COHESION DU TISSU SOCIAL Jean-Marie PETITCLERC
Éditorial
Nous souhaitions parler du bénévolat depuis longtemps, tant ce sujet revient dans les conversations lorsqu’on parle de ce qui nous anime. Les motivations peuvent être variées, les engagements divers, mais si nous nous y engageons, c’est bien que nous y retrouvons quelque chose... ou nous-même.
Devant l’affluence des témoignages tous passionnants, nous avons choisi de limiter le champ de notre dossier à ce qui est le plus éloigné de nos compétences habituelles. Pas d’AACHEAr ni de 3AF ou autre Académie de Marine dans ce numéro, pas plus que de COMHArT ou COMAéro. Espérons que vous ne nous en tiendrez pas rigueur et que vous vous laisserez emmener un peu plus loin de vos bases.
De l’extérieur, on peut se demander pourquoi le bénévolat est si vivace. J’y vois trois raisons principales:
- il y a toujours des causes à soutenir : la liste en serait impossible à établir et les Français étant un peuple généreux... et querelleur, il s’en invente tous les jours de nouvelles. Mais ne serait-ce que pour protéger la veuve et l’orphelin, il y a de quoi faire ;
- les structures sont imparfaites ou déficientes : certaines causes ne pourraient pas être assurées par les services publics qui n’ont pas la réactivité suffisante et dont les besoins d’organisation s’opposent parfois à la générosité ; et si l’on regarde plus largement, toute organisation possède ses effets de bord, ses exclus dont il faut s’occuper autrement ;
- nous avons besoin de nous donner en participant à un service « gratuit » : c’est inscrit au cœur de chaque personne d’apporter sa pierre au monde, sous une forme ou une autre, et quelle joie quand on découvre comment faire. L’activité professionnelle peut en faire partie, et on peut souhaiter que chacun puisse répondre longuement à la question : « quand tu seras à la retraite, qu’auras-tu fait de bien ? » Mais elle en est parfois irrémédiablement éloignée. On peut alors s’engager en bénévole, et en retirer beaucoup, à tout âge. Cet appel intérieur, profond, est éminemment spirituel pour C.G. Jung qui le situe dans notre inconscient collectif ou imago dei. Pas étonnant qu’il prenne parfois une forme religieuse.
Si les ingénieurs de l’armement sont si engagés dans des actions de bénévolat, c’est sans doute qu’ils sont engagés par nature, pourrait-on dire. Servir en tant que militaire, pour son pays, témoigne d’une envie d’être utile à plus grand que soi. La multitude d’engagements qui émaillent ces pages invite à se laisser interpeller : dire « oui », se porter volontaire, cela s’apprend et c’est même contagieux. Et pour s’en convaincre, rappelons-nous qu’on retrouve dans le bénévolat l’adage du boxeur : « il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ».
J de Dinechin, rédac' chef
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