu, sans doute, la passion qui le sous-tend, la joie et les satisfactions qui l’accompagnent.
Je crois que c’est cela que j’ai découvert, je vous souhaite de le découvrir aussi, chacun à sa façon.
Nicolas de Chezelles, IGA | |
Né en 1948, Nicolas de Chezelles a passé 17 ans dans les domaines techniques au sein du domaine international, principalement dans l’environnement de l’OTAN. Après 8 années à Bruxelles, il a passé ses dernières années à l’Etat-major des Armées, Conseiller du Major Général en matière internationale. Marié avec Aymeline depuis 45 ans, ils ont 6 enfants et 11 petits-enfants. En septembre 2008, cinq jours après avoir quitté l’Etat-major des Armées, il rejoint l’Equipe Nationale des Parcours Alpha. |
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